« Pour vivre heureux, vivons cachés », nous assène le dicton. Selon l'adage populaire, le bonheur est posé comme accessible dans l'unique sphère privée, non seulement loin du regard des autres, mais à proprement parler dérobé de leur champ de vision. Il nous faut alors vérifier la crédibilité et la vérité d'un tel proverbe : peut-il s'appliquer universellement aux hommes ?
En d'autres termes, le bonheur est-il une affaire privée et, le cas échéant, n'est-il qu'affaire privée ?
[...] Revenons désormais à la question du droit des autres envisagés dans une perspective sociale. J'ai en effet le devoir de contribuer au bonheur de la société étant donné qu'elle contribue elle aussi, jour après jour, au mien. Qui plus est, et comme nous l'avons énoncé plus haut, il est normal, c'est-à-dire comme une caractéristique relevant d'une norme morale, que l'homme contribue à la société dans la mesure où, tout au long de sa vie, il fait partie intégrante de cette dernière et en est dans le même temps un des composants. [...]
[...] Quelle image en a-t-il ? Il semble que, pour tout un chacun, le bonheur se résumerait d'abord et avant tout au plaisir, et plus généralement aux plaisirs, entendus comme l'accomplissement des désirs ; en somme, une satisfaction solide sur tous les plans de sa vie (professionnelle et amoureuse entre autres). Ceci fait, lorsque le sens commun s'intéresse à la question posée, il introduit une nouvelle dimension comme élément de réponse : la dimension spirituelle. En effet, si l'on s'en fixe aux biens que constituent une maison, une voiture, etc., le bonheur paraît être atteint, mais c'en serait oublier le bonheur spirituel ou psychologique. [...]
[...] Certes, le sens commun a raison sur un point : la distinction qui existe entre spirituel et matériel, en particulier sur le fait de tenir compte des biens matériels. Cette distinction est d'ailleurs véhiculée, sous une autre forme, par certaines philosophies ascètes, notamment le bouddhisme, qui prêche le renoncement aux désirs, aux passions, dont le matériel fait partie ; l'objectif étant d'arriver au Nirvana, c'est-à-dire une sorte de paix intérieure qui s'apparente, selon ces philosophies, au bonheur. Notons qu'en réalité cette paix intérieure est une non-souffrance. Or, le bonheur est par définition une présence et non une absence de. [...]
[...] Là émerge donc la seconde limite. L'État en tant que tel ne peut pas rendre chacun de ces concitoyens heureux, car cette finalité paraît sinon absurde, tout du moins irréalisable : il faudrait lisser les divergences personnelles quant au regard posé sur le bonheur. Franklin souligne par conséquent le fait que l'État a le devoir de nous donner les clefs pour accéder au bonheur ; en somme, il nous permet d'être heureux, mais ne nous rend pas heureux, car il ne le peut pas. [...]
[...] Le bonheur est-il affaire privée ? Pour vivre heureux, vivons cachés nous assène le dicton. Selon l'adage populaire, le bonheur est posé comme accessible dans l'unique sphère privée, non seulement loin du regard des autres, mais à proprement parler dérobé de leur champ de vision. Il nous faut alors vérifier la crédibilité et la vérité d'un tel proverbe : peut-il s'appliquer universellement aux hommes ? En d'autres termes, le bonheur est-il une affaire privée et, le cas échéant, n'est-il qu'affaire privée ? [...]
Bibliographie, normes APA
Citez le doc consultéLecture en ligne
et sans publicité !Contenu vérifié
par notre comité de lecture