"Si la justice disparaît, c’est chose sans valeur que les hommes vivent sur terre", de Kant (Métaphysique des mœurs, Doctrine du droit, II, section 1)

Khoudi N.

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"Si la justice disparaît, c’est chose sans valeur que les hommes vivent sur terre", de Kant (Métaphysique des mœurs, Doctrine du droit, II, section 1)

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« Si la justice disparaît, c'est chose sans valeur que le fait que les hommes vivent sur terre », Kant, Métaphysique des mœurs, « Doctrine du droit », II, section 1. Cette affirmation nous pousse d'emblée à envisager le rôle central de la justice, à la fois comme sentiment et comme institution, dans la vie humaine. Kant soutient en effet que la justice est ce qui confère sa valeur à l'existence.
Il semble ainsi que l'institution judiciaire est garante de la société au sens où elle assure la pérennité des relations sociales, empêche la guerre permanente et par là même confère une valeur à la vie sur terre. Mais cela implique l'idée d'un Homme foncièrement mauvais, alors que la nature humaine est bien plus complexe et bien plus riche. Ne faut-il pas plutôt envisager la disparition de la justice comme la conséquence de l'avènement d'une société meilleure, d'une « société idéale » ?
Auquel cas, l'existence humaine prend tout son sens et toute sa valeur. Une difficulté apparaît toutefois : "société" et "idéale" sont deux termes antinomiques. L'avènement d'une société utopique est-il vraiment souhaitable ? Le problème se pose donc encore avec acuité. La disparition de la justice implique-t-elle nécessairement une vie humaine sans valeur ?

Sommaire

Dans Politique, Aristote envisage la justice comme un moyen permettant l'avènement du bonheur, de la société heureuse, de la philia politique
Peut-être faut-il voir la disparition de l'institution judiciaire comme le résultat d'une société idéale, d'une société utopique ?
''Si la justice disparaît'', c'est l'humanité qui disparaît. Et si l'humanité disparaît, ''c'est chose sans valeur que le fait que les hommes vivent sur terre''

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Extraits

[...] Nous avons alors cru bon d'analyser une société idéale qui n'aurait pas besoin de l'institution judiciaire mais là encore, notre argumentation n'a pas tenu à la critique. Il faut donc repenser l'affirmation de Kant Si la justice disparaît, c'est chose sans valeur que le fait que les hommes vivent sur terre Si la justice disparaît c'est l'humanité qui disparaît. Et si l'humanité disparaît, c'est chose sans valeur que le fait que les hommes vivent sur terre Il faut, en effet, comprendre la justice comme un sentiment moral profond qui fonde l'humanité. [...]

[...] La disparition de la justice implique-t-elle nécessairement une vie humaine sans valeur ? Si la justice disparaît, c'est semble-t-il, l'ensemble des relations sociales qui disparaissent, or l'homme étant par nature un animal politique selon Aristote, la vie humaine perd toute sa valeur et tout son sens. Dans Politique, Aristote envisage la justice comme un moyen permettant l'avènement du bonheur, de la société heureuse, de la philia politique. Mais il faut alors comprendre ce que serait notre vie humaine sans l'institution de la justice. [...]

[...] Si la justice disparaît, c'est chose sans valeur que les hommes vivent sur terre, de Kant, Métaphysique des mœurs, Doctrine du droit , II, section 1 Si la justice disparaît, c'est chose sans valeur que le fait que les hommes vivent sur terre Kant, Métaphysique des mœurs, Doctrine du droit II, section 1. Cette affirmation nous pousse d'emblée à envisager le rôle central de la justice, à la fois comme sentiment et comme institution, dans la vie humaine. Kant soutient en effet que la justice est ce qui confère sa valeur à l'existence. [...]

[...] Quelle valeur accorder alors au fait que les hommes vivent sur terre ? En outre, lorsque la justice n'est pas, la vengeance devient la règle. Or la vengeance est un cercle vicieux qui ne finit donc jamais. Codifiée, elle peut devenir une vendetta, ce qui signifie en fait la perte de sens de la vie humaine. En effet, dans Avril Brisé, d'Ismaël Kadaré, Gjorg est enfermé dans les rouages de la vendetta et de l'honneur du groupe, sa vie n'a plus de consistance, il devient un simple élément au service du sang et ne peut plus espérer vivre cet amour pour Diane. [...]

[...] La quête de justice est un leitmotiv au cours de l'histoire. C'est que la justice est ancrée au plus profond de notre être, et l'impératif kantien résume bien cette valeur : agis comme si la maxime de ton action devait être érigée par la volonté en loi universelle de la nature La morale est effectivement un devoir, qui non respectée, met à mal notre commune humanité et dénature le sens de la vie. Ainsi, lorsque la distinction entre le bien et le mal ne s'opère plus, c'est l'inhumain qui apparaît. [...]

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