L'interprétation est l'acte par lequel le juge interprète une norme supérieure afin d'en appliquer le contenu à l'espèce donnée. Ainsi, dire du juge qu'il doit interpréter une norme, c'est admettre que celle-ci n'a pas d'application automatique. On peut rappeler à cet égard que Kelsen n'a pas la prétention comme les rationalistes du XVIIIe (Montesquieu, Condorcet) de faire du juge « la bouche automatique de la loi et de la règle supérieure ».
La systématicité n'est pas la condition d'existence de la règle, mais seulement la condition de sa validité juridique. Donc au sens de Kelsen, le juge peut créer le droit pourvu qu'il se conforme aux règles supérieures. Cette théorie de l'interprétation va avoir pour conséquence de fixer le sens de la loi une fois pour toutes au moment de sa promulgation.
[...] Ricoeur s'élève contre une approche plus formaliste du droit et de la justice; il reproche en effet à la théorie procédurale de trop limiter le lien social à une pure distribution des biens. Selon lui, toutes les pensées qui rabattent/réduisent la justice sur le formel (Habermas) se condamnent à perdre ce qui fait le coeur même de l'idée de reconnaissance. Au-delà de l'intérêt calculé, au-delà du pacte sécuritaire, il faut réintroduire la reconnaissance mutuelle dans la politique et dans le droit. Pour cela, il repart de la notion aristotélicienne afin de donner une traduction possible de cette idée. [...]
[...] Les auteurs sont principalement M. Sandel, M. Walzer. Sandel met en exergue la dimension collective de la vie de l'individu afin de substituer au moi désincarné un être situé, c'est-à-dire un être situé dans la réalité empirique. Walzer n'adhère pas à la conception utilitariste et universaliste du droit qui selon lui est inadaptée à la société complexe de la fin du 20ème siècle. Il propose d'abandonner les conceptions universelles de la justice sur laquelle s'est bâtie la société américaine et de repenser les idéaux démocratiques et libéraux dans le sens du pluralisme. [...]
[...] C'est cette idée que la résolution de l'antagonisme classique entre égalité et liberté suppose une conception régénérée de la justice comme équité. Un principe de différence vise à réduire les inégalités par la distribution d'avantages économiques et sociaux même si le principe de liberté comme garantie même des droits individuels/inaliénables doit l'emporter. Comme le dit Rawls, On ne peut restreindre la liberté qu'au profit de la liberté Cette conception sociale de la démocratie reste assise sur un socle libéral; en effet, il existe des inégalités compatibles avec le respect de la dignité humaine et de la justice. [...]
[...] A partir de là, la finalité de l'acte de juger constitue, bien plus que la sécurité, la paix sociale. C'est cette idée que l'acte de justice doit être décomposé entre deux éléments: d'une part la neutralisation de la vengeance privée et le rétablissement d'une stricte équivalence et d'autre part l'apparition, l'ouverture d'un nouvel espace à chacune des parties. En effet, les parties au procès, comme l'indique le terme même de partie, sont toujours comprises par rapport à un tout, à savoir la totalité sociale. [...]
[...] Ric?ur et l'idée de reconnaissance mutuelle Selon P. Ricoeur (1913 - 2005), il faut penser la justice à partir de l'idée de mutualité qui dépasse/excède la réciprocité du fameux contrat social libéral. Cette justice, qu'il appelait re-constructive, trouve son principe dans une équivalence qualitative et non pas quantitative entre les personnes et qui pousse le droit en dehors de lui-même, c'est-à-dire en lui assignant une finalité extra-juridique. Ricoeur va expliquer que ce qu'il appelle la reconnaissance mutuelle ne se confond pas avec la justice parce qu'elle en est plutôt la condition. [...]
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