« Contre l'idée rassurante d'un droit unitaire et homogène, dont l'harmonie, la rigueur, la tranquillité et la quiétude ne seraient affectées que par des crises, contre cette idée, il m'a semblé depuis longtemps qu'il fallait prendre acte de l'hétérogénéité et de la dispersion des formes normatives. Et tenter de penser le droit, à la fois, dans sa discontinuité et sa complexité essentielle de ses mécanismes propres de signification. » Cette affirmation doit pousser tout Africain à la réflexion. Une réflexion qui le conduira dans les méandres de l'existence du Noir mais aussi de toute l'existence des communautés africaines, un vrai chaos du point de vue social, culturel et surtout juridique. Cette situation est le résultat de la colonisation, qui a favorisé la perte des traditions africaines car les Européens n'ont pas compris ou ont refusé de comprendre les valeurs traditionnelles et l'esprit du Noir. En effet, l'Afrique a perdu son âme et cette âme fut remplacée par une nouvelle : celle de l'Occident. Ce remplacement n'a pas donné les résultats escomptés et a créé un hybride : mi-Occidental, mi-Africain. Cette situation a parfois conduit les Africains à ignorer leurs réalités culturelles et traditionnelles. Pourtant, les traditions africaines avaient un système particulier de gestion sociale encadré par un système juridique propre à l'Afrique. Ce système juridique a construit au fil du temps sa philosophie du procès, sa dogmatique, son modèle de jugement, son architecture d'organisation, ses pratiques procédurales, ses savoirs professionnels, ses mœurs et son éthique collectif, ses principes fondamentaux, tous éléments qui constituant sa mémoire, évoluent avec le temps selon des influences contextuelles, politiques, économiques, sociales, culturelles, endogènes ou exogènes, et d'où se dégage, en définitive, pour ses acteurs, une image précise et résistante comme un pli indélébile de la conscience collective.
[...] (éditionselectroniques) BRUNSCHWIG Henri, Noirs et Blancs dans l'Afrique noire française ou comment le colonisé devient le colonisateur, 1870-1914, Paris : Flammarion p. CAMARA Fatou Kiné, Pouvoirs et justice dans la tradition des peuples noirs, L'Harmattan, Etudes africaines, Paris : p. CARBONNIER Jean, Sociologie juridique, Paris : PUF, coll. Thémis 423p. CASTORIADIS Cornélius, L'institution imaginaire de la société, Paris : Seuil 502p. CONAC Gérard, (dir.) Dynamiques et finalités des droits africains, Paris : Economica 509p. COQUERY-VIDROVITCH Catherine, Histoire des villes d'Afrique noire. [...]
[...] Mais ce rejet de la justice provient aussi du fait que les décisions rendues, les sanctions prononcées n'ont rien à voir avec les valeurs africaines et sont incompréhensibles, voire inacceptables pour l'indigène. Ce dernier se sent lésé par la justice indigène. Pour se protéger, l'indigène revient aux fondements de sa justice, la justice traditionnelle. Ainsi, DESCHANEL confirme cette situation : on note un regain à l'égard des arbitres clandestins ou occultes : les sorciers, les fétiches, les jugements d'ordalies, quand ce n'est pas le retour à la loi du talion ou à la guerre des clans. [...]
[...] DELAFOSSE Maurice, Les nègres, Paris : Rieder 80p. DIOP Abdoulaye-Bara, La société wolof. Tradition et changement. Les systèmes d'inégalité et de domination, Paris : Karthala 355p. DOISE Willem et PALMONARI Augusto (dir.), L'étude des représentations sociales, Neuchâtel :Delachaux et Niestlé 207p. DURAND Bernard (dir.), La justice et le droit : instruments d'une stratégie coloniale, Montpellier document polycopié de l'UMR "Dynamiques du droit", 1220p. DURAND Bernard, Histoire comparative des institutions, Dakar : NEA 405p. DWORKIN Ronald, Prendre les droits au sérieux, Paris : PUF, coll. [...]
[...] Ce sont les modalités de règlement des conflits propre aux sociétés traditionnelles africaines. Concernant l'ordre public colonial, elle a pour fondement la théorie de l'ordre public colonial, élaborée par Henry SOLUS.7 Fondé sur la mission civilisatrice, il englobe les règles morales, juridiques et économiques. Tout ce qui est contraire ou de nature à compromettre le développement économique et social de la colonie. De ce fait, l'ordre public colonial est influencé par, d'une part par la conjoncture politique et économique coloniale, et d'autre part, par les objectifs changeants des pouvoirs publics. [...]
[...] »Cette conception perd tout son caractère véridique dans un espace colonisé. CHAPITRE II : LE CONTROLE DES CHATIMENTS PAR LE POUVOIR COLONIAL 39 A.R. RADCLIFFE-BROWN, Structure et fonction dans la société primitive, op.cit., p.201 Ibid. P Norbert ROULAND, Les modes juridiques de solution des conflits chez les inuit, Etudes Inuit/ studies, vol.3, numéro hors-série p Norbert ROULAND, Introduction historique au droit, Paris: PUF p.12. Coll. : Droit fondamental, droit politique et théorique Le droit est l'ensemble des règles de conduite humaine, édictées et sanctionnées par l'Etat et destinées à faire régner dans les relations sociales, l'autorité et la liberté. [...]
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