Théorie du droit, Orestie, Eschyle, Invention du droit, justice, premier procès, aufhebung, François Ost, Paul Ricoeur, méta-niveau de justice, le Conseil des Cinq-Cents, réformes d'Ephialtès, justice du talion
En soutenant que l'ordre juridique n'est autre qu'une « tragédie la plus excellent », Platon s'inscrit en quelque sorte dans un courant « droit et littérature » non encore existant puisque ce dernier a été créé par John Henry Wigmore au début du XIXe siècle. De fait, Platon par là même met en lumière toute la puissance proprement « constituante » de l'imaginaire littéraire conçue comme une source à part entière des montages politiques et des constructions juridiques. Il s'agit selon ce dernier d' « enchanter la loi » de façon à ce qu'elle soit aimée et que par là même elle soit respectée et obéie. Par conséquent, au sens de Paul Ricoeur, la narration se trouve à mi-chemin entre la description et la prescription, elle apparaît alors comme un foyer de la raison pratique et réaménage sans cesse le réel pour lui insuffler des possibilités de sens à la hauteur des valeurs que le récit a libérées. Ainsi, si les juristes classiques s'accordent à penser que Ex facto ius oritur (« le droit surgit du fait »), il serait plus exact de dire : Ex fabula ius oritur (« le droit s'origine dans la fiction »).
[...] De fait, dès les premières lignes d'Agamemnon que les Olympiens dépêchent aux coupables l'Erinye vengeresse (v.58- 59). De surcroît, Apollon lui-même rappelle l'efficacité des sanctions appliquées par les vengeresses. C'est d'ailleurs ce même Apollon qui dans son rôle de vengeur va devenir l'allié objectif des Erinyes tant il y a convergence d'intérêts à l'heure de venger la mort d'Agamemnon. Cependant, une fois cette mort vengée, le matricide commis et Oreste poursuivi par les Erinyes, le conflit théologique est devenu inévitable dès lors qu'Apollon complice d'Oreste refuse une fois sa mission accomplie de laisser Oreste seul assumer la responsabilité de ses actes et donc de livrer ce dernier aux Erinyes. [...]
[...] Elle incarne donc à la fois le crime, ses antécédents les plus reculés et ses conséquences les plus lointaines. Dans les Choéphores se confirme l'enseignement d'Agamemnon puisque l'intrication des causalités humaines et divines, l'entrelacement des motivations naturelles et surnaturelles ne cessent de se renforcer. Ainsi Oreste invoque l'ordre de Loxias pour expliquer son dessin vengeur, mais il ajoute aussitôt que tant de désirs visent au même but Quant à Clytemnestre bien qu'elle invoque le destin pour excuser son forfait, Oreste lui rappelle ses motivations plus personnelles (coup d'État, affection coupable pour Egisthe). [...]
[...] Par conséquent, aux termes de Y. Barel[6], la polis ne demande pas à la vieille vengeance lignagère de capituler. Elle lui demande de s'adapter à la nouvelle méta-règle du jeu en devenant une forme de crainte plus civique Ainsi, il s'agit d'analyser dans un premier temps dans quelle mesure le procès d'Oreste, en substituant à la loi du talion un tribunal humain, invente la justice et constitue donc une révolution pour dans un second temps voir en quoi, cette révolution n'est possible que par un aufhebung au sens d'Hegel soit une transformation par le dépassement de ces valeurs anciennes qui permettent l'accès de la cité à un méta-niveau de justice (II). [...]
[...] Ainsi, les tragédiens et Eschyle a fortiori font émerger une certaine responsabilité individuelle dans le but de rendre le procès et l'avènement de la justice possible. Dans cette optique, les tragédiens encore une fois accompagnent les réformes de leurs temps. De fait, à Athènes, les lois criminelles de Dracon prenaient d'ores et déjà en compte la responsabilité individuelle et la modulaient en tenant compte des intentions de l'accusé. Toutefois, il ne faudrait pas voir en ces réformes juridiques une conception de la volonté tout à fait autonome. [...]
[...] On ne reviendra pas sur le rejet du serment décisoire duquel il a déjà été fait mention. Toutefois, il convient de souligner encore une fois l'importance réelle de cette phrase prononcée par Athéna Je dis que par serments l'injustice ne doit pas vaincre qui marque véritablement pour François Ost, le tournant de la trilogie. De fait, il apparaît qu'aussitôt rejeté, le serment réapparaît sous une nouvelle forme, mobilisée cette fois-ci au profit de la justice. Dans un premier temps il consacre l'institution du tribunal. [...]
Bibliographie, normes APA
Citez le doc consultéLecture en ligne
et sans publicité !Contenu vérifié
par notre comité de lecture