Le principe de dignité humaine, aussi fondamental qu'il puisse paraître, a ceci de singulier qu'il se présente dans le discours juridique comme une "jeune vieille idée". C'est en effet un concept assez particulier au sens où même s'il a traversé l'ensemble des réflexions métaphysiques et politiques depuis l'Antiquité présocratique, son apparition sur la "scène juridique" est relativement récente, créant ainsi un décalage important.
Il faut bien admettre que la dignité humaine est une idée qui a été développée et systématisée avant tout par les philosophes, notamment avec Kant qui est considéré comme le théoricien le plus abouti sur cette question de la dignité humaine. En cela il a fondé un "statut ontologique" de l'homme dont se sont largement inspirées les sociétés occidentales modernes. Mais ceci étant, on ne doit pas omettre les différentes conceptions de la dignité humaine qui se sont construites auparavant, telles que la doctrine chrétienne de la personne humaine qui attribue à l'homme une valeur intrinsèque et inaliénable en raison de son origine divine. Sans retracer les étapes historiques de son évolution, on peut affirmer que ce principe de dignité humaine relevait fondamentalement de considérations philosophiques et religieuses car traiter de l'homme et donc de sa dignité supposait que l'on s'interroge sur l'existence ou non d'une nature humaine.
[...] La dignité humaine saisie par le droit Le principe de dignité humaine, aussi fondamental qu'il puisse paraître, a ceci de singulier qu'il se présente dans le discours juridique comme une "jeune vieille idée". C'est en effet un concept assez particulier au sens où même s'il a traversé l'ensemble des réflexions métaphysiques et politiques depuis l'Antiquité présocratique, son apparition sur la "scène juridique" est relativement récente, créant ainsi un décalage important.Il faut bien admettre que la dignité humaine est une idée qui a été développée et systématisée avant tout par les philosophes, notamment avec Kant qui est considéré comme le théoricien le plus abouti sur cette question de la dignité humaine. [...]
[...] L'Allemagne et la France peuvent tout à fait témoigner de cette idée, en dépit de certaines spécificités propres à leur système juridique respectif. S'agissant de l'Allemagne, on observe que la norme suprême de son ordre juridique, à savoir la Loi fondamentale de 1949, comprend une disposition révélatrice de cette consécration indérogeable du principe de dignité humaine. L'article 79 prévoit en effet, en son paragraphe l'interdiction expresse de remettre en cause l'article premier de la Loi fondamentale qui érige la dignité de l'être humain en principe intangible envisagé comme fondement de base de la communauté humaine.[2] Dès lors, la variété des droits fondamentaux reconnus par la Loi fondamentale trouve une source inébranlable en ce qu'ils forment les éléments composites d'un principe prétendu comme immuable.[3] Cette représentation de la dignité humaine et sa traduction dans l'ordre positif sont de ce point de vue plutôt comparable à celle dégagée par les Nations Unies dans sa déclaration universelle précitée dans la mesure où c'est la dimension "éthico- juridique" qui ressort de leur transcription positive. [...]
[...] C'est aussi l'ambiguïté de cette notion qui ne cesse de fluctuer entre la recherche de son unicité et son fonctionnement hétérogène. Ainsi son élaboration est complexe à appréhender, sa signification, sa portée, son régime juridique ne sont pas univoques, dès lors il ne s'agit pas tellement de dégager une synthèse décrivant son avènement sur le plan juridique, mais plutôt de s'interroger sur la stratégie de son utilisation car cela permettrait de mieux comprendre les enjeux majeurs qui s'y rattachent, tels que la représentation de la personne humaine dans le discours juridique.A cet égard, on dispose de plusieurs éléments qui peuvent éclairer notre analyse, ce sont essentiellement les textes nationaux ou internationaux pertinents, mais il y'a également une jurisprudence relativement récente qui a eu l'occasion de se prononcer sur cette question. [...]
[...] Leads for explaining western legal orders' infatuation with the human dignity principle", European University Institute Working Papers, 2007/37 Christopher McCRUDDEN, "Human dignity", University of Oxford Faculty of Law Legal Studies Research Paper Series, Working Paper, 10/ La différence tenant à ce que la doctrine sociale de l'Eglise prévoit un imperatif hypothéique tandis que la métaphysique kantienne repose sur l'impératif catégorique avec le respect de la personne comme fin en soi. C'est l'articulation des deux premiers paragraphes de l'article premier qui permet de dégager cette idée. On appelle aussi ce type de norme la clause dite d'éternité. Considerant 18. [...]
[...] Et c'est précisément cette imprécision qui peut expliquer l'apparition de la dignité humaine dans le discours juridique sous la forme de prémisse. Dans une certaine mesure, cette idée est liée au caractère éthique de ce principe car un tel principe, sorte de norme éthico-juridique, n'a pas pour vocation essentielle de fixer et de prédéfinir une orientation, une directive présentant un contenu bien précis. Et dans cet ordre d'idées, il en résulte que ce principe s'est affirmé dans le discours juridique comme un fondement normatif qui vient surplomber la sphère des droits et des libertés fondamentales. [...]
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