Jean Bodin, "Les six livres de la République", Livre 1, Chapitre VIII : commentaire

Extraits

[...] Toutefois pour justifier ses actes le Roi, homme juste et bon déclare que le texte qu'il veut faire entrer en vigueur a été constitué en de bonnes et vives raisons car tel est [son] plaisir Les collèges, communautés, Parlements des Cours Souveraines et officiers particuliers sont eux aussi attachés à leur plaisir et leur confort car l'arrivée de nouveauté les inquiète ; c'est pour cela qu'ils veulent être surs de conserver leurs privilèges, puissance et juridiction qui à l'instar du Roi les placent dans un statut particulier par rapport à la loi. Le Roi est chargé de gouverner ; pour cela, il rédige des lois d'une importance qui peut varier avec une forme quasiment constante. [...]

[...] Dans l'œuvre phare Les Six Républiques, il donne au livre l chapitre VIII une définition de la souveraineté, puissance absolue et perpétuelle de la République et l'envisage dans le royaume de France qui connaît un nouveau Roi sujet à polémiques, Henri IV. Tous le monde a en mémoire les atrocités du 24 août 1572, le massacre de la Saint Barthélémy due notamment à l'ancienne religion protestante du souverain. Hors le Roi qui se doit d'être un fervent catholique tient des pouvoirs d'essence divine et depuis les efforts du Moyen Age a un statut de suzerain. Dès lors, comment se traduit le principe de souveraineté et comment est-il garanti dans le royaume de France pour Jean Bodin? [...]

[...] Par le terme de loi sont comprises celles que le roi en place met en place et celles de ses prédécesseurs. Jean Bodin explique ceci en s'appuyant sur la logique : s'il est possible de recevoir loi d'autrui il est impossible de s'imposer des lois ou d'avoir un contrôle quelconque émanant de notre volonté. Ainsi donc le roi ne peut être sujet à ses lois A cet égard l'auteur fait un parallèle avec le Pape car lui non plus n'est pas concerné par la loi temporelle : seule compte la loi spirituelle. [...]

[...] II) Les actes édictés par ce gardien de souveraineté A / Leur valeur Le tout premier acte est bien entendu la loi. Il faut toutefois tenir compte de son acception latine qui entend le commandement de celui qui a la souveraineté Loi et souveraineté sont intimement liées grâce au Roi. Par ailleurs, le souverain peut certes rédiger des lois, mais aussi des ordonnances, des lettres patentes et il peut octroyer des privilèges qui ne sont valables que durant la vie du Roi à leur origine, à moins d'être ratifiés par les successeurs une fois qu'ils en auront pris connaissance. [...]

[...] Cet ajout est très important car c'est lui qui confère le statut singulier à tous les souverains, de ceux ayant gouverné aux futurs : celui d'être absous de la puissance des lois A cette clause s'ajoute la phrase servant presque de signature car tel est notre plaisir qui témoigne des supposés bonne foi et esprit éclairé du souverain. Il convient de distinguer les privilèges généralement acquis de naissance aux lettres patentes rédigées sur ordre du Roi. Les édits et ordonnances se recoupent ; la loi se veut elle plus globale. [...]