Des chercheurs se demandent si cette interprétation classique n'inverse pas l'ordre des raisons. Ne faudrait-il pas plutôt considérer que c'est la révolution qui a inventé les Lumières en voulant enraciner sa légitimité dans un corpus de texte et d'auteurs fondateurs (Voltaire, Rousseau, Montesquieu) réconciliés par delà leurs différences vives et unis dans la préparation de la rupture avec l'ancien monde.
Dans l'histoire du monde et du 19ème siècle, la Révolution française a eu un impact majeur. Aucun philosophe des Lumières n'a prévu la Révolution et ne pouvait la prévoir. L'Ancien régime est la Révolution, comme l'écrit Tocqueville. Pour lui, ce que la Révolution a été moins que toute autre chose, c'est un événement fortuit. Elle a pris le monde à l'improviste et cependant, elle n'était que le complément du plus long travail, la terminaison soudaine et violente d'une œuvre à laquelle 10 générations d'hommes avaient travaillé. Il concluait que "la Révolution a achevé par un effort convulsif et douloureux, sans transition, sans précaution, sans égard ce qui se serait achevé peu à peu de soi-même à la longue".
[...] Ainsi, les répertoires d'actions collectives sont déployés de diverse façon selon l'ampleur et la nature de la «politique de conflit». De plus, on peut dire qu'ils sont centraux dans la conception du conflit de Tilly et Tarrow puisqu'ils permettent de rendre visible un mouvement et de le rendre légitime ou illégitime au point de vue social (conflit contenu ou transgressif). Enfin, chacune des données empiriques illustrées par les auteurs nous permet aisément de constater que chaque mouvement est accompagné d'action collective, du à Greensboro aux États-Unis (p. [...]
[...] Enfin, les auteurs montrent que chaque «politique du conflit» est irréversiblement soumis à une période de mobilisation et une période de démobilisation. Le premier regroupe les deux premiers concepts que nous avons vus et celui-ci met en contact, sur une base de protestation, les contestataires, les tierces parties et leurs adversaires, l'État, le public en général et les médias. Selon les deux auteurs, la mobilisation agirait dans tous les «politiques du conflit» en suivant un cycle comportant «une série d'épisodes, dont certain s'entrecroisent, mais qui répondent le plus souvent aux mêmes changements des opportunités.» (p.158) un des importants épisodes de ce cycle est certainement le changement d'échelle qui consiste à la propagation nationale ou transnationale d'un épisode de conflit. [...]
[...] La révolution, le renversement de l'ancien régime et la fondation d'un ordre nouveau Politique du conflit, de la grève à la révolution Fiche de lecture Analyse politique : théories et concepts POL1000 Frédéric Mérand Département de science politique Université de Montréal 12 décembre 2012 L'ambition clairement identifiée de Tilly et Tarrow dans Politique du conflit de la grève à la révolution est de rendre compte d'une multitude d'outils conceptuels afin d'analyser et de comprendre les dynamismes dans lesquels des acteurs entrent en conflit avec d'autres acteurs. [...]
[...] On peut aussi relever chez les deux auteurs un certain ethnocentrisme occidental. En effet, les données empiriques utilisées révèlent des conflits sociaux se déroulent majoritairement à l'intérieur des démocraties occidentales. Évidemment, il faut reconnaitre qu'une analyse globale demanderait un travail colossal particulièrement en matière de collecte de donnée. Enfin, un dernier point critiquable est le fait que l'ambition des auteurs d'établir une typologie globalisante met de côté les particularités culturelles de certaines sociétés qui pourraient être fortement intéressantes dans l'étude des mouvements sociaux. [...]
[...] Pour illustrer ce phénomène, on peut relever deux exemples. Dans le premier cas, le discours réformiste de Nikita Khrouchtchez suite à la mort de Staline en 1953 provoqua une certaine fracture au sein du régime ente les modérés et les dures faisant ainsi surgir, une opportunité politique en Pologne dont Maryjane Osa résume, bien : la déstabilisation ouvrit en Pologne la possibilité d'une mobilisation politique» (p. 189). Dans le deuxième cas, le mouvement des droits civiques américains, c'est-à-dire l'égalité entre les noirs et les blancs, est concrètement lié aux opportunités politiques offertes par le régime. [...]
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