La France a été durant de nombreux siècles soumise à une monarchie de droit divin, jusqu'à ce que la Révolution institue pour la première fois un régime d'apparence laïque. L'Eglise catholique ne perd cependant pas de son influence et il faut attendre la fin du XIXe siècle pour que l'Etat se détache progressivement de l'Eglise, à travers l'émancipation de l'école républicaine notamment, puis par la loi de 1905 pour inscrire la séparation de l'Eglise et de l'Etat dans le droit.
Cette progressive émancipation ne s'est cependant pas faite sans peine (de nombreux magistrats ont démissionné en 1905 en signe de protestation) et on peut s'interroger sur son intérêt, tant pour le droit lui-même que pour la société en général.
[...] Sur la question des embryons et des cellules souches, le droit a ainsi en partie rejoint la position de l'Eglise puisqu'en France, ces recherches sont actuellement interdites, malgré de possibles dérogations). Aux Etats-Unis en revanche, l'Etat a été jusqu'à totalement suivre l'avis de l'Eglise en interdisant strictement ces recherches pendant huit ans, à cause d'un lobbying très influent. La morale semble revenir au goût du jour, puisqu'on parlait même récemment de réintroduire des cours de morale à l'école en France. [...]
[...] Une émancipation du droit est, dans ce cas extrême, nécessaire à la démocratie et serait sans doute plus que bénéfique. Cela explique l'intérêt d'un Etat laïque, mais Etat laïque ne veut pas dire à l'abri du danger de mêler trop étroitement religion, morale et droit. On constate en effet depuis quelques années un retour de la morale et du religieux dans la sphère publique. Les manifestations communautaristes, comme la revendication de porter le voile à l'école, ou bien l'ascension de l'ordre moral hygiéniste en sont des illustrations pertinentes. [...]
[...] Des objectifs différents Cependant, le droit se distingue nettement de la morale et de la religion sur de nombreux autres points. Tout d'abord, bien que les trois systèmes prévoient des sanctions en cas de non-respect de leurs règles, ces sanctions sont de nature différente. En droit, la sanction prévue par la loi est une sanction concrète et immédiate. Il peut par exemple s'agir d'une sanction pécuniaire, comme une amende, ou d'un emprisonnement. A l'inverse, les sanctions morales et religieuses sont abstraites et spirituelles : un sentiment de culpabilité, la promesse de finir en Enfer En outre, l'application de ces sanctions se fait la plupart du temps de manière individuelle et autonome dans les domaines de la morale et de la religion : on respecte ces règles pour sa propre bonne conscience ou son propre salut. [...]
[...] Cette émancipation a donc pour origine naturelle l'autonomie du droit par rapport à la morale et à la religion : le droit est un système autonome doté de valeurs propres. II. Pour quoi émanciper le droit : une autonomie nécessaire malgré ses limites Mais cette autonomie n'est pas un simple fait, elle est nécessaire pour éviter les dérives pouvant être causées par un amalgame trop important du droit avec la religion et la morale et tout doit être fait pour la conserver à son maximum, malgré ses limites (B.). [...]
[...] Le droit abandonne aujourd'hui les questions morales et laisse à chacun le libre choix de décider. Il en va de même en ce qui concerne la religion, notamment depuis 1905 et plus particulièrement depuis que la laïcité est devenue un principe constitutionnel en 1946 en France : l'Etat et donc le droit sont neutres par rapport à la religion et chacun est libre de ses croyances. Le droit est ainsi détaché à la fois de la religion et de la morale et le principe de laïcité consacre cette émancipation. [...]
Bibliographie, normes APA
Citez le doc consultéLecture en ligne
et sans publicité !Contenu vérifié
par notre comité de lecture