Explication des liens et implications entre les deux institutions que sont le droit de suffrage et l'instruction à travers l'histoire constitutionnelle. Le passage d'un droit censitaire à un droit universel a-t-il été conditionné par l'instruction ? Comment le besoin d'une souveraineté large et solide s'associe-t-il à la connaissance de ses détenteurs ?
[...] Leur condition sociale suggérait une éducation suffisante, une instruction évidente. Cela s'avérait d'autant plus pour les citoyens nobles, qui, de par leur condition recevaient une instruction dispensée par la religion. Il convient d'ailleurs de s'attarder quelques instants sur ce point. On peut en effet considérer que la religion catholique fît clairement défaut à l'instruction des jeunes citoyens, quelle que soit leur condition. Le clergé catholique se borna à enseigner à la noblesse, délaissant l'instruction du plus grand nombre, et par conséquent leur éventuelle accessibilité au suffrage. [...]
[...] Le manque, l'absence même d'instruction n'était pas le fait de négligences, de désintéressement, il s'agissait d'une volonté certaine : celle de ne pas voir une minorité intellectuelle contrainte par une majorité d'ignorants Ce suffrage censitaire avait donc pour raison d'être un camouflet du suffrage capacitaire. En effet, le suffrage capacitaire est le mode de scrutin dans lequel le droit de vote est accordé aux citoyens en fonction de leurs capacités En pratique, seuls les détenteurs de certains diplômes ont accès aux urnes. Il s'agit d'un suffrage par la connaissance, par l'instruction. Le suffrage censitaire qui reposait théoriquement sur la fortune supposait de ce fait une certaine instruction des citoyens redevables. [...]
[...] On peut donc s'interroger sur les liens qui unirent le suffrage à l'instruction, ou comment la volonté d'une souveraineté large et solide s'associe-t-elle à la connaissance de ses détenteurs ? Pour ce faire, il convient d'étudier les divers rapports entre instruction et suffrage à travers l'histoire constitutionnelle. Tout d'abord nous nous intéresserons aux fondements d'un principe censitaire permis par l'ignorance des masses puis nous étudierons la lente évolution vers le suffrage universel, écartelé entre le concept d'une souveraineté distillante et la popularisation certaine de l'instruction (II). Le principe censitaire ou la volonté d'un despotisme par l'ignorance La question de l'éducation est récente. [...]
[...] La Révolution de l'instruction doit dorénavant s'engager. L'instruction doit rattraper son retard sur la démocratisation de la vie politique. L'instruction universelle comme réforme du suffrage universel La IIIe République est assurément l'épicentre du mouvement destiné à promouvoir l'instruction. Alors que l'existence du suffrage universel privé de l'instruction apparaissait comme un fléau, contre lequel les plus honnêtes, les mieux intentionnés et les plus habiles ne pouvaient rien, l'instruction est venue donner à ce droit, dores et déjà consacré, une base solide, un libre-arbitre indispensable à sa pratique. [...]
[...] Condorcet (une nouvelle fois) dans Les Cinq mémoires sur l'Instruction Publique qui servirent de base de rédaction au projet de décret du Comité d'Instruction publique développe la théorie selon laquelle les choix éducatifs reposent sur une philosophie de l'homme et de l'Histoire qui les éclairent. Ses projets législatifs ne se comprennent qu'à la lumière de sa volonté de liberté et de progrès qui trouve tout son sens dans l'expression politique. La question éducative n'y est jamais isolée des préoccupations politiques, particulièrement celles relatives à la légitimation du suffrage universel. Mais n'oublions pas que le courant dominant reste celui du suffrage censitaire. [...]
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