Le 18 mai 1138, sous le règne du roi Louis VII le Jeune, le seigneur Roger de Béziers, entouré de témoins, établi sa charte relative à la concession de son château en fief, concédée à Arnaud de Cornelo, à son gendre, à ses enfants et leur postérité : c'est un texte officiel, juridique et objectif.
Le XIIe siècle est une période de transition entre l'époque purement féodale (Xe et XIe siècle) et dépens du progrès économique (XIIe au XVe siècle). En effet, durant le XIIe siècle on assiste à un renouveau commercial qui permet l'apparition de la monnaie, l'émergence du salariat ainsi que le développement de la population artisanale voire industrielle.
Ce renouveau commercial trouve un cadre privilégié : la ville où apparaît la bourgeoisie en tant que nouvelle classe sociale qui entre en concurrence avec la seigneurie.
En outre, l'église a achevé sa réorganisation et elle s'affirme au travers de ses missions politiques, d'assistances et d'enseignements. Elle aspire à une domination du pouvoir temporel avec l'appui une théorie politique nouvelle, celle de la théocratie pontificale. Parallèlement, on observe la reconstruction de l'autorité monarchique : le roi de France est empereur dans son royaume.
D'un point de vue général la société médiévale se stabilise, les frontières entre les seigneuries et les royaumes tendent à se fixer ; les frontières entre les catégories sociales se cloisonnaient ; les fiefs deviennent transmissibles entre vifs.
Enfin, on voit apparaître des chartes des villes ou des collectivités locales dans lesquels les pouvoirs et les devoirs de chacun sont fixés, que ce soit en matière économique, judiciaire, militaire ou fiscale.
Le terme fief dérive d'un terme germanique signifiant " bétail". Il désignait les biens qu'un chef pouvait donner à ses familiers, à ses soldats.
Au préalable appelé bénéfice (beneficium), ce bien prend le nom de fief au XIe siècle. Le terme de fief s'applique à la terre donnée par le seigneur à son vassal à titre de rémunération de services nobles, cela signifie donc que le fief est un bien concédé en contrepartie d'un service personnel.
Quel est l'objet de la charte de Roger de Béziers ? Quel problème soulève cette charte ?
Il ressort de cette analyse deux composantes essentielles, d'une part la concession de fief que l'on étudiera à travers les fonctions du seigneur et celles de son vassal (I), et d'autre part, la transmission du fief par l'hérédité (II).
[...] La charte de Roger de Béziers est une "convention" c'est-à-dire un accord entre le seigneur, le vassal qui fait peser sur ses contractants une obligation mutuelle de "fidélité", d'entraide et de soutien : ceci est éminent à la vassalité dont la concession de fief n'est que l'expression. À l'origine, l'engagement du vassal envers son seigneur était désintéressé, total et loyal, mais du fait de l'évolution de la société médiévale, et notamment le progrès du droit, les obligations du vassal ont été synthétisées sous deux grands concepts : l'aide (auxidium) et le conseil (considium). [...]
[...] La concession du fief repose donc sur un engagement personnel et réciproque entre un suzerain et son vassal. Il apparaît évident que le seigneur suzerain accorde un fief à son vassal qui lui doit en contrepartie assistance et fidélité. Dès cet engagement, le seigneur et son vassal sont soumis à des droits, des obligations qui en cas de non-respect peuvent être sanctionnées mais ils ne sont pas les mêmes pour l'un et l'autre. En principe, le fief concédé en échange d'un service spécialisé et personnalisé ne peut être ni légué ni vendu par son titulaire ; mais progressivement, l'hérédité des fiefs sera admise. [...]
[...] B - La transmission de fiefs : une continuité organisée L'application de l'hérédité pour la transmission d'un fief du seigneur à son vassal va permettre au seigneur d'organiser la transmission du fief, et ce, de façon indéfinie. En effet, comme l'évoque cette charte "si moi, susdit Roger de Béziers, je meurs sans enfant, vous tiendrez et aurez ledit fief de Raymond Trencavel, mon frère ou de ses enfants par la même dite convention", l'absence de descendance oblige le seigneur suzerain à faire appel à ses collatéraux (son frère ou les enfants de celui-ci) car les ascendants qui sont jugés inaptes au service militaire sont exclus. [...]
[...] D'un point de vue général la société médiévale se stabilise, les frontières entre les seigneuries et les royaumes tendent à se fixer ; les frontières entre les catégories sociales se cloisonnaient ; les fiefs deviennent transmissibles entre vifs. Enfin, on voit apparaître des chartes des villes ou des collectivités locales dans lesquels les pouvoirs et les devoirs de chacun sont fixés, que ce soit en matière économique, judiciaire, militaire ou fiscale. Le terme fief dérive d'un terme germanique signifiant " bétail". Il désignait les biens qu'un chef pouvait donner à ses familiers, à ses soldats. Au préalable appelé bénéfice (beneficium), ce bien prend le nom de fief au XIe siècle. [...]
[...] La transmission du fief par hérédité permet aussi au successeur du vassal de garder la terre concédée en fief dans la même famille pendant plusieurs générations : en définitive, la descendance accorde au successeur du vassal la possibilité de jouir d'une véritable succession. En conclusion, on peut constater qu'à travers cette charte, le seigneur Roger de Béziers va organiser la transmissibilité du fief de façon indéfinie et perpétuelle, mais également la reprise du fief par les héritiers du vassal. Bibliographie " Charte de Roger de Béziers concédant un château en fief le 18 mai 1138 " : Ed. Dom Devec et J. [...]
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