Le document en présence est une ordonnance du Roi Louis XII. Ce dernier, Roi de France entre 1137 et 1180, fût considéré comme un roi très pieux - et en cela gagna le soutien du clergé - mais continua également le travail d'émancipation de son père, Louis VI, en favorisant la nomination d'évêques plus favorables à la Couronne qu'à Rome, et en encourageant l'autonomie des villes, qui peu à peu affaiblit la seigneurie. Cette ordonnance royale établit la "Paix de Dieu", la paix pour dix ans au sein du royaume de France, en 1155. En document officiel, il est destiné certes à tous les vassaux et ecclésiastiques en présence, mais aussi à l'ensemble des juristes, légistes et sujets du Roi (...)
[...] En quoi l'ordonnance de Louis VII de 1155 marque-t-elle un tournant dans la place du monarque en France ? Car la monarchie est jusque là soumise aux seigneurs et au clergé, et le Royaume de France est un patchwork sur lequel aucun Roi n'a plus régné depuis les Carolingiens mais Louis VII marque au fer l'émancipation royale à laquelle travaillait déjà son père (II). I. Une monarchie soumise dans un royaume désuni Le pouvoir monarchique est, en 1155, fortement concurrencé, et presque écrasé par les autorités locales, comme les grands seigneurs ou le clergé, qui appliquent leur propres règles et font fis du Roi Face à la fragmentation que cela entraîne, Louis XII réagit en instaurant la Paix de Dieu A. [...]
[...] Il est légitime de penser que ce mouvement ecclésiastique est en partie une arme contre les grands seigneurs, qui grossissent leurs autorités au fil de leurs victoires militaires. Or, si l'Eglise ne se sent pas particulièrement menacée par des monarques en manque d'autorité, elle cherche à s'émanciper de l'autorité seigneuriale. Pour Louis VII, comme pour les archevêques, la Paix de Dieu est un moyen de pacifier le pays muselant les seigneurs de l'unifier, pour une reconquête d'autorité plus efficace. II. L'émancipation royale En s'inspirant des traditions ecclésiastiques mais surtout carolingiennes Louis VII marque définitivement sa volonté d'émancipation. [...]
[...] Il jouit de prérogatives particulières et propres à lui, qui ne sont pas un supplément de pouvoirs, mais bien des attributions propres à cet organe particulier qu'incarne le monarque. Louis VII, même s'il n'a pas reconquis le pouvoir qu'avaient les Rois mérovingiens, affirme là sa volonté de fermir et de se restaurer à la tête de royaume. L'ordonnance de 1155 marque posteriori --l'un des premiers coups de grâce portés au système féodal. Car, les Rois, s'affirmant de plus en plus limiteront par là même les autorités locales. Se faisant, l'absolutisme se bâtira sur ces racines dans les siècles à venir. [...]
[...] Le principe de suzeraineté en filigrane Le Roi affirme sa différence avec les seigneurs. Choisi par la grâce de Dieu seul apte à réunir un Concile avec la seigneurie et le clergé. Il a le pouvoir d' ordonner Lui ne jure pas, contrairement aux seigneurs, et même aux hommes d'Eglise. Car, déjà, les légistes royaux s'appuient sur le principe même de la féodalité pour restaurer l'autorité monacale, à travers le principe de suzeraineté. Le Roi est le seigneur des seigneurs. [...]
[...] Dès le début de son ordonnance, Louis VII montre la domination ecclésiastique dont il est l'objet. En effet, il commence son ordonnance par A la demande du clergé ce qui diminue d'emblée son pouvoir d'initiative. Cela s'explique en partie par le fait que le royaume est rongé par les guerres interseigneuriales, auxquelles se sont joints les Rois, alors que l'Eglise, elle, est restée en retrait, gagnant en autorité spirituelle auprès des populations, premières victimes des exactions baronnales. Autre signe d'indépendance de l'Eglise : les membres du clergé présents n'ont pas juré comme les nobles, mais promis devant les reliques sacrées, rappelant ainsi leur non soumission au pouvoir temporel, alors même que le Saint-Siège est en pleine restructuration et conquête de pouvoir. [...]
Bibliographie, normes APA
Citez le doc consultéLecture en ligne
et sans publicité !Contenu vérifié
par notre comité de lecture