Entre le XIIe et le XIVe siècle, la souveraineté royale se déploie sur les plans internationaux et internes. Il s'agit d'affirmer l'indépendance du royaume de France à l'égard des deux pouvoirs qui prétendent à l'hégémonie : l'Empire et la papauté. Contre les juristes impériaux, les légistes français font flèche de tout bois, utilisant même le droit canonique, afin de rendre équivalentes les dignités royale et impériale. Longtemps après la victoire de Bouvines de 1214, qui consacre par les armes l'indépendance capétienne, les juristes français auront à cœur de contrecarrer tout empiètement sur la souveraineté royale.
La querelle avec la papauté se noue sous le règne de Philippe le Bel et l'oppose à Boniface VIII. En deux phases aiguës, le conflit se résout au profit de la royauté française et débouche sur le gallicanisme, théorie qui fait du roi le protecteur de l'Eglise de France. Au plan interne, le déploiement de la souveraineté royale accompagne l'agrandissement territorial et le développement de l'appareil administratif, au niveau central avec la spécialisation des tâches du conseil du roi et au niveau local avec la création des baillis et sénéchaux. Par ailleurs, la royauté entretient à partir du XIVe siècle un dialogue avec la nation par le biais des états généraux dont elle fait l'instrument par « grand conseil ».
[...] On se sert d'ailleurs de la philosophie d'Aristote, redécouverte au XIIIe siècle par Albert le Grand et Saint Thomas d'Aquin. Ainsi, dans son De potestate regia et papali écrit en 1303, Jean de Paris utilise l'argument aristotélicien selon lequel l'organisation politique est un phénomène naturel pour justifier la nécessité de la pluralité de pouvoirs, le rejet de toute idée de domination universelle, impériale ou pontificale, et la légitimité de la royauté, seule forme de pouvoir concevable en France. La fin dramatique de Boniface VIII, acculé à la défensive, trahi par la noblesse romaine, réfugié à Anagni et que l'envoyé de Philippe le Bel, Guillaume de Nogaret, ira jusqu'à souffleter, consacre le triomphe du parti de l'Etat. [...]
[...] Section 1 Le roi empereur en son royaume : la dimension internationale Sur la scène internationale, le royaume de France doit affirmer son indépendance face aux prétentions universalistes de l'Empire et de la papauté. 1. L'indépendance du roi vis-à-vis de l'Empereur germanique En mettant en échec les prétentions impériales à l'hégémonie, les Capétiens assurent l'indépendance du royaume. A. Les prétentions impériales à l'hégémonie En 962, dans l'ancienne partie orientale de l'empire carolingien, dévolue à Louis le Germanique par le traité de Verdun, le duc de Saxe Otton Ier avait relevé la dignité impériale au profit de sa dynastie. [...]
[...] L'indépendance du royaume de France Entre le XIIe et le XIVe siècle, la souveraineté royale se déploie sur les plans internationaux et internes. Il s'agit d'affirmer l'indépendance du royaume de France à l'égard des deux pouvoirs qui prétendent à l'hégémonie : l'Empire et la papauté. Contre les juristes impériaux, les légistes français font flèche de tout bois, utilisant même le droit canonique, afin de rendre équivalentes les dignités royale et impériale. Longtemps après la victoire de Bouvines de 1214, qui consacre par les armes l'indépendance capétienne, les juristes français auront à cœur de contrecarrer tout empiètement sur la souveraineté royale. [...]
[...] En fait, en réunissant les états généraux, le roi de France convoque, quand il l'estime nécessaire, ses vassaux ecclésiastiques, nobles et roturiers. Il exige de ce fait au niveau national ce que tout seigneur est en droit d'exiger de ses vassaux, à savoir aide et conseil. La représentation des trois ordres juridiques composant la nation française est imparfaite. En effet, ne sont convoqués que les prélats, les principaux barons et les délégués des bonnes villes. Le bas clergé, la petite noblesse et le peuple rural ne sont pas concernés. [...]
[...] C'est en leur sein que le roi peut également trouver des agents qu'il charge de missions importantes nécessitant le secret. Le conseil du roi est quant à lui issu d'un démembrement de la curia régis, tout comme le parlement apparu vers 1258 à des fins judiciaires. Le conseil est l'organe politique par excellence puisque c'est en son sein que sont déterminés les grands axes de l'administration royale et élaborées les grandes décisions politiques qui concernent le plan interne comme la scène internationale. [...]
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