« Le droit, la force et la justice ». Tels sont les conditions de « l'équilibre nécessaire à toute action internationale », définies par le ministre français des affaires étrangères, Dominique de Villepin, au cours d'un discours le 27 mars 2003. Ou plutôt s'agit-il du droit par la force pour la justice : le droit pour se garantir de l'arbitraire, et la force pour appliquer le droit. La justice, comme objectif des relations internationales, conformément à l'idée universelle que la justice est la première des vertus, celle qui permet toutes les autres : la justice internationale porte en germe l'amitié des peuples et la prospérité des économies. Ainsi, pour Dominique de Villepin, la force est là pour garantir l'application du droit en vue de la justice ; tout autre emploi de la force est indésirable. En effet, « seul (…) le respect du droit donne à la force la légitimité nécessaire. » Le représentant du gouvernement justifie ainsi le refus de l'Etat français de participer à la guerre en Irak.
Le sentiment commun qui tend à postuler que la force fonde l'injustice, et que le droit doit être basé sur la raison, doit en effet être dépassé. Le droit refuse certes la violence, mais l'homme n'a-t-il pas « été taillé dans un bois si tordu qu'il est douteux qu'on en puisse jamais tirer quelque chose de tout à fait droit » ? L'homme n'obéit pas en toute chose et en tout lieu à la seule raison ; et c'est d'ailleurs justement quand l' « homo oeconomicus » cher aux économistes classiques agit conformément à ce que ces mêmes économistes appellent, sans doute à tort, la « rationalité », c'est-à-dire la recherche de son intérêt particulier, que l'action à l'encontre d'autrui est légitimée ! Alors l'existence de règles impératives et universelles, appliquées si nécessaire par la force, semble nécessaire au sein d'un Etat qui prétend au « monopole de la violence légitime ».
La possibilité de recourir à la force est caractéristique de la norme de droit, norme obligatoire, qui se distingue en cela de la simple prescription morale. Le droit n'existe que dans l'intention de dépasser la rationalité individuelle en créant l'artifice d'une rationalité collective, sociale : l'Etat, incarnation de la raison, dans la perspective hégélienne. Ainsi, le droit contraint l'individu à un exercice restreint de sa liberté pour établir un système finalement préféré par l'individu. Cette contrainte universelle passe nécessairement par une potentialité de violence exercée par la collectivité sur l'individu, violence institutionnalisée par le droit et exercée par les « forces de l'ordre ».
Cette force du droit, pourtant, ne doit pas être sans limite. Les régimes totalitaires, qui ont tenté de contrôler l'homme dans tous les domaines de sa vie, sont condamnables car contraires à la nature humaine. Une force totale sur l'homme n'est pas pensable, même d'un point de vue purement pragmatique : Machiavel a montré les limites de l'usage de la force et la nécessité pour le Prince de se faire aimer par les citoyens. Le droit a besoin de la force, mais la force ne suffit pas à le légitimer. D'autres concepts doivent alors être introduits : la justice, la légitimité.
[...] Le droit, instrument de domination de classe (Marx) II. Le droit, un fondement insuffisant du droit 1. Le droit protecteur 2. Nécessité ou légitimité ? I. Un droit nécessairement fondé sur la force Le droit a la force pour moyen d'action. Ainsi peut-on voir en lui un formidable outil de domination Le droit, force absolue du Léviathan (Hobbes) A l'origine du droit est la violence, et particulièrement le refus de la violence par les hommes. [...]
[...] La loi doit assurer la sûreté de l'association mais ne pas aller au-delà. Bref, Constant reconnaît que les citoyens possèdent des droits individuels indépendants de toute autorité sociale ou politique, et toute autorité qui viole ces droits devient illégitime Contrairement à Hobbes et à Rousseau, Constant reconnaît un droit de l'individu de désobéir à une loi qui, dépassant le champ de compétence de l'Etat, serait illégitime. Le droit est assujetti à des principes éternels de justice ou de pitié, que l'homme ne peut cesser d'observer sans démentir sa nature Ainsi, la loi, qui se voyait vénérée par la Déclaration universelle des droits de l'homme et du citoyen en ce qu'elle était l'expression de la volonté générale (art. [...]
[...] Pas plus que Rousseau, Marx ne prend en compte l'individu au sein de la collectivité. Négation de l'individu qui est sans doute à l'origine de la dérive en dictatures totalitaires terribles, des différents régimes politiques du XXème siècle se réclamant du marxisme. II. Le droit, un fondement insuffisant du droit Légitimé par un consensus social quant à la nécessaire exclusion de la violence du champ politique, le droit est pourtant toujours fondé sur la force, celle de la domination totale de l'individu (chez Hobbes), de la majorité (chez Rousseau) ou d'une classe (chez Marx), car il est avant tout l'objet et le fruit d'un pouvoir de l'Etat sur l'individu. [...]
[...] L'important est que tout le monde roule du même côté : ce qui importe avant tout est l'existence d'un droit qui, quelle que soit son origine, est capable d'harmoniser les volontés individuelles. Le droit est alors une pure construction de l'esprit, qui contient toujours au moins une part d'arbitraire. La légitimité du droit découle de la nécessité, pour une société évoluée, de se doter d'un droit qui soit respecté. C'est-à-dire que la légitimité du droit découle, au moins partiellement, de sa mise en œuvre par la force. [...]
[...] Une force totale sur l'homme n'est pas pensable, même d'un point de vue purement pragmatique : Machiavel a montré les limites de l'usage de la force et la nécessité pour le Prince de se faire aimer par les citoyens. Le droit a besoin de la force, mais la force ne suffit pas à le légitimer. D'autres concepts doivent alors être introduits : la justice, la légitimité. I. Un droit nécessairement fondé sur la force 1. Le droit, force absolue du Léviathan (Hobbes) 2. Le droit, volonté absolue de la majorité (Rousseau) 3. [...]
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