Le titre de l'ouvrage de François Mitterrand, Le Coup d'Etat permanent, fait référence à la naissance de la Vè République et à la période gaullienne qui l'accompagne. L'arrivée, ou plutôt le retour au pouvoir du général de Gaulle en 1958, ainsi que la naissance progressive de la Vè République – d'abord en 1958, puis en 1962 – sont en effet l'objet d'un débat épineux qui est la source de la longue hostilité de la gauche à la Vè République. La Vè République a-t-elle un fondement légal et légitime ? Ou n'est-elle née que d'un coup d'Etat, c'est-à-dire, selon la définition du Robert, de la "conquête du pouvoir par des moyens illégaux et anticonstitutionnels" ? Notre réflexion s'articulera en deux temps : tout d'abord, il convient de s'interroger sur le "coup d'Etat légal" de 1958, avant d'étudier le "coup d'Etat permanent" dans le contexte de la République gaullienne.
[...] N'ayant plus la confiance de la majorité des Français, de Gaulle se démet de ses fonctions. Le recours au référendum, en faisant exercer aux Français une souveraineté directe au détriment du Parlement, permettait au général d'engager sa responsabilité politique dans chacun des référendums, dont les résultats avaient une influence déterminante sur sa cote de popularité. En réalité, la pratique référendaire n'est qu'une des nombreuses caractéristiques du bonapartisme gaulliste, qui se caractérise avant tout par le pouvoir fort du président. A partir de 1962, la prépondérance du président de la République dans les institutions est consacrée. [...]
[...] En premier lieu, la révision constitutionnelle de 1962 constitue à la fois l'achèvement de la Constitution de 1958 et le prolongement du coup d'Etat gaullien, en raison de la procédure employée. En 1962, profitant de l'émotion suscitée par l'attentat du Petit-Clamart du 22 août, le général de Gaulle décide de proposer une révision de la Constitution en faisant dorénavant élire le président de la République au suffrage universel direct. Cette décision est motivée par des raisons diverses : le parachèvement de la constitution de 1958 était prévu depuis longtemps par de Gaulle, mais n'avait pu être imposé en 1958 alors qu'il devait composer avec l'hostilité des partis. [...]
[...] Mais si l'on considère les circonstances de la naissance de la Vè République ainsi que la renommée du général de Gaulle, la réponse semble plus nuancée. Il est clair, néanmoins, que le débat sur cette légitimité a confirmé l'existence en France de deux traditions républicaines : l'une parlementaire, législative et fondée sur le filtre démocratique des corps intermédiaires censés éviter le césarisme ; l'autre reposant sur un exécutif fort et le maintien d'un lien direct entre le chef de l'Etat et le peuple. [...]
[...] Alors que les activistes établissent leur autorité sur la Corse le 24 mai, de Gaulle apparaît bientôt comme un recours aux milieux ultras d'Alger. Il ne désavoue pas les comités de salut public où il compte des partisans, tout en les empêchant de déclencher une opération militaire sur la métropole. Il prend soin de rallier à lui une fraction de la classe politique, notamment Guy Mollet, et joue sur sa renommée, sur la peur de la guerre civile, sur le discrédit du régime et sur le désarroi de la population métropolitaine, pour apparaître comme l'homme de la situation. [...]
[...] Le 28 septembre 1958, à une très large majorité 79% de "oui" le peuple français ratifie la nouvelle constitution. Promulguée le 4 octobre, elle permet l'installation rapide du régime : suite aux élections législatives des 23 et 30 novembre qui consacrent le triomphe de l'UNR, le parti gaulliste, le général de Gaulle est élu premier président de la cinquième République le 28 décembre 1958, avec une très large majorité. Ainsi la naissance de la Vè République a bien eu un fondement légal. [...]
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