L'accent mis depuis quelques années sur les droits de l'Homme dans la vie nationale et internationale amène à se demander si cette exigence du respect des libertés fondamentales proclamées par la Déclaration universelle de 1948 est partout ressentie de la même manière.
Historiquement, l'Islam est la troisième grande religion monothéiste, après le judaïsme et le christianisme. Le Coran, révélation divine transmise au prophète Mahomet par l'archange Gabriel, ne date en effet que du VIIe siècle de notre ère.
Chaque civilisation a pris conscience à sa manière et graduellement, de la notion de personne humaine, de ses droits et de ses devoirs, au fur et à mesure que l'emprise de la loi domina le désordre des appétits et ressentiments individuels. Comment l'Islam assure t-elle la protection des droits de l'homme ? La conception islamique des droits de l'homme est-elle compatible avec celle prônée par les autres instruments internationaux de protection?
La réponse à cette question par l'étude des sources arabo-islamiques de proclamation des droits de l'homme (I), ainsi que la difficile compatibilité de la conception musulmane des droits de l'homme avec les autres instruments internationaux de proclamation (II).
[...] KTISTAKIS (Yannis), La loi sacrée de l'Islam et les citoyens grecs musulmans, Athènes/Thessalonique, Ed. Sakkloulas p. MAHIOU (Ahmed), Charte arabe des droits de l'Homme”, in : L'évolution du Droit international. Mélanges offerts à Hubert Thierry, Paris : Pédone pp. 305-320. MAYER (Ann Elisabeth), “Universal versus Islamic Human Rights: a Clash of Cultures or a Clash with a Construct Michigan Journal of International Law, vol.15, Winter 1994, pp. 307-404. MAYER (Ann Elisabeth), Islam and Human Rights: Tradition and Politics, Boulder : Westview Press & London : Pinter Publishers 2nd ed p. [...]
[...] En réalité, il semble que les choses ne soient pas si simples. Il y a en effet deux façons d'appréhender le Coran. L'une, qui correspond à l'attitude intégriste, consiste à le suivre à la lettre, et à adopter le modèle de société qu'il proposait aux hommes du VIIe siècle. L'autre, qu'ont peut qualifier d'évolutionniste retient au contraire une lecture plus critique du livre sacré, et s'attache à en dégager la part d'éternité obscurcie par un langage daté, afin d'en respecter l'esprit. [...]
[...] On trouve dans le Coran un nombre non négligeable de règles juridiques. Elles portent essentiellement le droit de la famille (mariages et successions) et sur le droit pénal. Or elles se heurtent à quatre reprises la conception occidentale des droits de l'homme, en limitant la liberté religieuse, en affirmant la supériorité de l'homme sur la femme, en autorisant l'esclavage, et en édictant des sanctions pénales portant atteinte à l'intégrité physique des condamnés. Au terme de ce rapide examen du Coran, il est donc possible d'affirmer que la stricte application de la Charia est incompatible avec le respect des droits de l'homme tels que les occidentaux le conçoivent. [...]
[...] Quatrième et dernier instrument régional de proclamation des droits de l'homme, la Charte n'est pas encore en vigueur (sept ratifications sont requises). S'ouvrant par la reconnaissance du droit des peuples à disposer d'eux- mêmes, la Charte est, prima facie, d'une architecture classique. On retiendra que sont proclamés non seulement les droits civils et politiques habituels mais aussi le droit d'asile (article certains droits économiques, sociaux et culturels (droit au travail), et le droit des minorités en matière culturelle et religieuse (article 37). [...]
[...] Ils croient possible de dégager un esprit de la Charia qui serait différent de sa lettre, et dont les principes s'accorderaient avec le respect de la conception occidentale des droits de l'homme. Cet effort d'interprétation n'est nullement condamné par la Charia. Bien au contraire, celle-ci semble l'encourager puisque le Coran ordonne aux hommes de lire et d'écrire, bref de réfléchir, afin de s'approcher de Dieu. L'encre de l'étudiant est plus sacrée que le sang des martyrs aurait notamment dit Mahomet, signifiant par là qu'une foi raisonnée est préférable au fanatisme. [...]
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