« J'ai depuis longtemps la pensée… de choisir dans cette grande étendue de temps qui va de 1789 jusqu'à nos jours et que je continue à appeler la Révolution française […]. En elle-même, elle est non seulement grande, mais singulière, unique même… ». C'est ainsi que, vers 1851, après s'être retiré de la vie politique, Tocqueville décrit son projet de rédiger un nouvel ouvrage après le succès de La Démocratie en Amérique. Ce nouvel ouvrage paraitra en 1856, sous le titre L'Ancien Régime et la Révolution. Certes, le sujet choisi, à savoir la Révolution française, n'est pas neuf, mais Tocqueville entend le traiter avec une nouvelle approche : il souhaite avant tout développer une théorie de la dynamique révolutionnaire et, comme l'annonce le titre du livre, prouver que la Révolution n'est que la continuation, sous d'autres formes, de l'Ancien Régime. C'est donc une analyse dépassionnée et un nouveau point de vue que l'auteur va chercher à élaborer. Après les deux premiers livres de cet ouvrage, qui traitent d'une part du contenu sociopolitique et de la signification historique de la Révolution, et d'autre part des causes anciennes et générales de celle-ci, Tocqueville s'attache, dans son troisième livre, à l'étude des causes particulières et récentes qui ont conduit à l'explosion révolutionnaire. La première de ces causes, développée dans le premier chapitre, concerne le rôle des « hommes de lettres » dans ce processus, ces hommes de lettres qui, comme l'auteur l'annonce, « devinrent les principaux hommes politiques du pays ».
[...] L'Eglise s'appuie très fortement sur cette tradition, et est ainsi pourvue d'une autorité, mais au lieu de servir de lien entre les individus, elle va devenir une institution politique, coupée de la population. Enfin, la société française, à la fin de l'Ancien Régime, est basée sur des institutions anciennes qui ne sont plus adaptée à la situation. Ces institutions fondent la société d'ordres (qui distingue la noblesse du clergé et du Tiers-Etat), il s'agit d'une société de séparation des classes dans laquelle persistent des résidus féodaux inutiles, pesants, et qui ont perdu toute vitalité. [...]
[...] Paul BENICHOU, Le sacre de l'écrivain, 1750-1830, Paris, Gallimard pages, pages 39 à 43. Roger CHARTIER, Les origines culturelles de la Révolution française, Paris, Seuil pages Biographie : Jean-Louis BENOIT, Tocqueville, un destin paradoxal, Paris, Bayard pages, pages 338 à 344. Ouvrages spécialisés : François FURET, Penser la Révolution française, Mayenne, Gallimard pages, pages 173 à 211. André JARDIN, Alexis de Tocqueville 1805-1859, Paris, Hachette pages, pages 456 à 479. Thèse : Antoine LECA, Lecture critique d'Alexis de Tocqueville, Aix, Presses Universitaires d'Aix-Marseille pages, pages 106 à 110. [...]
[...] "Pourquoi L´Ancien Régime et la Révolution, livre III, chapitre 1er. Extraits d´Alexis de Tocqueville, Œuvre, tome La Pléiade, Paris Gallimard Synthèse problématique : J'ai depuis longtemps la pensée de choisir dans cette grande étendue de temps qui va de 1789 jusqu'à nos jours et que je continue à appeler la Révolution française [ En elle-même, elle est non seulement grande, mais singulière, unique même C'est ainsi que, vers 1851, après s'être retiré de la vie politique, Tocqueville décrit son projet de rédiger un nouvel ouvrage après le succès de La Démocratie en Amérique. [...]
[...] Ainsi, par opposition à un droit qui demeure inégalitaire, les écrivains de la deuxième moitié du XVIIIe tendent à l'indifférenciation sociale. C'est donc véritablement une réaction de la part des hommes de lettres à laquelle on assiste puisque c'est l'analyse même de la société française qui les pousse a concevoir de nouvelles notions, c'est après avoir pris en dégoût les choses anciennes et la tradition (l. 25) qu'ils vont chercher à rebâtir la société de leur temps d'après un plan entièrement nouveau Ainsi, la littérature va progressivement assumer la fonction politique. [...]
[...] L'auteur s'est d'ailleurs attaché à distinguer, dans L'Ancien Régime et la Révolution, les autres causes de ce processus. Si l'ouvrage, qui reste inachevé, contient quelques lacunes et affirmations trop absolues, il n'en reste pas moins qu'il distingue l'enchainement tragique des causes de la Révolution, en soulignant la part de responsabilité des hommes, et propose une analyse neuve et audacieuse du fait révolutionnaire. Comme l'a noté Robert Redeker, Tocqueville est capable de distinguer, dans son temps, ce que nul autre n'y voit. [...]
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