En réalité, on montrera que si la différence est au fondement même de la nécessité du Droit, une différence, en soi, ne peut en aucun cas fonder, i.e. justifier, un droit individuel particulier, si bien que le Droit ne peut connaître que des hommes égaux, au-delà de leurs différences.
Le droit institue un équilibre, en cela qu'il fige un certain nombre de règles régissant les rapports entre les individus. Il est dès lors apparent qu'il peut être instrumentalisé pour transformer une inégalité de fait en une inégalité de droit...
[...] Ainsi, ce qui doit nous toucher, c'est bien plus nos ressemblances, notre commune humanité que nos différences. Le principe de laïcité est un bon exemple d'un tel principe de droit, fondé davantage sur une ressemblance laïque renvoie étymologiquement au terme grec laos qui rappelle à l'unité du peuple) que sur une dissemblance : la séparation des Eglises et de l'Etat, la neutralité confessionnelle de l'Etat de droit, en ne privilégiant aucune croyance par rapport à une autre, aboutissent en effet à promouvoir une intégration républicaine par la ressemblance plutôt que par les différences. [...]
[...] C'est donc bien notre ressemblance (notre humanité) bien plus que nos différences qui fonde nos droits. Il existe, de plus et de toute manière, un danger certain à reconnaître des droits fondés sur une seule différence, puisque cela revient à autoriser l'individu, ou le groupe, concerné à faire valoir ce droit devant la Justice. Dès lors, il n'y a plus qu'un pas avant d'affirmer que l'individu aurait intérêt à se sentir différent, puisque dès lors que cette différence sera reconnue par la communauté il pourra en retirer des droits, et par-là, éventuellement, des bénéfices. [...]
[...] C'est en effet la chose commune (res publica), le Droit public, bien plus que nos différences, dont l'affrontement est régulé par le droit privé, qui détermine nos droits. Plus que des droits, la différence fonde ainsi avant tout le devoir : le devoir de respecter la différence d'autrui, et le devoir d'assumer ma liberté avec responsabilité, car, comme l'affirme avec force Emmanuel Kant, un droit est recht ou unrecht selon qu'il est conforme ou contraire au devoir (Introduction à La métaphysique des mœurs). [...]
[...] un traitement juridique particulier ? L'ambiguïté tient aussi au verbe fonder lui-même : s'agit- il de se demander sur quoi le Droit est-il établi ou à quelle condition un individu est-il ou non fondé d'exiger juridiquement un droit ? En réalité, on montrera que si la différence est au fondement même de la nécessité du Droit, une différence, en soi, ne peut en aucun cas fonder, i.e. justifier, un droit individuel particulier, si bien que le Droit ne peut connaître que des hommes égaux, au-delà de leurs différences. [...]
[...] Dès lors, il est manifeste qu'une différence non dépassable (un rapport de forces inégal par exemple) intervenant dans la sphère publique fonde la nécessité du Droit. Dès lors, la différence fonde la nécessité du Droit au moins à trois égards : un renversement de rapport de force, une volonté commune de définir une frontière commune entre sphère publique et sphère privée et, enfin, un déplacement, précisément, de cette frontière. Il convient cependant de distinguer le Droit des droits, et de noter qu'en aucun cas la différence ne peut fonder, i.e. justifier en soi, un droit. [...]
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