Très longtemps, le droit a été lié à une dimension dogmatique et idéologique. Le dogme l'a souvent emporté sur la critique et le mythe l'a souvent emporté sur l'histoire. On peut résumer en disant que l'histoire de la pensée juridique a été marquée par la notion de tradition. On chercherait parmi les traditions à déterminer le vrai et le faux.
Cette distanciation nécessaire n'est peut-être pas la mieux adaptée. Il y a une autre manière, c'est de considérer historiquement ces systèmes explicatifs du droit. Emerge une première délimitation de la pensée juridique qui consiste à retracer l'histoire de la raison humaine qui s'efforce de construire la vie de l'homme en société. A ce titre, on dit que le droit est une science sociale.
Les Romains de l'Antiquité l'avait déjà perçu et exprimer par l'adage ubi sociétas, ibi jus (Là où il y a une société, il y a un droit) (...)
Sommaire
Introduction
I) Le jus naturalisme classique (Antiquité)
A. La naissance de l'ordre juridique dans le monde grec 1. Microcosmos a) Le passage de la cité à la notion de légalité b) Les lois écrites et les lois non-écrites 2. Platon et la loi a) La nature et la loi b) La finalité de la loi 3. La politeia d'Aristote a) L'observation et le système b) L'être sans l'idéal ?
B. La jurisprudence : le droit à Rome 1. La philosophie romaine a) Les principes fondamentaux du droit b) Le concept de loi c) Le droit naturel 2. Cicéron et la pensée romaine classique a) La science morale de la cité b) Justice et raison
II) Le droit naturel dénaturé ou le retour de l'homme
A. Le droit révélé : du judaïsme au christianisme 1. Droit hébraïque et tradition vétérotestamentaire 2. Le christianisme des origines a) Les évangiles b) L'attitude paulienne 3. Les Pères de l'église et la culture classique a) Le premier droit de l'église et la culture païenne b) Droit naturel et justice dans la philosophie chrétienne
B. De Saint Augustin à l'augustinisme politique 1. Saint Augustin et "la fin de la culture antique" (H-I. Marrou) a) Du Jus naturalisme au volontarisme b) Les deux cités chez Saint Augustin 2. La pensée juridique du Haut Moyen-Âge (du Ve au IXe sicèlce) a) Rome et les "Barbares" b) Les conceptions juridiques de la théocratie royale c) Le retour de la conception romaine de la loi 3. Le nouvel âge des droits savants : glossateurs et décrétistes a) La glose, la loi et le droit b) Les canonistes et le droit naturel
C. De la scolastique au thomisme 1. Le naturalisme scolastique a) La survie de la raison b) De Pierre Abélard à Saint Albert le Grand 2. Thomas d'Aquin a) Le système thomiste 3. Les doctrines volontaristes des XIVe et XVe siècles a) Guillaume d'Ockham b) Marsile de Padoue
III) Les écoles modernes du Droit Naturel et la genèse du positivisme juridique
A. La pensée juridique au "Grand Siècle" : raison, morale et liberté 1. Une matrice commune et variantes à l'anglaise a) L'abstraction : sujet et Etat absolus b) Hobbes c) Locke 2. Etat de nature et nature de l'Etat (l'école moderne) a) Grotius b) Pufendorf
B. Les Lumières : du droit naturel aux droits de nature 1. La nature et la raison des Lumières a) Lumière, Lumières b) Clarté et transparence 2. Rousseau, nature et liberté
C. L'ambigüité des transcriptions révolutionnaires 1. La loi comme fondement des droits 2. Consécration de l'homme, "sacre du citoyen" (P. Rosanvallon) a) Liberté b) Egalité 3. Les tensions entre droit naturel et loi positive 1. Interprétation légicentriste 2. Lecture jusnaturaliste
Introduction
I) Le jus naturalisme classique (Antiquité)
A. La naissance de l'ordre juridique dans le monde grec 1. Microcosmos a) Le passage de la cité à la notion de légalité b) Les lois écrites et les lois non-écrites 2. Platon et la loi a) La nature et la loi b) La finalité de la loi 3. La politeia d'Aristote a) L'observation et le système b) L'être sans l'idéal ?
B. La jurisprudence : le droit à Rome 1. La philosophie romaine a) Les principes fondamentaux du droit b) Le concept de loi c) Le droit naturel 2. Cicéron et la pensée romaine classique a) La science morale de la cité b) Justice et raison
II) Le droit naturel dénaturé ou le retour de l'homme
A. Le droit révélé : du judaïsme au christianisme 1. Droit hébraïque et tradition vétérotestamentaire 2. Le christianisme des origines a) Les évangiles b) L'attitude paulienne 3. Les Pères de l'église et la culture classique a) Le premier droit de l'église et la culture païenne b) Droit naturel et justice dans la philosophie chrétienne
B. De Saint Augustin à l'augustinisme politique 1. Saint Augustin et "la fin de la culture antique" (H-I. Marrou) a) Du Jus naturalisme au volontarisme b) Les deux cités chez Saint Augustin 2. La pensée juridique du Haut Moyen-Âge (du Ve au IXe sicèlce) a) Rome et les "Barbares" b) Les conceptions juridiques de la théocratie royale c) Le retour de la conception romaine de la loi 3. Le nouvel âge des droits savants : glossateurs et décrétistes a) La glose, la loi et le droit b) Les canonistes et le droit naturel
C. De la scolastique au thomisme 1. Le naturalisme scolastique a) La survie de la raison b) De Pierre Abélard à Saint Albert le Grand 2. Thomas d'Aquin a) Le système thomiste 3. Les doctrines volontaristes des XIVe et XVe siècles a) Guillaume d'Ockham b) Marsile de Padoue
III) Les écoles modernes du Droit Naturel et la genèse du positivisme juridique
A. La pensée juridique au "Grand Siècle" : raison, morale et liberté 1. Une matrice commune et variantes à l'anglaise a) L'abstraction : sujet et Etat absolus b) Hobbes c) Locke 2. Etat de nature et nature de l'Etat (l'école moderne) a) Grotius b) Pufendorf
B. Les Lumières : du droit naturel aux droits de nature 1. La nature et la raison des Lumières a) Lumière, Lumières b) Clarté et transparence 2. Rousseau, nature et liberté
C. L'ambigüité des transcriptions révolutionnaires 1. La loi comme fondement des droits 2. Consécration de l'homme, "sacre du citoyen" (P. Rosanvallon) a) Liberté b) Egalité 3. Les tensions entre droit naturel et loi positive 1. Interprétation légicentriste 2. Lecture jusnaturaliste
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Extraits
[...] Les soldats de Charlemagne sont aussi des missionnaires. Correcteur des erreurs (rector errantium, celui qui remet droit ceux qui errent, qui sont dans l‘erreur): ces erreurs sont essentiellement dogmatiques, religieuses, pour Alcuin, Charlemagne doit combattre les hérétiques. On verra donc Charlemagne élaborer une législation religieuse. Alcuin qualifie Charlemagne de nouveau David et de nouveau Constantin. Pour ça, le roi doit respecter la justice et l'équité qui relève du droit divin, dans ce cas, il pourra être pacificateur. Pacificateur : être pacificateur, c'est réaliser la pax, concordia et unanimitas (l'unanimité). [...]
[...] Certains jurisconsultes sont conscients de cette équation (droit positif=justice). L'auteur qui va s'attaquer à cela c'est Cicéron. 2. Cicéron et la pensée romaine classique Il est évident pour tous les auteurs qu'on ne peut pas extraire leur œuvre du contexte historique, ce qui est vrai pour tous les auteurs l'est particulièrement pour Cicéron. Il racontait qu'il était mal parti dans la vie en raison de son nom qui veut dire pois chiches dus à une disgrâce. Il est un avocat qui triomphe sur le registre de la vertu et la défense de la république. [...]
[...] Il ne peut y avoir de théorie du droit canonique que quand il y a une systématisation. C'est à Bologne que se forme une école de l'étude du droit canonique, animée par Gratien. Le décret que compose Gratien, c'est la réunion de près de 4000 textes de droit canoniques, ou de la tradition chrétienne. On trouve des décisions de papes, des canons de conciles, des adages moraux Gratien ordonne, structure, systématise ces fragments de textes, ces textes, il rédige même une préface dans laquelle il explique sa démarche. [...]
[...] Il est évident qu'il assimile volonté de Dieu et nature. Autre occurrence à propos de la justice : il écrit que comparé à la justice divine, la justice humaine est injustice On retrouve là la hiérarchisation et la nécessaire subordination des règles humaines aux règles divines. Ces notions sont présentées dans un livre, les Etymologies d'un érudit espagnol, St Isidore de Séville. Il écrit ces livres des origines sous forme encyclopédique. Nous sommes à la charnière du 6ème-7ème siècle. Il veut expliquer un certain nombre de notions par la signification première du mot qui les désigne. [...]
[...] À s'en tenir à cette définition, le droit naturel c'est la nécessité biologique. Au fond, le droit naturel c'est l'instinct qui est commun à tous les animaux, être humain inclus. Il n'y a pas de référence au plan moral et éthique. C'est une dimension effacée, ce qui à la lecture d'Ulpien justifie la loi du plus fort. On se rend compte à travers ce fragment que la science du droit romaine, la jurisprudence n'est pas une doctrine qui est portée à l'abstraction. [...]
Dans la Critique de la raison pure, Kant a dit « les juristes cherchent encore une définition pour leur concept de droit » (1787). Les choses ont-elles changé ? Il y a une inflation de la norme. Est-ce que dire plus signifie dire mieux ? C'est la problématique de l'inflation elle-même. Il reste difficile de trouver une définition qui permette...
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