Cette étude, issue d'un rapport de recherche effectué au cours d'un DEA Histoire des institutions et des idées politiques, se propose d'analyser une des notions clés de la pensée légiste: celle de "shi". Ce mouvement philosophique chinois, qui s'est développé à l'époque des Royaumes Combattants (du Vème au IIIème siècles avant J.C.), s'est attaché à l'étude de l'art de gouverner en centrant sa réflexion autour du principe de Loi. Il cherchait à assurer l'ordre et l'unité du monde chinois. La doctrine légiste influença durablement la pensée politique en Chine.
[...] Selon Mayfair Yang, il est possible de repérer trois thèmes majeurs dans le traitement que cette campagne fait de la période ancienne. Premièrement, on trouve une analyse de classe de la "lutte sur deux lignes" entre le confucianisme qui représentait l'idéologie corrompue de "aristocratie esclavagiste" sur le déclin et les Légistes qui défendaient les intérêts progressistes de la nouvelle "classe féodale des propriétaires terriens". Le deuxième thème concerne l'histoire: les Légistes et la dynastie Qin représentaient la grande rupture historique qui propulsa la Chine de la "société esclavagiste" des Xia, des Shang, et des Zhou, à la "société féodale" plus avancée d'un ordre impérial unifié. [...]
[...] A la fois rituel, manuel politique, bréviaire de sagesse morale, livre d'histoire, le Chou king (ou Livre des documents) se présente sous la forme de discours, d'édits, d'exhortations attribués aux souverains et aux dignitaires de l'Empire depuis l'époque fabuleuse de Yao (III ème millénaire) jusque vers le milieu de la dynastie Zhou (VIIème siècle av. J.C.). Ces pièces sont des apocryphes, les textes les plus anciens dateraient au plus tôt du XIème av. J.C., les plus récents se rapportant à des évènements survenus en –625. (d'après Michel Mourre, Les religions et les philosophies d'Asie, p.318) Les annales de la Chine (Chou king), partie ch. IV trad. [...]
[...] Néanmoins, l'auteur légiste pense qu'il ne faut pas attendre la venue de roissages puisque dans ce cas l'empire serait rarement bien gouverné car il n'en apparaît qu'un dans mille générations; aussi le bon gouvernement s'obtient-il par des gens moyens 97 s'appuyant sur les deux piliers du pouvoir: la loi et l'exercice de l'art de gouverner Han Fei, Han Feizi, XL, trad. Jean Escarra, Le droit chinois, p.41. Les deux souverains cruels et débauchés qui consommèrent la ruine de leurs dynasties respectives, constamment opposée aux deux empereurs modèles Yao et Shun Han Fei attaque le "gouvernement humain" ou "gouvernement par la vertu", tel que prôné par le confucianisme. [...]
[...] id., p Han Fei (citation de Shen Buhai), Han Feizi, XXXIV, trad. Léon Vandermeersch, La formation du légisme, p Han Fei, Han Feizi, XXXVIII, trad. Léon Vandermeersch, La formation du légisme, p.260. Han Fei reprend cette citation du Laozi, XVII: "Le Maître suprême est celui dont le peuple connaît l'existence" (in Philosophes taoïstes, La Pléiade, p.19) En fait, le courant légiste détourne une large partie de la pensée taoïste. Ainsi, les Légistes font grand usage de l'idée taoïste du "non-agir", conception qui, pourtant, est celle qui semblerait le moins devoir s'accorder avec une doctrine de l'action politique. [...]
[...] De la sorte, le peuple est maintenu dans une douce ignorance107; aucune discussion n'est possible puisque les dispositions légales définissent l'acception des mots, ainsi l'ordre règne car il est entièrement anonyme et impartial108. En regard de cette réalité fondamentale, les Légistes dénoncent constamment les valeurs morales comme factices. Or telle est justement la critique taoïste du confucianisme: "Lorsqu'on abandonne la réalité fondamentale grand alors apparaissent les vertus morales et la conscience, et c'est la grande hypocrisie. Lorsque les relations sociales sont déréglées, alors apparaît la piété filiale. [...]
Bibliographie, normes APA
Citez le doc consultéLecture en ligne
et sans publicité !Contenu vérifié
par notre comité de lecture