La famille est une institution stable liant des individus entre eux et chargée de transmettre à ceux-ci un certain capital culturel et matériel. La source et la nature des liens existant dans "la famille" varie selon le lieu et le temps, dans la mesure où la parenté n'a "pas partout le même statut ni la même structure" (M. Godelier).
Dans le monde occidental moderne, la famille est traditionnellement de forme nucléaire, elle abrite sous un même toit des individus liés entre soit par l'alliance (i.e le mariage) soit par la filiation biologique soit plus exceptionnellement par l'adoption. (Bourdieu). Ces fonctions sont restreintes à celles de socialisation des enfants, l'Etat Providence prenant en charge leur éducation scolaire et leur santé. L'économie est également en principe absente de la sphère familiale.
Mais les évolutions sociales font craindre pour la ce modèle : l'individu est aujourd'hui libre de sortir des liens du mariage, d'en renouer. Les liens familiaux sont alors de moins en moins clairs, ce qui entraînerait des problèmes d'identité. Les évolutions technologiques de type clonage, procréation médicalement assistée font craindre aussi pour la composition des familles : une mère pourrait accoucher de son clone, une femme être enceinte de sa sœur… De plus, la famille traditionnelle consacrait l'autorité du père, remise en cause dans les années 1970 au nom de l'égalité homme femme. C'est à cette époque qu'on déclare dans le Code civil qu'il existe une autorité parentale, exercée conjointement. Avec la réforme en 200 de la transmission du nom devenu non plus patrimonial et non pas familial, les rôles sociaux père/mère/enfant sont remis en question.
Si les individus ne savent plus ni d'où ils viennent, ni où ils vont, ni qui ils sont, cela met en danger la société et donc l'Etat, de plus lui aussi plongé dans une crise sans précédent. A l'heure de la crise de l'Etat providence, est-ce à la figure étatique de défendre la famille ? L'Etat, figure publique, ne devrait-il pas laisser la famille, structure privée, hors de son champ d'action ? Et si il est dans l'intérêt de l'Etat et de la société de défendre la famille, est-ce réellement la famille entendue dans sa forme la plus traditionnelle qui doit être défendue? Quelles sont les formes souhaitables que doit revêtir l'action publique?
Nous verrons que la famille n'est pas aujourd'hui une structure seulement privée, qu'il est donc légitime que l'Etat intervienne pour la défendre, et qu'il en va d'ailleurs de son intérêt. Mais défendre la famille ne doit pas être compris comme une croisade pour le maintien de la famille autoritaire traditionnelle, mais bien au contraire comme l'accompagnement des formes familiales existantes.
[...] l'absence d'esprit de calcul. Foucault dénonce lui aussi les actions de l'Etat politique moderne, qui use d'un pouvoir pastoral, à la fois individualisant et total (i.e. comme un berger qui s'occupe de son troupeau mais aussi de chacun de ses moutons), c'est-à-dire d'un pouvoir qui lui donne une puissance infinie sur les individus. Si l'Etat s'intéresse de trop près à la famille, cela risque de donner des constructions qui nous apparaissent aujourd'hui aberrantes, comme celles de Platon dans La République, qui soumet l'idée d'une communautarisation des femmes, de l'éducation collective des enfants et l'eugénisme pour les enfants des gardiens. [...]
[...] L'irruption de la liberté et de l'égalité menacent bel et bien la famille traditionnelle, et entraînent des risques d'incertitude et de précarité. Il semble que pour répondre aux problèmes contemporains assaillant la famille, toutes les solutions ne se valent pas. "La où la vie privée, intime, est en jeu, le vent dominant est au renoncement du droit" comme le regrettait J. Carbonnier. Ce renoncement n'est pourtant pas totalement négatif, dans la mesure où il a permis de donner aux individus une plus grande maîtrise de leur destin. [...]
[...] L'Etat doit-il défendre la famille? La famille est une institution stable liant des individus entre eux et chargée de transmettre à ceux-ci un certain capital culturel et matériel. La source et la nature des liens existant dans "la famille" varient selon le lieu et le temps, dans la mesure où la parenté n'a "pas partout le même statut ni la même structure" (M. Godelier). Dans le monde occidental moderne, la famille est traditionnellement de forme nucléaire, elle abrite sous un même toit des individus liés entre soit par l'alliance (i.e le mariage) soit par la filiation biologique soit plus exceptionnellement par l'adoption. [...]
[...] Dans l'Antiquité, il y avait une coïncidence entre vie familiale et production. Or la famille moderne n'a pour Hegel plus cette fonction de survie économique mais seulement comme horizon la création d'autres familles. Non content d'être radicalement différent de la famille, l'Etat ne devrait pas intervenir dans la famille parce qu'il menacerait les libertés individuelles en ce faisant. Pierre Manent (Les libéraux, tome II p 100- 102) montre bien que pour Constant, l'Etat ne doit pas sortir de sa sphère, qui est la sécurité intérieure et extérieure. [...]
[...] La Révolution avait instauré le droit au divorce en 1792, mais celui- ci a été abrogé en 1817. La consécration de ce droit, qui peut aujourd'hui relever d'une décision unilatérale, a conduit a multiplier les formes de familles (monoparentales, recomposées ) Aujourd'hui, la famille n'est pas nécessairement instaurée par l'institution du mariage. L'union libre est assimilée au mariage, et depuis la loi du 8 janvier 1993 l'autorité parentale s'exerce si on constate qu'il existe une vie en commun. Des personnes non mariées peuvent procréer de façon médicalement assistée depuis les lois de bioéthiques de 1994. [...]
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