L'histoire de la criminalité s'est longtemps limitée à l'étude des institutions judiciaires et de la procédure criminelle et le XVIIIe siècle a été largement privilégié par les historiens. Mais le changement culturel généralement décrit en matière de criminalité est en fait limité et la justice n'a pas su véritablement se réformer au cours de ce siècle. Concernant les délits, le changement semble net sur la longue durée : du moyen-âge au XVIIe siècle la criminalité violente et spontanée domine, mais au XIXe siècle une criminalité plus fine et rusée triomphe s'en prenant plus aux biens qu'aux personnes.
Le XVIIIe siècle est en quelque sorte une période charnière où le nombre de délits augmente considérablement et où on passe d'une criminalité contre les personnes à une criminalité contre les biens. De plus, une bonne part des délits contre les mœurs disparait presque complètement. Les châtiments aussi évoluent. Les peines les plus cruelles s'atténuent ou disparaissent, la torture est abolie en 1788 et une diversité s'instaure concernant les délinquants, les délits et les châtiments.
Toutefois, le taux de délinquance n'est pas homogène sur le territoire, les délits se répartissent de manière très inégale selon les régions.
[...] La perception des délinquants en France du 14e au 18e siècle Les délinquants sont toujours perçus par la plus grande partie de la population de manière stéréotypée. On leur attribue généralement des caractéristiques physiques qui marquent leur ignominie. Ces erreurs d'appréciation proviennent des priorités déformantes de la répression pénale que de la confusion entre 2 grandes catégories de délinquants ; les occasionnels et les professionnels. Il existe un profil type du délinquant occasionnel : c'est un homme jeune issu des classes sociales les plus basses. [...]
[...] Au moyen-âge la prison n'était utilisée comme châtiment que par la justice ecclésiastique qui s'en servait comme peine de substitution aux peines de sang. Mais ce ne sont que des exceptions à la règle. La prison n'est faite que pour garder et non punir. Dans une prison les conditions de vie dépendent de la catégorie de prisonniers à laquelle on appartient et le niveau social détermine tout autant les conditions de détention que la taille de la prison. Conclusion Les trois siècles de la période moderne apparaissent bien comme un tournant de l'histoire de la justice en France : le pouvoir grandissant de l'état réussit à imposer à la population des villes d'abord, des campagnes ensuite, des institutions judiciaires plus efficaces que pendant la période précédente. [...]
[...] Et ce sera justice : punir en démocratie coordonné par Antoine Garapon, Frédéric Gros et Thierry Pech. Editeur : O. Jacob (Paris, 2001) . Acteur social et délinquance par Françoise Digneffe. Editeur : P. Mardaga (Belgique, 1990) . Justice et société en France aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles par Benoît Garnot. [...]
[...] La sensibilité du temps s'émeut du caractère atroce de certaines peines. Les sanctions disproportionnées assureraient également une impunité des coupables. C'est Beccaria qui illustre le mieux le clan des adversaires des peines corporelles. Cet esprit nouveau aboutit à l'abolition de la question à la veille de la Révolution. En Bourgogne au 18e siècle le fouet et la marque au fer rouge sont des peines accessoires à d'autres plus importantes comme le bannissement ou les galères. Deux tiers des affaires n'aboutissent pas à une condamnation à une peine corporelle et seule une partie des sentences est réellement appliquée. [...]
[...] La violence quotidienne est intégrée aux activités, aux déplacements, aux loisirs et aux modes de vie. L'exemple des supplices montre également l'élargissement du fossé entre le peuple et ses élites : le peuple continue à réclamer des supplices et des tortures. Ce goût populaire ancestral pour les exécutions se manifeste avec éclat durant la révolution. Et non seulement le peuple résiste mais il contre-attaque même. Ainsi les communautés exercent d'elles-mêmes leur ordre interne et ne livrent à la justice que les étrangers. [...]
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