Héritière de la tradition d'aide (auxilium) et de conseil (consilium) que le vassal doit à son suzerain, la « curia regis » médiévale correspond à la cour féodale entourant le roi, au même titre que la « curia » qui entoure chaque grand seigneur. En effet, au début du Moyen Age le roi n'est qu'un seigneur parmi les autres, distingué seulement d'abord par l'élection, puis par le sacre. Cependant, à partir de la fin du XIIe siècle, époque où le domaine royal s'étend considérablement et où l'autorité royale s'impose de plus en plus, la cour du roi se trouve alors saisie d'affaires plus nombreuses et plus techniques, d'ordre politique, administratif ou judiciaire. Les princes de sang et l'aristocratie y siègent, au titre de leur devoir de conseil au roi, mais également un personnel compétent et spécialisé pour régler les questions techniques : des clercs, des bourgeois, et surtout des légistes.
Ainsi, au 13e et 14e siècle, surtout à partir de 1260 la cour se disloque du fait de spécialisations de plus en plus pointues. A partir de la curia regis se forment trois instances : la « curia in concilio » deviendra la cour du roi, « la curia in compotis » qui deviendra la chambre des comptes et enfin la « curia in parlamento » qui consiste en la cour de parlement.
[...] Ce dernier, composé des ministres, centré sur le roi, est avec le contrôleur général des finances chargé du contentieux des provinces et des colonies, des procès entre les particuliers et les administrations. Cet organe va croitre, en particulier au XVIIIe siècle. En ce qui concerne le Conseil des finances, les ressources sont très réduites et largement insuffisantes pour faire face aux besoins de la couronne surtout pendant les guerres menées par Louis XIV. Cette création marque le passage flagrant d'un Etat de justice à un Etat de finance. Ce conseil est composé du roi, parfois du Chancelier et surtout le contrôleur général des finances. [...]
[...] Il serait toutefois naïf de négliger l'influence morale que le conseil peut avoir sur la personne du roi. En réalité, la composition et le fonctionnement du conseil du roi dépendent plus ou moins de la personnalité de ce dernier : de 24 sous Henri III après l'édit de 1578 à plus de 120 au lendemain de la réforme de 1644. Le conseil ne dispose d'aucun pouvoir propre : il ne faut jamais oublier que le roi a toujours le dernier mot, et peut casser les arrêts de règlements des parlements par un lit de justice en se déplaçant en son Conseil. [...]
[...] De plus , les théories des Lumières ont fortement ébranlé sa légitimité, puisque si on adhère à Montesquieu déclarant que« pour éviter le despotisme, il est indispensable de ne pas confier les trois fonctions à un même organe. gouvernement par Conseil était loin de respecter ce principe. Pourtant, le fait que l'institution de Conseil d'Etat ait été reprise après la Révolution et perdure toujours aujourd'hui , sous une forme très différente certes, montre bien que les premières ébauches de notre droit administratif positif se situent dans l'Ancien Régime. [...]
[...] D'un autre côté,les conseils portant le nom de conseil d'Etat privé, finance et direction »sont chargés de l'administration de la justice. Le roi y participe, mais en pratique souvent ces Conseils sont souvent présidés par le chancelier. Cet organe sera vite concurrencé par le conseil royal des finances et le conseil des parties qui exerce la justice retenue du roi. Le Conseil du Roi est donc l'impulsion de la politique royale cumule les fonctions gouvernementales, administratives et judiciaires, il y a bien concentration des pouvoirs voire confusion des pouvoirs. [...]
[...] Dès lors, il semble délicat de parler de monarchie absolue puisque toutes les décisions essentielles du royaume passent par le conseil, et donc ne dépendent pas de la volonté uniquement arbitraire du roi : certes, ce dernier a le dernier mot, mais l'influence de l'étude des affaires en conseil n'est pas à négliger. En effet, absolue vient du latin Absolutus signifiant littéralement sans lien Il exprime la séparation, la privation de tout lien. Il n'a donc rien à voir avec le sens péjoratif accolé par les libéraux du XIXe siècle. La monarchie absolue ne doit pas être confondue avec un pouvoir dictatorial, tyrannique, mais au contraire être entendue comme qualifiant un roi sacré, qui détient son pouvoir de dieu à qui il doit rendre des comptes. [...]
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