La Justice en ses temples : regards sur l'architecture judiciaire en France, préface - Robert Badinter (1992)

Extraits

[...] La justice ne doit pas s'effacer derrière une architecture banalisée, taisante, elle doit retrouver « une monumentalité propre », rendant visible ses missions principales. Ainsi que le rappelle Bernard Huet, architecte : « la république a été très soucieuse de donner une image des valeurs républicaines l'image publique du bâtiment est essentielle ». IV. Quel rôle pour les architectes ? Dans ce cas, quel rôle pour les architectes ? Quels choix ? Utopiquement peut-on croire à un palais de justice idéal ? Ou peut-on au moins avancer quelques pistes ? [...]

[...] La question se pose donc dans un premier temps de filmer, puis dans un second temps de diffuser. Deux questions distinctes. Il n'est en effet pas question de se calquer sur un « modèle américain » où les procès télévisés « en direct » attirent toujours et de plus en plus de téléspectateurs (à garder en mémoire l'affaire ultra médiatique du procès de l'ancien jouer de football américain OJ Simpson en 1995 conduisant à « l'un des plus grands cirques médiatiques jamais vus »). Passée cette discussion, l'auteur revient également sur un constat : les textes qui codifient la justice ne permettent hélas pas de révéler « sa fonction symbolique à la fois éthique et politique au sein d'une société ». [...]

[...] La Justice en ses temples : regards sur l'architecture judiciaire en France, préface - Robert Badinter (1992) La préface signée de Robert Badinter revient sur le caractère symbolique de la justice, ses édifices, et bien sûr soulève à travers ces prismes de nouvelles réflexions sur la Justice et ses aspirations profondes. Rappelons qu'elle préfigure à l'ouvrage collectif « la Justice en ses temples » (1992), commanditée sur initiative de l'Association pour une histoire de la justice. Cette préface rappelle parfaitement l'ambition de l'ouvrage lui-même : mettre en évidence, porter à la connaissance générale, une partie de l'histoire de l'art un peu laissée de côté et ainsi aborder les prémices d'une histoire de l'architecture judiciaire. [...]

[...] Le palais de justice est désormais indépendant, et non plus rattaché à une enceinte royale ou municipale, traduisant le principe consacré de séparation des pouvoirs. La justice se retrouve au-dessus (surélevée, marches), dominante, en signe de maitrise des passions et de résolution des conflits au sein de la Cité. La symbolique extérieure prévaut également à l'intérieur, instituant la primauté du juge et une certaine mise à distance du justiciable (même si dans certains cas la communication orale peut s'en trouver affectée). Il n'y est plus question de confidence, mais de déclaration de par la disposition des salles d'audience. [...]

[...] « C'est trop petit, on se pile sur les pieds. Le vestiaire des avocats ne peut accueillir plus de deux avocats à la fois, c'est trop petit ; la cellule pour le tribunal de la jeunesse est tout à fait inadéquate. On retrouve parfois 6 ou 7 jeunes en même temps puisqu'ils doivent comparaitre le matin, alors qu'elle mesure environ 6 pieds par 10 pieds de large, avec une toilette à la vue de tous les jeunes au milieu de la cellule ». [...]