Le modèle français de laïcité est souvent présenté comme l'un des fondements de l'État français moderne; il est en effet l'aboutissement d'un processus de long terme qui marque encore aujourd'hui les rapports entre politique et religion. La révolution de 1789 écrit les prémices de cette laïcité : les articles 10 et 11 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, et la mise en place de la Constitution civile du clergé sont les premiers signes forts de l'histoire séculaire française qui s'écrit ensuite au XIXe siècle.
En quoi la spécificité française dans la résolution de cette tension implique-t-elle une remise en cause de la doctrine de 1905 ?
[...] Pour s'en convaincre, il suffit de s'intéresser aux rapports publiés par les commissions d'enquête parlementaires et par la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes). Ceux-ci n'hésitent pas à pointer du doigt explicitement certains mouvements religieux minoritaires comme des sectes. Cette dénonciation politique apparaît comme une véritable labellisation des croyances en France, loin de la neutralité totale prônée en 1905. La laïcité à la française : une laïcité monothéiste ? Ce constat nous amène à remettre en cause la signification réelle de la séparation faite en 1905. [...]
[...] Ces observations permettent de souligner la continuité du processus d'évolution de l'Etat moderne ; loin d'avoir abouti à une forme parfaite en 1905, la laïcité française a encore un long chemin à parcourir avant de garantir une pleine égalité des groupes religieux. Bibliographie GUILLET Nicolas, Liberté de religion et mouvements à caractère sectaire, Paris, LGDJ Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (MIVILUDES), Sectes et laïcité, Paris, La Documentation Française, 2005. [...]
[...] L'État et les sectes en France - la liberté de religion a-t-elle des limites ? Depuis l'apparition de l'État en France, ses rapports avec la religion ont toujours été sujets à discussions. Au-delà des guerres de religion et des massacres, la France est parvenue au terme de cette conflictualité à sanctifier la neutralité de l'État vis-à-vis des croyances par la loi de 1905. Cependant, dans de nombreux pays, l'apparition récente de mouvements religieux minoritaires, souvent désignés comme des sectes, amène ces États à requalifier leur rapport au religieux, entre libertés de croyance et sauvegarde de l'ordre public. [...]
[...] C'est en ce sens que des condamnations ont pu être prononcées par certains tribunaux français. Il est ainsi arrivé à plusieurs reprises que des mouvements perçus comme des sectes soient condamnés pour escroquerie. Un tel jugement respecte intégralement la volonté des juges de ne pas s'immiscer dans le domaine religieux ; il n'est jamais fait mention du caractère sectaire du groupe religieux condamné, seulement de l'illégalité de son action. C'est dans cette idée qu'a été votée en 2001 une loi créant un délit de manipulation mentale ; les sectes elles- mêmes ne sont toujours pas définies, mais le législateur cherche à encadrer leurs éventuelles actions illégales. [...]
[...] Au départ doctrine antireligieuse, la laïcité devient en 1905 un désengagement total de l'État de la sphère religieuse, reposant sur deux piliers : liberté de religion et neutralité de l'État. Les sectes, éléments perturbateurs de l'ordre laïc L'apparition rapide de nombreux mouvements religieux minoritaires au cours du XXe siècle est venue remettre en cause cette doctrine de neutralité. Au départ, le simple aspect minoritaire de ces religions ne contrevenait en rien au respect de cet ordre ; c'est dans les années 1990, suite aux premières affaires de pratiques sectaires avec mort d'hommes, que l'Etat tente d'appréhender le phénomène. [...]
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