Construction philosophique, fruit de la pensée des humanistes et des Lumières, les droits de l'homme sont un processus politique marqué par des événements historiques.
Ces droits proviennent de la théorie moderne du droit naturel qui s'est peu à peu érigé en arme contre l'absolutisme. La notion s'humanise mais affronte une difficulté: comment rendre ces droits inaliénables ? La solution retenue consiste, à la fin du 18ème siècle, à les déclarer afin de les placer au dessus du droit positif. Mais ces droits sont-ils universels ?
La question de l'universalité des droits de l'homme semble évidente. Pourquoi se poser la question puisque par définition, les droits de l'homme sont les droits de l'homme en tant que tel ? Mais d'un autre côté, pourquoi seraient-ils universels puisqu'ils sont inscrits dans un cadre spatio-temporel précis qui fait référence à une certaine conception de l'homme ?
On verra dans une 1ère partie que bien que la philosophie dans laquelle ils s'insèrent reconnaisse leur universalité, les droits de l'homme ne font pas l'objet d'un consensus qui autorise cette qualification. On analysera ensuite dans une 2nde partie dans quelle mesure l'universalisation des droits de l'homme est aujourd'hui encouragée par un mouvement d'élargissement et d'internationalisation, tendance qui semble coexister avec le maintien d'un certain pluralisme culturel.
[...] L'Allemand, parce qu'il est allemand, est ainsi supérieur aux juifs. Pourquoi les DROITS DE L'HOMME tels qu'ils ont été conçus seraient-ils universels ? Le rejet des droits de l'homme abstrait et occidental Dans A propos de la question juive, Marx explique que les DROITS DE L'HOMME confortent la domination de la bourgeoisie. Ils mélangent une base universelle avec les droits de la classe dominante, droits abstraits, civils et politiques (Ex : droit de la propriété). Ils ne peuvent donc être universels. [...]
[...] De Maistre les condamne aussi, au nom de l' oubli de Dieu Au-delà de cette contestation contre-révolutionnaire, considérons la loi du plus fort, loi naturelle par excellence. Pourquoi un tel droit naturel n'est-il pas plus universel que l'égalité, pure construction juridique ? L'universalisme des DROITS DE L'HOMME est en réalité un pur artifice. Dans la lignée du romantisme, Nietzsche va ainsi nier les DROITS DE L'HOMME en considérant que l'humanité réside dans l'épanouissement du désir de vivre de l'individu. Il condamne donc les entraves morales qui font obstacle à l'élan vital. Mais les totalitarismes vont plus loin. [...]
[...] Toutes les cultures sont, dans cette vision, universelles. Cette conciliation fait des DROITS DE L'HOMME un corpus de droits irrigué en permanence par les apports des différents peuples. L'universalité, bien qu'érigée en valeur inhérente aux droits de l'homme par leurs promoteurs, n'est pas évidente et a fait l'objet de contestations pouvant aller jusqu'à la négation des droits de l'homme. On constate que ces droits sont moins universels qu'en cours d'universalisation, en raison de leur élargissement et internationalisation. La chute du nazisme n'est d'ailleurs pas innocente à ce mouvement. [...]
[...] Les DROITS DE L'HOMME ne sont pas seulement internationalisés. Ils sont régionalisés. On peut citer la Convention américaine des DROITS DE L'HOMME (1969); la charte africaine des DROITS DE L'HOMME et des peuples (1981) ; la Déclaration des DROITS DE L'HOMME en Islam (1995) et la CEDH (1950). Cette dernière constitue à ce jour le système régional le plus développé et le plus efficace. Ces textes démontrent que les DROITS DE L'HOMME varient dans l'espace et dans le temps. Ils sont tributaires des cultures et des représentations nationales. [...]
[...] Commentaire - G. Cohen-Jonathan, Universalité et singularité des droits de l'homme Revue trimestrielle des droits de l'homme - P. Kayser, Essai de contribution au droit naturel à l'approche du troisième millénaire Revue de la recherche juridique - J. [...]
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