Hegel – pour qui la Réforme, la Révolution française et l'écroulement de l'Empire prussien de Frédéric II, à Iéna, en 1806, constituaient les principaux événements de l'histoire – a été injustement accusé d'être un «philosophe d'État». Ni philosophe officiel d'une monarchie autoritaire prussienne ni apologiste de la société bourgeoise libérale, Hegel a décrit l'histoire de la société civile comme l'histoire de ses antagonismes, en démontrant ce qu'elle avait d'irrationnel et en cherchant à dégager une certaine rationalité dans la société de son temps.
HEGEL demeure une incontournable référence. Car même si sa vision n'est pas la notre aujourd'hui, citons Jacques MICHEL : « HEGEL n'est pas un démocrate ! », ses ouvrages représentent une des tentatives les plus fructueuses visant à dégager une vision de la subjectivité incarnée, de la pensée, de la liberté issues du courant même de la vie, s'exprimant sous la forme de l'existence en société
...
[...] Il réalise la raison, parce qu'il parle universellement pour tous. Il réalise la liberté, car l'homme ne peut être libre que dans et par l'État (la pensée hégélienne est post révolutionnaire et il fait sienne la déclaration des droits de l'homme et du citoyen). L'Etat a donc pour but de mettre fin aux conflits. Une idée de constitution La promotion moderne des individus comme sujets de la vie politique ne peut effacer leur communauté substantielle, qui nourrit leur esprit de tout son développement historique et dont ils ne peuvent s'abstraire effectivement –comme l'a bien montré, après 1789, le destin négatif de la tentative révolutionnaire de recréer l'Etat sur des bases absolument nouvelles. [...]
[...] On n'est responsable que de ce que l'on veut ; que de ce qu'on a librement décidé. Il faut bien voir que pour la pensée moderne Œdipe n'est nullement responsable puisqu'il n'a voulu aucun de ses crimes. Être moral consiste à ne suivre non pas ses inclinations sensibles mais la loi morale. Être moral suppose une volonté bonne. Le bien et le devoir. Il faut pour être moral agir par devoir, pour le devoir. Tout ceci suit la moralité kantienne. Mais, selon Hegel, celle- ci se heurte à des impasses. Le pur moralisme est inefficace. [...]
[...] (Il est surprenant ici de remarquer l'actualité de cette analyse dans notre monde actuel où certains Etats se débattent mollement en se plaignant du manque de civisme de leurs ressortissants, tandis que d'autres ont des citoyens actifs mais avec un cadre légal qui autorise de graves débordements C'est donc bien le caractère universel de l'Etat qui va protéger à l'intérieur de son cadre les intérêts particuliers dans un droit au-dessus du droit formel 37). L'Etat assure l'unité par compénétration, de l'universalité et de la singularité (Principes de la philosophie du droit, Paragraphe 258). Une fois le cadre étatique établi, l'homme y est libre à l'intérieur. [...]
[...] Et enfin le crime : c'est la violation du droit. Mais HEGEL rappelle que le droit formel n'existe pas en soi et pour soi 36) mais reste subordonné à l'Etat. Le droit formel reste imparfait. L'important est le respect du bien de l'Etat, de l'intérêt général. Il faut trouver le droit de l'en-soi-pour- soi (expression typiquement hégélienne) qui peut supporter la négation de sa propre immédiateté, un droit qui part de l'esprit, de la conscience. Puisque le droit nécessite une morale, on peut rechercher en premier dans la morale subjective, qui correspondrait presque à la moralité kantienne. [...]
[...] La critique du système hégélien sera ensuite, pour beaucoup de philosophes ultérieurs, un moment dynamique dans l'affirmation de leur propre pensée. Kierkegaard dresse un violent réquisitoire contre Hegel à qui il reproche d'avoir conçu la philosophie en termes de concepts et d'avoir sacrifié l'intériorité à l'universel, c'est-à-dire d'avoir délaissé l'individu au profit des concepts. La mise en cause à la fois la plus radicale et la plus influente de l'hégélianisme est développée par Marx, notamment dans ses Thèses sur Feuerbach et dans l'Idéologie allemande. [...]
Bibliographie, normes APA
Citez le doc consultéLecture en ligne
et sans publicité !Contenu vérifié
par notre comité de lecture