Qu'est-ce que la justice 1973, La justice naturelle relève de la métaphysique, Hans Kelsen, droit positif, conceptions de la justice, jusnaturalisme, positivisme juridique, droit naturel, Auguste Comte, rationalisme, Carl Schmitt, John Locke, démocratie, capitalisme, relativisme, commentaire de texte
Tenter de fonder la justice sur des valeurs incontestables est une impasse rationnelle. C'est du moins ce que l'un des grands théoriciens du droit positif, Hans Kelsen, soutient dans "Qu'est-ce que la justice ?" Dans ce texte, Kelsen analyse les conceptions de la justice les plus importantes et les problèmes qu'elles engendrent. Il s'attarde dans notre extrait sur le jusnaturalisme, grand adversaire de sa théorie du positivisme juridique. Pour Kelsen, le droit n'est qu'une construction sans contenu propre investi par chaque société selon ses valeurs. Le droit n'aurait aucun contenu universel : le positivisme juridique rejette en bloc l'importance d'un droit idéal dit "droit naturel". Le droit est un système qu'il faut appréhender de façon scientifique. Étudier le droit revient à étudier un système qui repose sur un certain nombre d'axiomes qui reposent eux-mêmes sur une base qu'est la Constitution.
[...] Parce qu'elle repose sur un système de faits et que les faits se succèdent sans aucune volonté antérieure. Si l'on supprime toute référence religieuse, il ne reste que la causalité et dès lors, impossible de fonder ce qui devrait être sur ce qui est. Chaque fait repose sur une cause, ainsi, aucun fait ne peut être décrété comme norme. Le passage du descriptif au normatif est impossible : on ne peut se fonder sur la nature pour dire ce que devrait être le comportement des hommes. [...]
[...] L'objection de Schmitt à l'égard de Kelsen est de dire qu'il n'y a pas d'Immaculée Conception des normes. Un changement de constitution, par exemple, est une rupture du système de droit : c'est un changement de paradigme juridique. C'est dans ce moment que surgit une décision qui va permettre de sortir du néant et mettre en place une autorité. C'est l'autorité qui met en place un ordre juridique, autorité qui réside dans un homme et par conséquent dans sa volonté. [...]
[...] Un état des lieux du jusnaturalisme Dans ce premier moment du texte, il s'agit pour Kelsen de restituer la thèse de l'adversaire qu'il se propose de combattre. Le ton employé n'est pas uniquement scientifique ; il se fait parfois polémique, volontairement offensif. Kelsen oppose dès le début du texte « les considérations rationnelles (l.2) » au « besoin d'une justification absolue (l.1) », c'est- à-dire transcendante. Cette justification d'une « justice absolue (l.3) », les jusnaturalistes vont la chercher au choix dans la religion ou dans la métaphysique. [...]
[...] La nature prend la forme, si ce n'est d'une autorité suprême, du moins d'un législateur. Dès lors, si on analyse correctement la nature, on y découvrira les prescriptions qui lui sont immanentes et qui régissent la bonne conduite des hommes. La bonne conduite est alors identifiée à la conduite juste. C'est un point de divergence important avec Kelsen qui refuse d'identifier le bien au juste. Pour lui, il est nécessaire de distinguer et de séparer le droit aussi bien de la morale que de la justice. [...]
[...] L'extrait que nous nous proposons d'étudier est une critique sévère de la théorie du droit naturel. Kelsen poursuit ici un double objectif. Réfuter la théorie jusnaturaliste c'est d'abord permettre au positivisme juridique d'éclore et de se poser comme la science rationnelle du droit. Mais encore, démontrer que le jusnaturalisme est une méthode de raisonnement dont le fondement est erroné implique que tout ce qui repose sur la démonstration jusnaturaliste est vacillant. Il est urgent de bien comprendre en quoi le jusnaturalisme est une erreur pour fonder sur des bases solides des objets d'importance tels quel la démocratie. [...]
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