Les années 1960 constituent une décennie connaissant de nombreux mouvements sociaux, c'est-à-dire une action collective, une collaboration entre plusieurs agents sociaux, remettant en cause l'ordre établi. Le débat sur l'avortement, qui soulève indirectement la question de l'émancipation de la femme, en est la preuve. Il s'agit d'ailleurs de l'objet du texte que nous allons étudier.
Cet extrait d'article, Expertise scientifique et capital militant : le rôle des médecins dans la lutte pour la légalisation de l'avortement, écrit par Sandrine Garcia en 2005 et publié dans les Actes de la Recherche en sciences sociales relate les différentes phases de la lutte en faveur de l'avortement, ainsi que les procédés utilisés par les organisations œuvrant dans le sens de la légalisation.
Quels moyens mis en œuvre par un mouvement social peuvent participer à l'aboutissement de revendications ?
Après avoir résumé le texte, nous analyserons les stratégies employées par ces mouvements sociaux pour obtenir une réponse à leurs revendications, puis leurs limites.
[...] En pratiquant des actes illégaux, les médecins auraient pu perdre leur crédibilité auprès de la population. Pourtant, tel n'a pas été le cas. En effet, deux autres facteurs complémentaires ont contribué à gagner la lutte en faveur de l'avortement, ce qui a permis aux praticiens de ne pas se voir remis en cause. B. Le radicalisme et la technique militante Pour rendre compte de l'ampleur de l'enjeu, les associations telles que l'ANEA, le GIS, le MLAC ont utilisé deux techniques : le radicalisme et la technique militante. [...]
[...] Elle apparait également très réformatrice, dans la mesure où cette association est la première à prôner la décriminalisation de l'avortement ; ce qui signifie que cette opération ne serait plus passible d'arrestation. Cependant, l'ANEA se retrouve très vite en concurrence avec le Mouvement de Libération de la femme crée en 1970. Le MLF défend une position plus radicale, puisqu'il souhaite libéraliser l'avortement donc, sans condition - et gratuit. Bien que n'ayant ni notoriété, si soutien, le MLF va s'affirmer petit à petit, grâce à deux scandales médiatiques. [...]
[...] De même, les manifestations des années 1960 avaient pour but de libéraliser les mœurs, et donc de modifier les aspects de la société. Ainsi, un mouvement social peut être résolu grâce à des experts donnant une légitimité à la revendication, ainsi qu'a des techniques spécifiques à la contestation. Cependant, il est nécessaire que ces causes défendues soient reconnues et partagées par la majorité de la population. Effectivement, cela force le gouvernement à prendre les mesures nécessaires, puisqu'il se trouve alors dans l'incapacité d'ignorer les requêtes de ces citoyens. Le combat pour l'avortement a mobilisé de nombreuses associations au cours des années 1970. [...]
[...] Dans un premier temps, la technique militante permet de mettre en lumière les actions et les buts des différentes associations prônant la libéralisation ou la dépénalisation de l'avortement. Ces groupes, et notamment le GIS ou l'ANEA utilisent des arènes institutionnelles (selon l'expression d'Erik Neveu), c'est-à-dire un système organisé d'institutions, de procédures et d'acteurs dans lequel des forces sociales peuvent se faire entendre, utiliser leurs ressources pour obtenir des solutions aux problèmes qu'elles soulèvent. Dans le cadre de l'avortement, ces arènes institutionnelles sont la presse et particulièrement le Nouvel Observateur qui publie le Manifeste des 343, ainsi que les tribunaux, avec le Procès de Bobigny. [...]
[...] La présence d'experts Tout d'abord, la mobilisation des médecins sur la question de l'avortement joue un rôle majeur. Effectivement, les médecins disposent d'une légitimité certaine, dans le sens où leur image au sein de la société correspond à celle d'hommes cultivés et dotés d'un sens moral important. De ce fait, en luttant pour la légalisation de l'avortement, les médecins contribuent à modifier la vision d'une telle intervention : d'une pratique immorale et cruelle, l'interruption de grossesse se transforme en un acte légitime, permettant d'aider les femmes, tant au niveau psychologique (dans le cas d'une grossesse non désirée, après un viol, comme dans le cas du Procès de Bobigny) que physique (lorsque la santé de la femme est en danger). [...]
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