Socialisme non conformiste, dérive fasciste, XXe siècle, SFIO Section Française de l'Internationale Ouvrière, Marcel Déat, collaborationnisme, guerres mondiales, Léon Blum, accords de Munich, régime de Vichy, maréchal Pétain
Née en 1905, la SFIO (Section française de l'internationale ouvrière) connaît sa première crise grave au congrès de Tours de 1921 : c'est l'époque de la naissance du Parti Communiste Français né d'une scission au sein de la SFIO. Dix ans plus tard, la SFIO, à son congrès de 1931, est une nouvelle fois menacée de rupture, laquelle intervient en 1933 avec l'apparition d'un néo-socialisme qui va avoir tendance par la suite à verser dans le fascisme. Le principal auteur de cette séparation entre socialisme et néo-socialisme, Marcel Déat, va en tout cas personnellement fléchir en direction du fascisme, au point de devenir un des principaux collaborateurs durant la Seconde Guerre mondiale.
[...] Or cette expérience est sans doute capitale pour ce jeune homme du point de vue des valeurs qu'il développera par la suite. Dans ses Mémoires rédigées 30 ans plus tard, Déat rapporte en effet qu'il a vécu la guerre comme « un bonheur profond », parce que la vie des tranchées était une vie communautaire et fraternelle ralliant les hommes au- delà de leurs milieux sociaux et au-delà de leurs opinions politiques. Il parle avec enthousiasme de cette expérience : « Attachement aux camarades, habitude du risque collectif, incorporation totale qui dispense de tout égoïsme et devient source de joie ». [...]
[...] Les journaux étrangers, en Allemagne et en Italie, voient alors dans le phénomène la victoire des idées nationales socialistes ; Mussolini lui-même voulut voir dans cet événement le signe de l'influence qu'exerçait ses idées jusqu'à sur ses adversaires socialistes démocrates. En France, la presse modérée s'inquiète du tournant pris par les néo, en qualifiant Déat et ses pairs de « fascistes de gauche ». II. Du néo-socialisme au fascisme Rompant en 1933 avec la SFIO députés et 7 sénateurs se regroupent pour tâcher de trouver la voie d'un nouveau socialisme, à la fois révolutionnaire et national. [...]
[...] Après juin 1940, Déat va tout faire pour constituer un parti unique et solliciter, pour ce faire, la collaboration avec l'Allemagne nazie. Avec la nomination de Pierre Laval comme principal ministre, Déat est satisfait de la collaboration affichée à Montoire le 24 octobre 1940. Déat pense alors que ses idées vont être relayées par Laval dont il se sent politiquement proche. Mais le 13 décembre 1940, Pétain fait démissionner Laval (remplacé par Flandin puis Darlan jusqu'en 1942) et la place en résidence surveillée, car le chef de l'État collabore tout en pensant pouvoir se ménager une voie de sortie en cas de défaite de l'Allemagne. [...]
[...] Et je veux retenir, au risque d'attirer des accusations renouvelées de fascisme, l'une des leçons qui découlent de l'expérience italienne et surtout allemande. Le parti hitlérien a été conçu à la fois comme une sorte d'armée, capable de s'imposer par la force et comme la préformation d'un État nouveau ». Comme Bergery, Déat reçoit après coup une impression profonde du 6 février 1934, qui va agir en quelque sorte comme un catalyseur pour ses idées. Il s'agit pour Déat de constituer un programme qui répondrait aux attentes de Français qui ont manifesté violemment ; donc il faut « rompre avec les impuissances du passé », c'est-à-dire ne pas porter ses espoirs sur le parlementarisme, car celui-ci est « vidé de tout contenu positif » ; il faut par ailleurs proposer un programme qui transcende la distinction des partis en gauche et droite, car, comme l'écrit Déat, il faut « considérer comme morts et enterrés sous les débris de l'émeute les vieux partis et brandir devant la foule un drapeau neuf » : il faut donc tenter une politique de rassemblement national autour du socialisme. [...]
[...] Il écrit à son retour : « Partout, jeunesse, foi, dynamisme, partout sauf en France, sauf dans le pays qui autrefois lançait les idées nouvelles. Quelle tristesse. Quand on revient ici, on a le sentiment de trouver un peuple vieux, blasé, usé ». Néanmoins l'arrivée du Front populaire en 1936 apparaît comme la dernière station démocratique de Marcel Déat : il croit en la capacité de Blum de réunir toute la nation et le pacifisme du gouvernement le satisfait, lui qui paradoxalement souhaite éviter toute guerre avec l'étranger. [...]
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