La théorie du droit est toujours un peu maladroite à servir la justice. La justice reste assez largement une oeuvre de praticiens. Le droit bien sûr peut toujours servir d'objet de réflexion mais sa pratique judiciaire est souvent rétive à l'exercice théorique. Cette impuissance à saisir la vie du droit se constate chez les plus grands penseurs. Leur nom, cependant, résiste au temps avec souvent plus d'éclat que ceux des obscurs mais efficaces praticiens (...)
[...] Le plus grand nombre des disciples de CUJAS se contentent assez médiocrement de ressasser ces opinions savantes, savantes et impraticables. Seuls de rares et talentueux disciples marqués par leur maître tacheront de perpétuer utilement son héritage. Antoine LOISEL en fait partie. B LOISEL LOISEL est l'homme des transitions. Il va assurer celle du Moyen-Age et de l'époque moderne, et surtout, il va réussir pour les sources du droit à concilier la théorie juridique, celle de son maître CUJAS, et la pratique judiciaire. [...]
[...] L'axiome, le proverbe juridique est le moule dans lequel il va couler ses principes. Les 908 formules de son œuvre ne sont pas toutes de lui mais il contribue à marquer les mémoires de générations de praticiens et de générations d'étudiants. Qui veut le roi, si veut la loi. Il s'agit d'une citation. Le roi ne meurt jamais. Le mort saisi le vif. L'habit ne fait pas le moine mais la profession. Donner et retenir ne vaut. Il faut mieux un tien que deux tu l'auras. Témoin passe lettre. [...]
[...] L'interpretatio constitue le but ultime de l'étude pour découvrir le vrai sens des lois romaines. Il se montre jurisconsulte dans cette étape. Ce vrai sens doit, selon CUJAS, aider à la pratique pour améliorer le droit et la science du droit. Son œuvre est surtout savante. Elle a une valeur historique. Elle montre que chaque civilisation a une loi propre. Ceci finalement ne sert pas vraiment la vie du droit. En effet,les praticiens ont besoin de textes solides pour leur solution. Ils n'ont pas besoin de connaître les vicissitudes des traditions de leurs sources. [...]
[...] Cet ouvrage influence beaucoup de théoriciens dont MONTESQUIEU. L'expression esprit des lois vient de DOMAT. Et pourtant, DOMAT n'a pas été bien compris ni bien suivi. On retient de DOMAT le rationalisme formel, la mise en ordre du droit. Mais, les fondements spirituels qui traversent toute sa pensée, pensée presque mystique, contribuent finalement à la dévaluation d'une œuvre qui apparaît à cause de cela un peu inadaptée. A la mort de DOMAT en 1696, seules lui survivent ses théories sur les contrats ou la responsabilité, théories efficacement reprises par les rédacteurs du Code Civil. [...]
[...] LOISEL a réussi, beaucoup mieux que CUJAS, à préparer la modernité théorique du droit. II La théorie moderne et contemporaine de la justice Pour illustrer les théoriciens de la modernité, le choix est influencé par la codification de 1804. L'auteur qui médite la genèse du Code Civil, l'auteur qui dessine les théories du contrat, de la responsabilité s'appelle DOMAT. Il prépare le mieux la codification et après la codification de 1804, pour la dépasser, la pensée de SALEILLES. A DOMAT Alors que CUJAS habite encore l'Antiquité, alors que LOISEL n'arrive pas encore à s'extirper des traditions coutumières, DOMAT résolument, travaille pour la société de son temps. [...]
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