A l'apogée de la monarchie de juillet, la société française semble comprendre la gravité de la question sociale.
Le XIXe siècle est marqué par un vaste mouvement d'industrialisation. Au principe du système commensal fondé sur des liens affectifs entres patrons et ouvriers, se substitue celle du phénomène de concentration basé sur une logique de productivité intense sans fin, rejetant tout rapport direct entre l'employeur et son salarié. La productivité de masse, combinée à une absence quasi totale de règles juridiques de protection des salariés, conduit les ouvriers à avoir des conditions de vie très difficiles ; ils travaillent excessivement, dans des conditions de sécurité et d'hygiène destructrices, moyennant des salaires dérisoires. Par ailleurs, les employeurs font systématiquement en sorte, par le biais de règlements intérieurs stricts, de lier les ouvriers à leur usine, les rendant dépendants et les empêchant ainsi de s'en échapper. C'est dans ce contexte que de nombreux ouvriers se sont soulevés en 1831 contre ces injustices au sein d'un mouvement communément appelé « l'insurrection des canuts » qui a fait de nombreux morts. L'Etat est alors intervenu dans les relations de travail qui existent entre les employeurs et ouvriers en fixant « un tarif » qui correspond à un salaire minimum. Les fabricants se sont soulevés en invoquant le fait que l'Etat n'a pas le droit d'intervenir dans les transactions entre employeurs et salariés, qui ne peuvent qu'être le fruit d'une libre négociation. L'Etat a abdiqué en faisant droit aux employeurs. Cette intervention de l'Etat est donc restée vaine.
[...] Une loi restreinte et contournable La loi du 22 mars 1941 n'est applicable qu'aux enfants ouvriers, ce qui limite considérablement son champ d'application. En tout état de cause et quand bien même elle ne concernerait que les enfants ouvriers elle constitue un premier pas vers une législation à vocation protectrice des salariés. Et à contrario limitative des pouvoirs discrétionnaires des employeurs. Au-delà de son caractère restreint, cette loi est en outre contournable. En effet, aucun corps d'inspection du travail n'est mis en place pour surveiller l'application effective de la loi. [...]
[...] Ces lois sont donc un palliatif aux carences de la loi du 22 mars 1941 puisqu'elles permettent de détecter d'éventuels manquements aux règles juridiques et ainsi de les sanctionner. Par ailleurs, depuis le décret du 28 mai 1848, il y a une égalité de nombre entre les ouvriers et les patrons au sein du Conseil des prud'hommes. Ainsi, les décisions de cette juridiction sont plus impartiales et permettent de sanctionner désormais tout manquement à la loi. La loi du 22 mars 1941 a donc été le point de départ d'une protection de plus en plus accrue des salariés. [...]
[...] Les lois ultérieures ont permis dans un premier de temps de corriger les injustices nées de l'application des lois élaborées au profit des employeurs. Dans un deuxième temps, elles ont vocation à assurer de mieux en mieux la protection des salariés en améliorant leurs conditions de travail (ex. : Accords Matignons de 1936, lois Auroux de 1982) et en leur assurant une protection juridique réelle (ex. : instauration en 1973 de la cause réelle et sérieuse comme condition du licenciement). [...]
[...] Ses relations extérieures avec la basse population justifient de telles allégations. C'est ainsi que les patrons voient dans leur mission le besoin de civiliser ces barbares ce qui se traduit par l'élaboration de règles très strictes concernant leurs conditions de travail. Cette justification est à mon sens un leurre qui leur permet de légitimer leur soif de pouvoir. Les ouvriers sont coupés de l'extérieur par l'instauration d'un mur juridique entre l'usine et son environnement. Ils sont constamment soumis à une exigence de productivité incessante, c'est-à-dire à une logique de rapidité et d'intensité de travail, sous peine de sanctions prononcées sous la forme d'une amende exorbitante au mieux ou du licenciement au pire. [...]
[...] C'est ainsi que le législateur, le 22 mars 1941, a fait entrer en vigueur une loi relative aux conditions de travail des enfants. C'est la première fois qu'il intervient en faveur de la protection exclusive des salariés. Cette loi restreint les types d'usines dans lesquels les enfants ont le droit de travailler, consacre un âge de huit ans minimum pour l'accession des enfants à la profession d'ouvriers, limite leur temps de travail et leur interdit le travail de nuit. Cette loi marque le point de départ d'une infinie législation. [...]
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