La relation d'interdépendance entre un seigneur et un autre homme libre a subi une évolution constante : elle remonte tout d'abord à l'Antiquité Romaine (VIIe siècle avant J.C. - IVe siècle après J.C.), qui voit la mise en place de deux dispositions juridiques : la tenure (propriété foncière confiée à un tenancier qui en vit, même si elle ne lui appartient pas) et la recommandation (la protection en échange de services fournis). Elle évolue par la suite avec les Wisigoths et à l'Epoque Mérovingienne (Ve - VIIIe siècle après J.C.), avec les Pippinides et lors de l'Epoque Carolingienne (VIIIe - XIe siècle après J.C.), et enfin le système se transforme en une relation féodo-vassalique au cours du XIe siècle lors du Haut Moyen Age (le terme de féodalité n'apparaîtra qu'au XVIIe siècle après J.C.). Le relâchement du lien personnel unissant un seigneur à son vassal est l'aboutissement de l'évolution de cette relation (...)
[...] De même, tout vassal est accusé de félonie s'il rompt le contrat l'unissant à son seigneur en : - Injuriant, maltraitant ou attentant à la vie de ce dernier, de son épouse ou de ses enfants ; - Déshonorant l'épouse, la sœur ou la fille du seigneur ; - Révélant les secrets de son protecteur à l'ennemi ; Le seigneur peut alors proclamer la saisie (confiscation temporaire) de tous ses bénéfices, à commencer par son fief, ou pouvait exercer la commise (confiscation définitive du fief) : on disait alors que le fief était tombé en commise. Remarque : Technique rarement mise en œuvre jusqu'en 1220 lorsque Philippe Auguste proclame la saisie des bénéfices de Jean Sans Terre. Ces peines s'ajoutent aux sanctions habituelles du parjure : peines ecclésiastiques en général, telle que l'excommunication. Dans des cas extrêmes, la sanction pouvait aller jusqu'au bannissement ou à la condamnation à mort. Cette relation d'homme à homme sous-entend que chacun a des droits et des devoirs envers l'autre. [...]
[...] La mise en garde de Fulbert de Chartres a ouvert les yeux à de nombreux seigneurs sur le fait que les fiefs devenaient peu à peu la contrepartie du serment de fidélité. L'Evêque accuse les vassaux d'avoir perdu tout réel dévouement envers les seigneurs par simple cupidité. Selon lui, le remède à cette décadence serait la redécouverte de l'essence du double serment par les hommes libres qui s'y engagent. Ainsi, dans sa lettre, Fulbert de Chartres rappelle-t-il à ses contemporains les bases du lien féodo-vassalique. [...]
[...] Le seigneur a donc lui aussi des obligations envers son vassal, même si elles sont moins contraignantes que celles de son serviteur. Il lui promet protection et de lui rendre bonne justice (c'est-à-dire le traiter équitablement), il lui doit entretient : c'est-à- dire fournir un fief afin que son vassal puisse aussi remplir les obligations qui le concernent. Fulbert, dans la fin de sa lettre insiste fortement sur la réciprocité de ces obligations. Le seigneur lui aussi fait un serment : celui de protéger son vassal. [...]
[...] B / Le Fief : élément primordial de la relation féodo-vassalique ? Même si le terme de fief n'apparaît qu'au XIe siècle, l'échange d'un bien foncier contre des services remonte à l'Antiquité tardive. Dans la société féodale occidentale, le vassal s'engage à obéir et à servir son seigneur avec respect et loyauté, en échange de quoi, il reçoit une portion du territoire dont il dispose. Le fief entre progressivement dans l'héritage des vassaux. La cérémonie de l'hommage était alors brièvement répétée avec l'héritier, mais de plus en plus le fief devient aliénable, notamment avec le droit de relief. [...]
[...] Dans sa lettre, Fulbert précise bien que le service négatif n'est pas suffisant pour être à la hauteur du serment ; un vassal se doit d'apporter fidèlement le conseil et l'aide à son seigneur s'il veut être digne de son bénéfice (terme utilisé pour désigner le fief lors de l'époque carolingienne). L'enchevêtrement des liens vassaliques, dû à cette soif de fiefs, posera de gros problèmes. On a donc crée la notion de ligesse au milieu du XIe siècle, applicable lorsque les seigneurs d'un même vassal se font la guerre entre eux : le vassal doit choisir son camp. Grâce à cette fidélité prioritaire (souvent la plus ancienne) il pourra décider pour lequel de ses protecteurs il va se battre. [...]
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