Téhéran, 21 février 1994. Homa Darabi, 53 ans, médecin et ex-professeur à l'université de Téhéran, mère de deux enfants, s'immole par le feu en plein milieu de la rue. On dit qu'avant de mettre le feu à son corps, elle aurait ôté son voile et crié : « A bas le despotisme ! Vive la liberté ! »
Ce suicide a suscité diverses réflexions sur la condition des femmes dans la République islamique d'Iran.
Cette mort par le feu n'est-elle pas l'image de l'enfer dans lequel vivent les femmes iraniennes ?
Si l'on considère la pression exercée constamment sur les femmes par le régime islamique, il est possible de comprendre le désespoir et le mal-être de la femme iranienne qui vit dans une société qui ne lui reconnaît plus sa place, ni son mot à dire, dans laquelle elle n'a même plus le statut d'être humain à part entière.
La question qui se pose alors est de savoir pourquoi les femmes iraniennes ont participé si activement et massivement au renversement du régime du Chah qui leur accordait des droits civils et politiques pour mettre en place un régime islamique, ne leur attribuant quasiment rien ?
Ce mémoire n'a pas pour prétention d'apporter une analyse nouvelle sur la situation actuelle des femmes en Iran. Il n'a pour objectif que de rendre un aperçu plus ou moins exhaustif sur le statut des femmes iraniennes tant dans la sphère privée que dans la sphère publique.
Cette étude est le fruit de la confrontation entre les écrits de divers auteurs iraniens ou non, et de divers témoignages de femmes iraniennes, célèbres ou non, ayant vécu longuement ou temporairement en Iran. J'apporterai également modestement mon propre témoignage sur le constat que j'ai pu effectuer lors de mes séjours en Iran sur certains aspects du statut des femmes*, de leur lutte pour l'égalité des sexes et pour le changement des valeurs dans une société à domination masculine, ainsi que des incohérences existant entre le statut « législatif » de ces femmes et leur statut « réel ».
Ces témoignages ont pour but de confirmer ou d'infirmer les idées préconçues sur le statut des femmes en Iran et surtout de démontrer le combat de ces femmes pour obtenir un statut égal à celui de l'homme et d'intervenir activement sur la scène sociale, éducative et culturelle, peut-être plus que jamais auparavant.
Cependant, il est nécessaire pour pouvoir comprendre la situation actuelle des femmes en Iran et leur lutte quotidienne, de revenir sur l'instauration de ce statut, les raisons qui ont poussé ces femmes à renverser la dictature du Chah, pour finalement instaurer à sa place « une dictature de l'idéologie islamique » et les raisons qui les poussent à l'heure actuelle à s'affirmer sur tous les pans de la scène sociale.
[...] Cependant, la police ne l'embarqua pas dans l'un de ces centres de détention. Ceci était tout simplement inconcevable quelques années plus tôt. Certes, je dois reconnaître qu'un important relâchement s'est opéré en matière de voile. Et j'ai pu voir dans la rue que les femmes osent plus facilement se maquiller ou porter des tenues islamiques plus frivoles, plus courtes, laisser plus facilement dépasser des mèches de cheveux. Mais cette liberté ne leur est jamais acquise, car la crainte d'un resserrement subite du régime plane dans tous les esprits. [...]
[...] De même, la femme dans le mariage temporaire n'est pas obligée de devoir obéissance à son mari comme la femme dans le mariage permanent. Son mari a un contrôle plus restreint sur elle. Ses activités sont moins limitées et elle n'a pas besoin d'autorisation pour les effectuer. Ainsi, elle n'a pas besoin de la permission du mari pour quitter la maison ou prendre un emploi. Par conséquent, la femme dans un mariage temporaire a un plus haut degré d'autonomie et de liberté individuelle, du moins en théorie. [...]
[...] Mais je pense ne pas pouvoir aller plus loin. Je n'ai aucun encouragement ni au travail, ni à la maison et pourtant j'aime mon travail à tel point que j'aurai souhaité en consacrer mon temps libre. Evidemment, cela n'est pas possible, car je dois m'occuper de mes enfants. A force d'être qualifiée d'égoïste par mes proches, j'ai dû abandonner mon projet personnel Les hommes pour justifier leur refus se fondent donc sur les traditions imposées par les autorités religieuses et politiques. [...]
[...] Ideology and resistance in Iran Zed Books, London p. - Azar Tabari and Nahid Yeganeh, In the shadow of Islam. The Women's Movement in Iran Zed Press, London p. - Elizabeth Warnock Fernea, Women and the Family in the Middle East. New voices of change University of Texas Press pp 255- p. Presse: - Iran Bulletin Spring 1995, pp. 23-26 ISSN : 0969-7462 - Conseil économique et social des Nations Unies : 50e session point 12 de l'ordre du jour E/CN.4/1994/NGO/40 23 février 1994 - Les cahiers de l'Orient. [...]
[...] Le 1er septembre 1993, Bahâreh Vejdani a été tuée d'une balle tirée à bout portant, alors qu'elle était en train de téléphoner dans une cabine publique. Motif des forces de l'ordre : ses cheveux dépassaient de son voile . Il est vrai que lorsque je me suis rendue pour la première fois en Iran, cette année-là, un climat de peur régnait chez les femmes. La plupart d'entre elles était loin de porter leur voile comme c'est le cas à l'heure actuelle. [...]
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