Fascisme de gauche, frontisme, parti populaire français, Gaston Bergery, démocratie libérale, socialisme, régime de Vichy, IIIe République, autoritarisme, violences policières, guerre civile espagnole, communisme russe, LVF Légion des Volontaires Français
Gaston Bergery naît à Paris en 1892 : il est le fils illégitime d'un riche financier allemand d'origine juive. Engagé volontaire en 1914 alors qu'il prépare un doctorat de droit, il est grièvement blessé en Champagne en 1915. Démobilisé, il devient un avocat brillant spécialisé dans le droit international. En mai 1924, il semble avoir devant lui une carrière toute tracée dans le radical socialisme officiel, puisque Herriot, président du conseil et lui-même figure de proue du radical socialisme, le prend comme chef de cabinet. Bergery est élu député radical socialiste en 1928 à Mantes, en Seine-et-Oise. Mis en minorité dans le parti en 1932, il décide de fonder un mouvement contre le fascisme, intitulé "Front commun". Il souhaite rallier à lui tous les dissidents du socialisme et du communisme pour un socialisme nouveau, un socialisme national. Il reçoit alors la sympathie de Marcel Déat et de Jacques Doriot, ainsi que le soutien de son ami depuis 1914, Pierre Drieu la Rochelle. Au lendemain du 6 février 1934, c'est notamment Drieu le Rochelle qui le presse d'élargir son mouvement pour fédérer tous les mécontentements contre le régime, ce que Bergery refusera. Pour que son mouvement ne soit pas confondu avec le Front populaire, le Front commun est rebaptisé en 1936 de "Front social". De 1932 à 1940, le frontisme lance un journal, La Flèche. Après la défaite de 1940, Bergery vote les pleins pouvoirs au maréchal Pétain et participe au programme de la Révolution nationale avant d'être ambassadeur pour le gouvernement de Vichy à Moscou et Ankara. Cette participation au gouvernement lui vaut d'être arrêté et jugé en 1945 ; suite à un non-lieu, il se retire des affaires publiques et décède en 1974.
[...] Cet enterrement de la Troisième République en faveur d'un État autoritaire, il n'est pas étonnant donc que Bergery y participe activement en 1940- 1945 : il est un de ceux qui veulent imposer à l'Allemagne vainqueur un système national-socialiste typiquement français. On trouvera la même volonté, beaucoup plus exacerbée, chez Jacques Doriot et son PPF. II. Le Parti populaire français de Jacques Doriot A. La vie du mouvement Jacques Doriot est issu, contrairement à Bergery, d'un authentique milieu prolétaire. Né en 1898 dans la banlieue parisienne. En 1915, à l'âge de dix- sept ans, il devient ouvrier métallurgiste dans les usines de Saint-Denis, futur fief du communisme puis du Parti populaire français. [...]
[...] Doriot est le seul membre du bureau politique du PCF présent dans la rue : il accuse naturellement de lâches les dirigeants du PCF qui laissent les ouvriers de la CGT se battre à leur place. Convoqué par l'internationale communiste, Doriot est prié de se rendre à Moscou pour expliquer ses dissensions avec le PCF, ce qu'il refuse. C'est tout logiquement qu'il est exclu du parti le 26 juin 1934. Doriot se replie alors sur son fief de Saint Denis et ne pense plus qu'à une seule chose : fonder un parti populaire de « gauche » capable de battre le communisme. [...]
[...] C'est également le rapprochement avec le catholicisme réactionnaire qui coupe le PPF de son assise populaire : il y avait de quoi en effet s'étonner de voir tout à coup Doriot prêcher la France très chrétienne. C'est pourtant ce que fait le PPF dans son tournant à droite ; notamment, en 1939, le parti fête Jeanne d'Arc avec une solennité sans précédent, et dans la foulée Doriot effectue un pèlerinage médiatique à Lourdes au cours duquel il s'élève contre la déchristianisation de la France. [...]
[...] Le serment du parti comporte cet acte de foi contre le communisme : « Je jure de consacrer toutes mes forces à la lutte contre le communisme et l'égoïsme social ». Significatif de cette tendance, l'ouvrage publié par Drieu la Rochelle en 1938, avec Doriot, et qui rassemble ses articles parus dans L'Émancipation nationale, est pour moitié un ouvrage tourné contre le communisme. Pour autant le projet social du PPF se révèle extrêmement faible ; il refuse le dirigisme étatique en matière économique et se contente de reprendre la vielle idée du syndicalisme jaune ou du syndicalisme de Sorel, à savoir l'auto gestion des entreprises autour d'une participation commune des salariés et des patrons aux bénéfices. [...]
[...] En 1933, le Front commun ne compte officiellement que 5000 adhérents. Lâché par ses anciens amis socialistes, Bergery croit néanmoins en son parti : il sait que les modèles italiens et allemands sont devenus fascistes alors que le fascisme était minoritaire dans ces deux pays. Suivant une thématique bien fasciste de désaveu des partis, Bergery annonce en novembre 1933 qu'il faut « grouper les masses en passant par-dessus la tête des partis existants ». En 1934, de plus en plus aigri et pressé d'en finir avec la politique française des partis, Bergery présente le Front commun comme un mouvement révolutionnaire, et qui plus est comme un mouvement plus révolutionnaire que le fascisme, puisqu'il parle à cette époque de la « pseudo-révolution fasciste ». [...]
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