Justice en dehors du droit, droit positif, pouvoir judiciaire, faire justice soi-même, procédures judiciaires, état de droit, droit établi, théorie du droit, droit naturel, Aristote, éthique à Nicomaque, théorie de la justice
Opinion courante : chacun a le sens de la justice. Chacun pense savoir ce qui est juste ou injuste, comme si le sens de la justice était partagé par tous. Parfois même, les hommes rendent une justice expéditive, faisant fi des procédures, comme si la justice pouvait se passer du droit.
Après réflexion, il est paradoxal de concevoir une justice en dehors du droit alors que nous avons affaire à deux notions étroitement liées. Le latin n'a qu'un mot pour désigner le droit et la justice : jus, ce qui est droit ou juste.
[...] Quels sont les principes de justice en vertu desquels chacun obtient ce qui lui revient ? La justice sociale porte non pas sur le respect de l'égalité des droits de chacun, mais sur la redistribution des richesses et la réduction des inégalités sociales. L'enjeu est tout autant philosophique qu'économique. Puisqu'il faut redistribuer, le principe de la justice ne peut plus être égalitaire. La justice doit être proportionnelle ou distributive. Mais il reste à définir les critères à partir desquels va se faire cette redistribution des richesses. [...]
[...] Il y a de mauvaises lois, des lois injustes, contraires à un droit universel imprescriptible. Antigone, fille d'Œdipe, veut rendre les derniers honneurs au cadavre de son frère Polynice en conformité avec les rites funéraires grecs et les traditions immémoriales, mais l'inhumation est interdite par son oncle le roi Créon. Elle décide d'enfreindre l'édit au nom d'une loi supérieure à celle de la Cité ; elle se réfère à un droit non écrit, à une justice légitime, transcendant l'imperfection des lois humaines. [...]
[...] Remarquons, par ailleurs, que la force a besoin de recourir à un semblant de légitimité pour se maintenir. Revendiquer un droit du plus fort, c'est reconnaître l'impuissance de la force à se fonder sur un ordre naturel et nécessaire. Même ceux qui s'en réclament reconnaissent la nécessité de donner un fondement rationnel à quelque chose qui justement exclut toute idée de raison. L'expression le « droit du plus fort » est une supercherie visant à légitimer le recours à la violence et à masquer la force qui se cache derrière la loi. [...]
[...] Or, la force ne nous oblige pas : elle n'implique pas qu'on accepte de lui obéir en conscience et par devoir. On se soumet à la force par nécessité ou par prudence, mais, non pas, par obligation morale. Le droit est donc légitime du moment où il permet à chacun d'être également libre tout en agissant par devoir. Rousseau défend une conception idéale du droit qui a pour but de remettre en question le droit positif tel qu'il est établi dans la société de son époque. [...]
[...] En voici la raison : pour certaines choses, on ne peut établir de loi, par conséquent, il faut un décret. En effet, pour tout ce qui est indéterminé, la règle ne peut donner de détermination précise, au contraire de ce qui se passe dans l'architecture à Lesbos, avec la règle de plomb ; cette règle, qui ne reste pas rigide, peut épouser les formes de la pierre ; de même, les décrets s'adaptent aux circonstances particulières. On voit ainsi clairement ce qu'est l'équitable, que l'équitable est juste et qu'il est supérieur à une certaine sorte de juste. [...]
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