Charte de Roger de Béziers, 1138, modalité du contrat médiéval, seigneur, vassal, contrat féodo-vassalique, traité de Verdun de 843, concession de fief, tenure roturière, tonlieu, tenure servile, droit d'albergue
"Le seigneur aussi doit, dans tous ces domaines, rendre la pareille à celui qui a juré fidélité". À travers sa Lettre à Guillaume V d'Aquitaine, l'évêque Fulbert de Chartes assure que la relation entre le seigneur et le vassal s'inscrit dans le respect d'obligations non pas unilatérales, mais bien mutuelles. C'est le contrat féodo-vassalique qui organise ces interactions. La Charte de Roger de Béziers de 1138 en est un exemple tout à fait représentatif. Cette Charte, ou contrat, incarne un accord de volonté passé entre le seigneur Roger de Béziers et son vassal, Arnaud de Cornelano.
Elle fait apparaître entre eux un lien de droit en fixant leurs obligations respectives. L'ensemble de ces engagements culminent autour d'un point central, la terre concédée par le seigneur au vassal, appelé fief. Roger de Béziers ou Roger Ier de Trencavel est vicomte de Carcassonne et d'Albi de 1129 à 1150. Il était lui-même vassal d'Alphonse Jourdain, comte de Toulouse. Pour apprécier les fondements du contrat féodo-vassalique, il est essentiel de comprendre l'émergence des seigneuries et corollairement de l'établissement de relations vassaliques de plus en plus locales.
[...] Si de prime à bord cela peut paraître étonnant, c'est en réalité en continuité totale avec la conception de la succession au XIIe siècle. Effectivement, les femmes peuvent accéder au fief du seigneur, mais ce sous certaines conditions. Ne pouvant pas accomplir les services vassaliques dus au seigneur, c'est leur époux qui devra les accomplir. À défaut, elle devra en choisir un parmi plusieurs prétendants proposés par le seigneur. La femme peut donc succéder, mais à la condition sine qua non d'avoir à sa disposition un époux pouvant servir le seigneur supérieur. [...]
[...] En outre, ceci permet d'encadrer strictement le contrat féodo-vassalique en ayant une preuve matérielle des engagements pris à la fois par le seigneur et par le vassal. En réalité, la présence de « grands » n'est pas la seule formalité. De manière générale, la concession de fief fait suite à une cérémonie très formelle qui se décompose en deux temps. En premier lieu, le vassal doit prêter hommage à son seigneur. L'hommage repose sur un formalisme gestuel certain visant à représenter les engagements du vassal. [...]
[...] En effet, Roger de Béziers tient lui-même son fief de son seigneur supérieur et décide de concéder une partie de ce dernier à un vassal : c'est ainsi qu'il devient seigneur. La concession peut se réaliser autant que possible et Arnaud de Cornelano pourrait à son tour procéder à un démembrement de son fief. « Sont témoins de cela : Bertrand du Cannet et Bertrand de Tresmal, Arnaud Pelapol ». La présence de personnages nobles lors de la concession est ainsi directement inscrite dans la Charte. [...]
[...] Selon la Charte de Roger de Béziers, quelles sont les modalités du contrat qui unit le seigneur et son vassal au XIIe siècle ? Si la concession de fief et les obligations qui en découlent s'inscrivent dans le cadre traditionnel du contrat féodo-vassalique le caractère héréditaire de ce dernier témoigne d'une spécificité contractuelle tout à fait nouvelle (II). I. L'organisation des obligations autour de la concession de fief, symbole du traditionalisme du contrat féodo-vassalique A. La prééminence de la concession de fief, objet primordial du contrat « Moi, Roger de Béziers, je donne en fief mon château appelé Calamont, que je bâtis et fais bâtir dans mon comté de Rodez, dans mon propre fief ». [...]
[...] Pour apprécier les fondements du contrat féodo-vassalique, il est essentiel de comprendre l'émergence des seigneuries et corollairement de l'établissement de relations vassaliques de plus en plus locales. En effet, dès 842, les guerres fratricides entre les fils de Louis le Pieux, Lothaire, Louis et Charles mettent en péril l'unité de l'Empire carolingien. Les deux frères de Lothaire n'acceptent pas la succession de dernier à la fonction impériale qui, sous la pression militaire, est contraint de capituler. De cette situation découle alors le Traité de Verdun de 843, partageant l'Empire entre ces trois personnages. [...]
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