A partir de la fin du XIème siècle, une nouvelle forme d'alliance apparaît, il s'agit du mariage dit grégorien qui repose sur quatre principes fondamentaux, à savoir l'unicité du mariage et la monogamie, ce qui sous-entend l'interdiction du divorce et du concubinage ; mais aussi l'indissolubilité du mariage ainsi que l'obligation du consentement mutuel des époux, ce qui permet à l'Eglise de s'opposer aux stratégies matrimoniales des familles pour lesquelles le mariage est, en général, plus une affaire de raison et un moyen de renforcer les alliances, qu'une affaire de sentiments. Ceci sans oublier le dernier principe qui est celui du mariage exogamique, interdisant d'épouser un parent en deçà du septième degré, puis après le concile de Latran IV en 1215, en deçà du quatrième degré (...)
[...] Toutefois, Gratien rappelle que bien qu'il y ait consentement de part et d'autre, le statut juridique des personnes joue également un rôle prépondérant dans la formation du mariage. A. Les empêchements à mariage Sur le statut juridique des personnes, Gratien rappelle les principes de base qui sont l'âge des époux et les empêchements au mariage, La jeune fille doit avoir 12 ans et l'homme 14 ans. Il y a beaucoup d'empêchements au mariage : la consanguinité et la parenté, le voeu prononcé et la condition ; l'âge, le crime et la frigidité naturelle. L'Eglise, à cette époque, va faire de l'exogamie du mariage son cheval de bataille. [...]
[...] Les degrés de parenté rendant impossible le mariage étaient si étendus que cela permettait de contourner l'indissolubilité du mariage. L'empêchement s'étendait jusqu'au septième degré de parenté canonique c'est à dire quatorze degrés de notre droit civil. De plus, on ne se détermine pas sur les dires des intéressés pour déterminer le degré de parenté mais sur des tiers non partie prenant, ce sont les évêques qui prennent les choses en main car le clergé inférieur pouvait être influencé. L'empêchement s'étend au 4ème degré canonique depuis le IVème Concile de Latran de 1215 Ces empêchements de consanguinité et de parenté» sont étendus à la parenté spirituelle, née de la participation à un baptême qui donne une nouvelle vie : ainsi le mariage est interdit entre parrain et marraine d'un même enfant, entre parrain et filleule mais aussi entre les enfants du parrain ou de la marraine avec le filleul. [...]
[...] Le consentement des parents n'est pas nécessaire, mais juste utile pour rehausser l'honnêteté du mariage, comme le précise Gratien le premier engagement ait été contracté avec le consentement des parents ou non. Le mariage n'est pas un acte public et solennel. La validité ne requière pas que le consentement soit échangé devant un curé ou des témoins mais il peut être accompagné de rites religieux. Ainsi pour lutter contre les mariages clandestins, faciliter la publicité et la preuve du mariage, l'Eglise encourage les mariages in facie ecclesiae comportant publication des bans, échange public des consentements, bénédiction nuptiale. [...]
[...] Ceci sans oublier le dernier principe qui est celui du mariage exogamique, interdisant d'épouser un parent en deçà du septième degré, puis après le concile de Latran IV en 1215, en deçà du quatrième degré. Ces principes ont été approfondis par les canonistes et en particulier par le moine camaldule Gratien, enseignant à Bologne qui est l'auteur du fameux Décret de Gratien dont le texte que nous avons à commenter est tiré. Ce Décret de Gratien est l'œuvre majeure du droit canonique rédigé entre 1140 et 1150, et qui a fait autorité jusqu'au Code de droit canonique de 1917. [...]
[...] Gratien expose ensuite une autre cause au mariage, à savoir que le mariage est un remède contre la convoitise, Ensuite, une cause fut ajoutée, à savoir que la fornication soit évitée : "Pour que la fornication soit évitée, chacun doit vivre avec son épouse." L'union charnelle doit, selon l'Eglise qui régente donc la mentalité médiévale, n'avoir lieu que dans le cadre du mariage et dans l'intention de procréer. Toute relation charnelle hors du mariage est un péché. Ce point de morale chrétienne est essentiel dans l'histoire du mariage, car il est en totale contradiction avec les usages en vigueur. Dans l'Antiquité et chez les Barbares, seul l'adultère de la femme était répréhensible. Ici, l'adultère de l'homme est une faute aussi grave que celui de la femme. Les époux se doivent mutuellement fidélité. [...]
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