Nation, entité naturelle, philosophie allemande, Ernest Renan, communauté de langue, nationalisme, Max Weber, marqueurs identitaires, récit national, Etat-nation
Selon Ernest Renan, "La Nation est une âme, un principe spirituel".
Mais quelle est-elle réellement ? C'est ce à quoi Ernest Renan a tenté de répondre lors de sa conférence à la Sorbonne en 1882. Si cette notion a été développée à de nombreuses reprises, la confusion autour de ce concept reste encore aujourd'hui très importante. La Nation provient du latin nascere qui signifie naître. Ce terme peu présent au Moyen Âge pouvait désigner, comme l'explique Colette Beaune, "des groupes différents : universitaires, ecclésiastiques, économistes".
[...] L'appartenance à la Nation est ici volontaire, et résulte d'un choix. Elle reste tout de même naturelle puisqu'il ne s'agit pas d'une appartenance qui est imposée. L'opposition entre les deux conceptions peut être nuancée. La distinction entre les différentes argumentations se retrouve plus ambigüe, notamment à travers le développement de nombreux mouvements nationalistes du milieu du 19[e] siècle, car ces deux notions sont élaborées autour de la conception naturaliste. Ainsi, Maurice Barrès affirme que le nationalisme, c'est l'acceptation d'un déterminisme . [...]
[...] Elle est directement issue de la nature est n'est donc pas liée au travail de l'homme. Il faut alors rechercher si cette dynamique au sein d'une communauté se fait spontanément, si elle doit être considérée comme un consentement tacite, ou alors si elle est créée et imposée ? Il faudra voir pour cela dans un premier temps en quoi la Nation peut être liée à un phénomène naturel pour se demander ensuite en quoi cette conception peut être remise en cause (II). [...]
[...] Il peut donc être fait état ici d'une construction de la Nation, dans la mesure où ce qui fait exister la Nation est de prime abord la construction de la croyance de son existence elle-même, à travers la définition de limites humaines et/ou territoriales, comme la désignation de frontières historiques ( le Kosovo berceau de la Nation ou encore la définition d'une langue historiquement liée au groupe. Mais c'est aussi la construction de la communauté elle-même. Il s'agira ici de faire advenir cette communauté de traits ou de caractères communs : une langue commune, un passé commun, des marqueurs identitaires (drapeaux, hymnes, monnaie), ou encore un patrimoine culturel (architectural, folklorique). [...]
[...] Les langues nationales sont souvent construites ou définies à partir d'une des multiples langues en usage dans le groupe constitué en Nation. Mais ce processus de sélection-invention s'observe au-delà de la langue pour nombre d'éléments constitutifs de l'identité nationale. Pour ce qui concerne l'histoire nationale, elle conduit à mettre en lumière ou laisser dans l'ombre certains événements ou personnages selon qu'ils confortent et illustrent le récit national, ou à l'inverse, qu'ils viennent le contredire ou s'y intègrent mal. Ainsi, l'histoire de France qui forme un des éléments centraux de l'enseignement primaire devenu obligatoire, apparaît comme la mise en récit d'une marche ininterrompue, de la Gaule à la France, vers l'unité et la souveraineté, en mettant l'accent sur toutes les phases d'unité territoriale (Vercingétorix, Clovis, Charlemagne, Charles VII), comme les symboles de l'indépendance nationale ou de la lutte pour la conquérir, la défendre ou la retrouver (du Guesclin, Jeanne d'Arc). [...]
[...] L'exemple des États-nations est visible des empires austro-hongrois et ottoman. L'affirmation ou la revendication de l'État-nation permettent d'éclairer la nature du nationalisme d'une part, qui est essentiellement un principe politique qui affirme que l'unité et l'unité nationale doivent être congruentes. D'autre part, le sentiment nationaliste, sentiment de colère que suscite la violation de ce principe ou le sentiment de satisfaction que procure sa réalisation. C'est soutenu par ce principe politique qu'un nouveau type d'Etat apparaît dans le courant du 19[e] siècle, et s'impose comme le modèle étatique dominant, et comme le seul État légitime ou concevable : l'État-nation. [...]
Bibliographie, normes APA
Citez le doc consultéLecture en ligne
et sans publicité !Contenu vérifié
par notre comité de lecture