Droits reconnus et protégés par la puissance publique, les libertés publiques reflètent l'équilibre que la société assure entre les aspirations des individus et les exigences de la vie collective. La liberté, définie comme « l'état de celui qui fait ce qu'il veut et non ce que veut un autre que lui : elle est l'absence de contrainte étrangère » par Lalande, peut apparaître comme une chose allant de soi pour tout un chacun, mais qui, pourtant, subit quotidiennement des atteintes.
Ainsi, en droit français, comme dans la plupart des démocraties libérales, les droits et libertés des individus sont essentiellement garantis par les juridictions : par exemple, dans l'article 66 de la Constitution, le juge est présenté comme le gardien par excellence de la liberté individuelle. En effet, c'est la Constitution elle-même qui apporte aux libertés leurs premières garanties. Cette protection juridictionnelle s'opère tant de la part du juge judiciaire (cf « affaire Baudelaire »), que du juge administratif. Dans cet objectif de protection, le juge constitutionnel joue un rôle important et assez récent malgré une compétence initiale restreinte.
En effet, en 1958, le Conseil Constitutionnel apparaissait comme une institution modeste, uniquement vouée à vérifier que le législateur n'empiétait pas sur les prérogatives du gouvernement. Ce rôle d'arbitre lui a été notamment confié indirectement en ce qui concerne les libertés fondamentales, quand l'article 34 de la Constitution dispose que : « le législateur fixe les règles concernant…les libertés publiques. ».
Seulement, dans ce même domaine, le Conseil Constitutionnel a dépassé ce simple rôle d'arbitre pour s'ériger en véritable protecteur des libertés allant au-delà de l'Esprit des constituants : il occupe aujourd'hui une place centrale dans la régulation de la vie démocratique et la définition des droits fondamentaux.
C'est sa célèbre décision du 16 Juillet 1971, dite liberté d'association, qui inaugure ce nouveau rôle du Conseil Constitutionnel, non pas que ce rôle y soit décrit explicitement, mais en étendant son bloc de constitutionnalité (reconnaît la valeur juridique du Préambule de 1958= Préambule de 1946+DDHC de 1789) il a trouvé par là le moyen d'étendre ses compétences au départ fort réduites.
Il n'a alors eu de cesse d'étendre son corpus juridique en y découvrant différents principes (PFRLR, PPNT) et en faisant parfois preuve d'une certaine créativité (principes à valeur constitutionnelle et objectifs à valeur constitutionnelle).
Il est alors intéressant de s'interroger sur ce nouveau rôle que, on peut le dire, s'est véritablement octroyé le Conseil Constitutionnel : n'est-il pas allé trop loin dans sa volonté protectrice des libertés ? Mais, à côté de cela, ne peut-on pas considérer ce rôle comme légitime ?
De prime abord, on peut considérer d'emblée ce rôle comme louable, la constitutionnalisation des libertés étant le fruit d'une véritable garantie pour les citoyens en droit interne.
En premier lieu, cet exposé s'attardera, assez rapidement, sur le contenu et les moyens de la constitutionnalisation des libertés et le contexte dans lequel elle s'inscrit (I). Puis, on s'intéressera aux amples controverses que le nouveau rôle du Conseil Constitutionnel a soulevées et soulève encore (II).
[...] Ainsi, en droit français, comme dans la plupart des démocraties libérales, les droits et libertés des individus sont essentiellement garantis par les juridictions : par exemple, dans l'article 66 de la Constitution, le juge est présenté comme le gardien par excellence de la liberté individuelle. En effet, c'est la Constitution elle-même qui apporte aux libertés leurs premières garanties. Cette protection juridictionnelle s'opère tant de la part du juge judiciaire (cf. affaire Baudelaire que du juge administratif. Dans cet objectif de protection, le juge constitutionnel joue un rôle important et assez récent malgré une compétence initiale restreinte. [...]
[...] Au contraire, comme dit plus haut, l'idée de démocratie est modifiée, devenant davantage la chose des citoyens à travers l'action du Conseil Constitutionnel = démocratie constitutionnelle. Conclusion Quelle majorité, se réclamant de la tradition libérale oserait, après ce coup d'éclat, supprimer une institution dont l'efficacité pour la défense des droits de l'Homme, vient de s'affirmer ? Jean Rivero. Le Conseil Constitutionnel, faisant fi des accusations portées contre lui, a mis au centre de ses préoccupations la protection des libertés. Cet enracinement des droits fondamentaux en France traduit encore davantage le passage du légicentrisme à l'Etat de droit. [...]
[...] Articles de presse - Le Conseil Constitutionnel protecteur des libertés ? D.Loschak in Pouvoirs 13. - Robert Badinter défend le rôle du Conseil Constitutionnel Points de vue, Le Monde du 23 Novembre 1993. - Les cahiers français D.Rousseau 300. [...]
[...] Ainsi le Conseil Constitutionnel a mis les libertés fondamentales au sommet de l'édifice étatique. Révision constitutionnelle du 29 Octobre 1974 a étendu la saisine du Conseil Constitutionnel à 60 députés ou 60 sénateurs, ce fut un véritable levier : seule extension du bloc de constitutionnalité n'aurait pas suffi à modifier le rôle du Conseil Constitutionnel. La nécessaire protection des libertés contre la loi est devenue en France une réalité. Cette réalité s'est concrétisée par l'extension exponentielle du bloc de constitutionnalité aux droits et libertés au travers des décisions du Conseil Constitutionnel : on peut dire que le juge constitutionnel s'est créé une véritable charte jurisprudentielle des libertés. [...]
[...] Par ailleurs, au delà du seul rôle du Conseil Constitutionnel existe une protection internationale des droits et libertés : Convention Européenne des droits de l'homme, Pacte des droits civils et politiques de 1966 libertés ont une valeur universelle. Cette évolution a influencé la notion même des libertés en droit : auparavant on parlait de libertés publiques (terme utilisé dans la Constitution dans son article 34 aujourd'hui on préfère le terme libertés fondamentales Ceci est une illustration, entre autres de l'importance de leur protection par le juge constitutionnel, leur constitutionnalisation les détache de l'emprise des pouvoirs publics, elles deviennent alors fondamentales. [...]
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