Jusqu'à la fin du XIIème siècle la royauté est affaiblie, car soumise à la structure féodale, le Roi n'étant qu'un seigneur parmi les seigneurs. Cependant, le Roi réussit à exercer une certaine prééminence qui va se développer au cours des siècles. D'abord avec l'extension du domaine royal jusqu'à la juxtaposition avec le royaume, mais avec aussi parallèlement l'affirmation de l'autorité du Roi tant dans le royaume de France que vis-à-vis de l'Empereur germanique ou du Pape.
Cette phrase célèbre prononcée par Philippe Auguste à la fin du XIIIème siècle : « Le Roi est Empereur en son royaume », illustre parfaitement cette volonté de renforcer l'institution royale et d'assurer sa suprématie sur toute autre puissance. Evidente en apparence elle entraine cependant bien des conséquences sur le plan politique tant interne qu'externe. Elle résume à elle seule toute la politique royale de l'époque qui souhaite s'affirmer après des siècles de soumission au monde féodal notamment.
[...] Nous avons donc vu que cette phrase de Philippe Auguste résume assez bien la volonté de s'imposer à l'intérieur du Royaume. Le Roi se débarrasse de la notion de suzeraineté et développe sa souveraineté ce qui le rend supérieur et lui permet d'avoir des prérogatives importantes. Cependant la souveraineté a deux aspects, une internet que nous avons vu et une externe qui est aussi implicite dans cette phrase. II. L'affirmation de la souveraineté à l'extérieur du Royaume Le Roi de France va devoir s'imposer vis-à-vis de ceux qui prétendent limiter son pouvoir à l'extérieur : l'Empereur du Saint Empire Romain Germanique et le Pape A. [...]
[...] Le Roi et le pape Cette phrase en plus d'être valable pour l'intérieur du royaume et face à l'Empire l'est aussi face à l'Eglise et au Pape qui a toujours été tenté de contrôler les hautes autorités d'Europe et de France en particulier. La monarchie française à travers cette phrase cherche à se soustraire à l'autorité du Pape. Au XIIème-XIIIème siècle l'état d'esprit évolue vers la laïcité, la souveraineté pontificale est un échec face à celle du Roi de France. [...]
[...] Le Roi acquiert avec cette théorie trois fonctions essentielles qui sont des signes de souveraineté interne: celle de Roi protecteur, de Roi justicier et de Roi législateur. D'abord un Roi protecteur donc, il assure la protection du royaume par rapport à l'extérieur (peut ordonner une mobilisation générale par exemple) et commence à constituer une armée royale. Il assure aussi la protection des collectivités c'est-à-dire les villes et encore plus les églises avec la protection générale. Il protège aussi les individus avec l'asseurement (serment de paix entre deux individus) et la sauvegarde (protection particulière du Roi). [...]
[...] La suzeraineté est une notion de droit féodal privé qui repose sur la conception contractuelle et patrimoniale du pouvoir. En utilisant cette théorie qui place le Roi au sommet de la hiérarchie féodale il oblige tous les puissants à lui faire un Hommage lige (prioritaire) et impose le fait qu'il ne doive d'Hommage à personne (un adage dit que le Roi ne tient de personne sauf de Dieu ou de soi même). Le Roi utilise le plus possible le droit féodal en exigeant par exemple de manière très forte les obligations vassaliques, en utilisant le justice féodal (Commise ) ainsi que le droit de déshérence (biens de ceux qui meurent sans héritiers reviennent au Roi) ou de mutation (rachat de fiefs). [...]
[...] La notion n'est pas formulée ainsi mais tous reconnaissent la supériorité du Roi et leur soumission à ce dernier. La notion de souveraineté qui se confond au début avec celle de suzeraineté semble fixée par Beaumanoir en 1283 dans Coutumes de Beauvaisis où il dit le Roi est souverain par-dessus tout (ce qui ressemble étrangement à la phrase de Philippe Auguste quelques années plus tôt). La souveraineté est une notion de droit public bien plus large que celle de suzeraineté, elle est synonyme de puissance suprême, de supériorité. [...]
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