Si l'on définit de la façon la plus attendue qui soit les droits de l'homme, on peut affirmer qu'il s'agit de "droit inhérents à la nature humaine, donc antérieurs et supérieurs à l'Etat, que celui-ci doit respecter non seulement dans l'ordre des buts mais aussi dans l'ordre des moyens"[1]. "Les droits de l'homme accèdent donc à l'universel comme expression de valeurs communes au genre humain, (...) tout être humain, du simple fait qu'il est humain, est doté de droits inaliénables qui tous doivent être respectés"[2]
Lorsqu'ensuite on décide de penser ces mêmes droits en terme de pratique, on se rend compte que leur matérialité ne peut s'apprécier pleinement du point de vue utilitaire du fait de la difficulté reconnue de leur application.
Grosso modo donc, il existe des droits inhérents à la nature humaine, mais leur mise en place sur le plan national ou international est encore incomplète.
Sans préjuger de la valeur de cette analyse, on peut sans crainte de se tromper, affirmer que c'est ainsi que les juristes envisagent classiquement les droits de l'homme.
Deux éléments sont néanmoins nécessaires pour qu'on puisse d'abord parvenir à un tel raisonnement et qu'ensuite une contradiction suffisamment importante dénie à cette explication une valeur scientifique.
[...] Parce que les diversités culturelles n'ont plus aujourd'hui, théoriquement lieu d'être. L'ensemble des phénomènes sociaux et des besoins humains ont été passés en revue, détaillés, explicités et "assurés" par ces droits et prennent la forme aujourd'hui d'une gigantesque construction monopolistique. Tout comme finalement le capitalisme prêche la libre concurrence et s'oriente a contrario vers une structure de type monopolistique, les droits de l'homme prêchent la distinction, le respect des différences culturelles, les libertés individuelles et monopolisent les visions et lectures de l'homme profit d'une seule. [...]
[...] Pour finir et par souci d'objectivité, révéler ou saisir les droits de l'homme comme phénomène idéologique ne revient pas à nier l'importance de l'interrogation qu'ils posent. Ce questionnement sur la nature humaine, sur les relations entretenues par le groupe et l'individu, et sur la possibilité de saisissement de cet ensemble en une règle juridique appréciable, réaliste et utile nous paraît être primordial. Par ailleurs et surtout, les droits de l'homme en droit international apparaissent être aussi le résultat d'une logique antisystémique[24] et procèdent par conséquent d'une forme certaine de lutte (ou de réaction assimilable à une lutte) contre le capitalisme en général, et l'idéologie capitaliste en particulier. [...]
[...] A contrario, la réalité matérielle des individus, leur mode de vie, confrontés directement aux rapports de production ne paraîtraient être que l'avatar de la Raison, un phénomène insidieux rapporté à la relation individus/besoins particuliers, somme toute rien de fondamental. Un rien destiné à disparaître au cours de la contradiction dialectique adéquate. Or, relier ces deux sphères, c'est affirmer l'impérieuse nécessité d'analyser in concreto la vie des hommes et refuser ce raccourci saisissant qui le fait ignorer ; c'est refuser la dichotomie artificielle citoyen/homme et son cortège de conséquences philosophiques et juridiques. [...]
[...] Qu'en est-il des droits de l'homme ? Ils sont ce que l'on considère comme «l'essence historique de notre siècle[6]. Le caractère d'essentialité, c'est celui-là même qui induira le dénouement dialectique du principe social directeur (les droits de l'homme). Autrement dit, la forme simple des droits de l'homme (ici principe social), leur permet en une contradiction interne de dépasser le clivage premier, entre leur contenu idéalisé mais raisonnable et leur forme matérielle encore imparfaite. Ainsi, la volonté affichée de faire respecter les droits de l'homme, la validité objective et intrinsèque de ces droits entreraient en conflit avec les applications diverses et partielles qui en sont faites et établissent progressivement et contradictoirement une applicabilité effective et raisonnablement reconnue par tous. [...]
[...] Mais il nous faut toujours penser que nous sommes aussi les sujets du système capitaliste. Ainsi ce principe moteur se trouve dans l'histoire "effective", celle de "tous les jours", qui dépasse la question des droits de l'homme, mais qui intéresse forcément (du fait de son caractère systématique) la structure capitaliste. Et ce parce qu'il intéresse (par l'intermédiaire d'une de ses formes idéologiques particulières symbolisée ici par les droits de l'homme ) obligatoirement les relations complexes (réflexives) de reproduction et de transmission de valeurs dans le rapport des individus et de l'histoire. [...]
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