« Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit ». L'article premier de la Déclaration universelle des droits de l'homme et du citoyen (DDHC) impose une réflexion nécessaire et essentielle. Le texte parle de l'« homme ». Il ne s'agit pas ici de citoyen, de nationalité déterminée ou autre groupe social organisé. Il s'agit de l'homme en tant qu'entité ontologique entière, déterminée et indépendante. Les droits de l'homme peuvent être entendus comme l'ensemble des prérogatives, gouvernées par des règles, que la personne détient en propre dans ses relations avec les particuliers et avec le pouvoir.
Le caractère universel de ces droits semble irrémédiablement attaché aux différentes déclarations. Aussi faut-il s'interroger sur ce caractère, l'interroger. L'universel semble être l'application des droits à l'homme.
Ces droits sont aujourd'hui présents dans les plus grandes déclarations de droit international. Le caractère universel s'en fait plus présent encore (Déclaration universelle des droits de l'homme). Il semblerait que ces droits sont partagés par la majorité des Etats et des populations. Mais le droit est-il universel par essence, en dehors de toute considération culturelle et sociétale, ou bien au contraire est-il naturel (applicable à l'homme) parce qu'il est la base originelle partagée par tous ? Ainsi s'oppose la vision française de la vision anglo-saxonne qui créa les droits fondamentaux comme protection des libertés individuelles (Déclaration américaine de 1776).
Reste que le constat est fait qu'aujourd'hui, et partout dans le monde, les droits de l'homme sont bafoués, inobservés, contredits. Paradoxalement, dans le monde occidental, le mot n'a jamais été aussi utilisé par les politiques, jusqu'à des excès qui s'éloignent dangereusement du juridique (droit au suicide, droit à l'amour).
Que devient alors la notion fondatrice d'universalité de ces droits ? Au regard de l'application juridique desdits droits dans les sociétés contemporaines, il semble qu'ils soient inégalement perçus, du moins inégalement appliqués. La diffusion des droits a-t-elle dissocié la notion de droits de l'homme de son principe universel ?
[...] La diffusion des droits a-t-elle dissocié la notion de droits de l'homme de son principe universel ? Il sera donc analysé ici comment prolifère un mouvement de contestation du caractère universel des droits de l'homme après avoir constaté qu'ils restent malgré tout profondément attachés à cette notion La persistance du caractère universel des droits de l'homme La consécration révolutionnaire des droits de l'homme leur a conféré le caractère universel. Cet attachement persiste avec leur diffusion La DDHC du 26 août 1789 : naissance et diffusion des droits L'élément le plus frappant, fondateur, et profondément révolutionnaire réside tout d'abord dans le langage, dans le texte. [...]
[...] Les droits de l'homme sont proclamés pour la première fois dans la DDHC de 1789. Ils ont été réaffirmés par le Préambule de la Constitution française de 1946 et de 1958. L'origine de ces droits est par conséquent indubitablement révolutionnaire. Elle est empreinte de la philosophie des Lumières et d'une volonté de protéger les libertés contre les pouvoirs en place. De Voltaire à nos jours, force est de constater que la notion a persisté. De toute évidence, elle ne revêt cependant plus la même symbolique ni le même sens. [...]
[...] Paradoxalement, nous l'avons également vu, une pensée s'est développée qui fait passer la culture nationale avant l'éventuelle universalité des droits. Ceci procède d'une pensée relativiste. Les droits de l'homme sont alors entendus comme une création simplement européenne. Ils seraient un produit marqué de la culture occidentale classique et l'un des vecteurs de l'impérialisme culturel et politique des démocraties libérales développées[12]. La multiplication des textes régionaux porte les droits à représenter une entité incompréhensible, vidée de son sens premier et ouverte à l'interprétation personnelle et relativisée. [...]
[...] Une fois le caractère universel décrété, les droits devaient se répandre dans toute l'Europe, puis dans le monde entier. La diffusion des droits En quittant leur pays fondateur (avec toute la contradiction que revêt se terme pour des droits considérés comme naturels et par consistant préexistant), les droits se sont internationalisés. La France était au XVIIIe le centre de l'Europe. Malgré les Etats-Unis naissants, l'Europe était alors le centre du monde culturel et intellectuel. Les philosophes des Lumières ont nourri un débat très profond parmi les intellectuels européens. Voltaire, Rousseau, Montesquieu sont autant d'exemples édifiants. [...]
[...] Ainsi Joseph de Maistre devait écrire dans ses Considérations sur la Francequ'il n'y a pas d'homme dans le monde. J'ai vu de Français, des Italiens, des Russes, mais quant à l'homme, je déclare ne l'avoir jamais rencontré de ma vie. On comprend alors la critique lapidaire de la doctrine marxiste qui voyait dans les droits de l'homme, derrière leur apparence immuable et universaliste, que des armes dont se dote la bourgeoisie capitaliste, déjà prédominante économiquement, pour arracher le pouvoir politique à la noblesse, et asseoir sa domination sur le peuple[11]. Les droits de l'homme dénaturés, simples outils politiques. [...]
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