La justice dans l'opinion se caractériserait par sa lenteur et son inégalité ce qui traduit une exigence forte de la part des justiciables et une déception. En fait c'est une réalité multiséculaire. La principale rupture dans l'histoire judiciaire française s'est produite au cours des trois derniers siècles du Moyen-Âge et va poser les fondements de la justice moderne.
De plus, l'histoire de la justice a été profondément renouvelée ces trois dernières décennies. Mais de manière générale l'évolution de la justice, de l'Ancien Régime à nos jours, est souvent présentée comme un processus de rationalisation, homogène et global, qui s'imposerait progressivement aux Français. L'Etat aurait monopolisé à son profit la violence, mais cette approche est exagérément simplificatrice. Les modes de fonctionnement de la justice, et leur évolution, du XVIe au XXIe siècle sont beaucoup plus complexes et s'expliquent surtout par les demandes et volontés des Français.
En complémentarité avec la législation, souvent antérieure à elle, existe la jurisprudence. Et son foisonnement reflète le tournant pris au XVIe siècle qui voit l'élaboration d'un droit commun coutumier. L'époque moderne voit aussi émerger les nouvelles théories du droit naturel. Du XVIe au XVIIIe siècle une véritable époque du droit commun coutumier s'est donc constituée en France. L'époque contemporaine illustre le retour en force de la doctrine et de la jurisprudence dès l'époque napoléonienne.
Malgré l'instauration des Codes civil et pénal, et même si le rôle des juristes demeure à bien des égards limité dans un système devenant de plus en plus démocratique, qui donne la prépondérance aux représentants élus pour la détermination des orientations politiques et pour leur traduction dans le droit, la jurisprudence continue d'une certaine matière à construire à côté de la loi un droit nouveau, parfaitement légal dans la mesure où la loi elle-même ne peut pas prévoir tous les cas de figure où les magistrats sont chargés de l'interpréter.
[...] Le cas de la Corse est ici particulier dans la mesure où les pratiques vindicatoires y ont tenu pendant longtemps une place essentielle. L'infrajustice a vocation à concerner tous les types de conflits que la justice est aussi susceptible de traiter. Elle repose sur un consensus social au niveau local : c'est la médiation, l'arbitrage ou la conciliation. L'initiative d'un tel processus peut être prise soit par la victime soit par le milieu au sein duquel le dol a été commis. [...]
[...] "Histoire de la justice, XVIe-XXIe siècle", Benoît Garnot (2009) Introduction La justice dans l'opinion se caractériserait par sa lenteur et son inégalité ce qui traduit une exigence forte de la part des justiciables et une déception. En fait c'est une réalité multiséculaire. La principale rupture dans l'histoire judiciaire française s'est produite au cours des trois derniers siècles du Moyen-âge et va poser les fondements de la justice moderne. De plus, l'histoire de la justice a été profondément renouvelée ces trois dernières décennies. [...]
[...] Le caractère stratégique des plaintes est ainsi évident. Dans la procédure pénale les intérêts de la société et de l'état passent avant ceux des individus, en particulier ceux des victimes, parce que le juge est perçu comme le défenseur et protecteur de la chose publique. Pour autant on assiste à un recours grandissant des victimes à la justice pénale dans la seconde moitié du 18ème siècle, même si ce n'est pas un raz-de- marée. Cet accroissement est également perceptible dans les autres démocraties occidentales. [...]
[...] Après celle des juridictions politico-militaires, l'époque des procès politiques semble aujourd'hui bien révolue. En revanche les procès pour crimes contre l'humanité ont une fonction pédagogique en soulignant le rôle actif que le régime de Vichy a joué dans le génocide des juifs et la répression de la résistance. Les différences importantes entre les normes juridiques et les pratiques judiciaires révèlent les distorsions entre la théorie et la pratique : la pratique judiciaire reflète plus souvent les aspirations sociales que la théorie juridique. [...]
[...] Mais la majorité des constituants critique cette fastueuse utopie. Au nom du réalisme, la peur et la défense de l'ordre social l'emportent. Entre 1790 et le code de 1810 on passe donc de l'utopie révolutionnaire au réalisme des codifications napoléoniennes. On oscille ensuite jusqu'en 1914 entre la pédagogie et l'élimination des condamnés. La vraie finalité de la peine reste donc la protection de la société. Les principales dispositions législatives de la fin du 19ème siècle sont prises dans cette optique de défense sociale. [...]
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