Le thème de chacun des ouvrages est l'analyse du système juridique français actuel. Le constat de l'importance de ses failles, à l'origine d'une certaine inefficacité ou d'un manque d'harmonie avec la société actuelle.
M. Cohen-Tanugi, cependant, outre un constat, par sa comparaison avec le système américain, repense globalement le système juridique dans le sens du perfectionnement en visant la régulation de la société, ce qu'on ne trouve pas dans l'ouvrage de M. Carbonnier.
Mais les limites du modèle américain permettent-elles d'en faire un véritable modèle pour la France ? Ne faut-il pas mieux rester dans une logique plus française comme M. Carbonnier?
La critique du système juridique actuel français aboutit à mettre au jour ses lacunes, et principalement celle de l'inflation du droit, dans l'un comme dans l'autre ouvrage.
M. Cohen-Tanugi comme M. Carbonnier s'accordent sur le fait que c'est moins la quantité que la qualité du droit qui importe et ce dernier en fait une des causes majeures des problèmes de fonctionnement du système juridique français : il manque au droit français selon lui une dynamique d'ensemble. L'inflation est due pour M. Carbonnier à la bureaucratie excessive, ce qui engendre le phénomène dénoncé par M. Cohen-Tanugi d'excès du droit étatique par rapport au droit contractuel. Ce dernier l'impute toutefois plus à un lien trop étroit entre droit administratif et appareil d'Etat : la régulation est faite par le sommet au lieu de satisfaire les revendications particulières (ce que dénonce également M. Carbonnier quand il parle d'insuffisance d'indépendance du Conseil d'Etat défavorable aux intérêts privés.
[...] Laurent Cohen- Tanugi a cherché à se détacher des "enjeux politiciens" de sa réflexion en adoptant une vision outre-Atlantique de la réalité hexagonale. Mais cette lecture du système français à travers le filtre du modèle américain est limitée : l'auteur reconnaît lui-même : "Ma lecture de la France est partielle puisqu'elle se dessine en négatif du système américain". En posant a priori la supériorité américaine, les particularités du système français sont souvent laissées de côté. Les imperfections de "l'Etat de droit à la française", relativement à l'Etat de droit américain, peuvent être aussi les fruits d'une nécessaire adaptation à la "culture politique à la française". [...]
[...] Hoffman), et Laurent Cohen-Tanugi signe un véritable plaidoyer pour le libéralisme et explique que, pour lui, "moins d'Etat doit signifier davantage de droit". Jean Carbonnier est un éminent juriste. Agrégé de droit, professeur à la Faculté de Poitiers (1937-1955), puis à l'Université de Droit de Paris (1955-1976), doyen honoraire, il a écrit de nombreux ouvrages de référence ainsi que des essais comme une Introduction au droit civil (1955), Flexible droit, Pour une sociologie du droit sans rigueur (1969), Essais sur les lois (1979), Coligny ou les sermons imaginaires (1982), Sociologie juridique (1994) et Droit et passion du droit. [...]
[...] Cohen-Tanugi d'excès du droit étatique par rapport au droit contractuel. Ce dernier l'impute toutefois plus à un lien trop étroit entre droit administratif et appareil d'Etat : la régulation est faite par le sommet au lieu de satisfaire les revendications particulières (ce que dénonce également M. Carbonnier quand il parle d'insuffisance d'indépendance du Conseil d'Etat défavorable aux intérêts privés. Pour M. Carbonnier, l'inflation du droit communautaire aggrave encore celle du droit français. Ce problème de l'introduction du droit étranger en France est évoqué par les deux auteurs, mais ce que soulève M. [...]
[...] Cette évolution suppose le dépassement de "l'Etat de droit à la française", qui voit dans la soumission de l'Etat au droit l'avancée la plus extrême de l'empire du droit. Droit et passion du droit Le droit semble limité par la constitution de 1958 dans la mesure où celle- ci définit ses sources écrites : la nouvelle répartition des compétences établies par les articles 34 et 37 et créant loi et règlement est en effet chargée d'adapter au nouveau régime les différentes façons de produire le droit. [...]
[...] La jurisprudence en général s'est en effet beaucoup accrue depuis 1958 et se trouve encore amplifiée par le rôle jurisprudentiel de la Cour de Cassation et du Conseil d'Etat depuis 1987 et 1991. Le Conseil d'Etat est en effet clé de voûte du contrôle de constitutionnalité et de légalité des décrets. Les missions assignées par le Code napoléonien se trouvent ainsi dépassées de plusieurs façons mais aussi renforcées avec par exemple leur rôle consultatif (l'informatique a d'ailleurs également contribué au poids grandissant de leur influence). [...]
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