Commentaire de texte d'histoire du genre à l'époque médiévale sûr des extraits du procès-verbal à l'encontre de Marin le Marcis
Ces extraits du procès-verbal à l'encontre de Marin le Marcis cités dans l'ouvrage de Jacques Duval de 1612, relatent les griefs tenus à l'égard de Marin le Marcis, un hermaphrodite durant l'Ancien Régime. Dans une société régie par la doctrine catholique, certaines pratiques sont empêchées, voire condamnées. Le siècle voit se développer le jansénisme, courant qui condamne les passions irraisonnées et les pratiques "contre nature", selon les mots de Paul au Ier siècle : l'homosexualité, la bestialité, la sodomie.
De quelle façon la société du XVIIe siècle considère-t-elle les individus se plaçant hors du cadre binaire du genre ? En quoi ce document témoigne-t-il de la préoccupation politique et juridique pour les questions de genre ?
[...] De quelle façon la société du XVIIe siècle considère-t-elle les individus se plaçant hors du cadre binaire du genre ? En quoi ce document témoigne-t- il de la préoccupation politique et juridique pour les questions de genre ? I. La condamnation des agissements d'une monstruosité criminelle A. La perception du dysmorphisme sous l'Ancien Régime Ce qui est d'abord mis en avant par la condamnation, c'est la monstruosité du corps. Une longue description des parties génitales de Marin le Marcis met en avant sa différence : « il le faisait sortir de la longueur du demi- doigt, parfois de tout le doigt » (L37). [...]
[...] Les derniers mots du texte insistent sur la dimension peccamineuse des activités de Marin le Marcis : « un crime de sodomie, et luxure abominable » (L52). Le XVIIe siècle est également marqué par la quête d'un amour très chaste, spirituel. Si les deux amants s'y conforment (« ils ont souvent conféré [discuté] ensemble, de l'amour réciproque qu'ils portaient l'un à l'autre » leur sexualité ne rentre pas dans les codes catholiques : « trois ou quatre fois, la première nuit, continuèrent par l'espace de quinze jours » (L34). [...]
[...] Un crime de travestissement dans une société traditionnelle Finalement, ce texte révèle l'existence de codes sociaux différents pour l'homme et la femme. C'est pourquoi le Marcis ne peut décemment pas passer d'un sexe à l'autre : les deux ont des espaces particuliers (le lit de la femme enceinte est réservé aux sages-femmes « garder ladite femme, sa maîtresse, durant le temps de sa couche, & le fit-on coucher [dormir] avec ladite Jeanne » [L16]). Le travestissement, c'est une transfiguration, un mensonge, désigné comme un « abus du sexe » (L49) dans le procès, précisé par l'adverbe « faussement ». [...]
[...] Les pratiques « contre nature » de Marin le Marcis appellent, par conséquent, à une condamnation juridique. Il est intéressant de constater que la justice de l'époque interfère avec l'intime, le privé, en en faisant une affaire d'intérêt public. C. Le rôle de la justice dans la condamnation Le procès relate que l'accusé a pris conscience de la nature de son crime : « ladite Marie le Marcis était dûment atteinte et convaincue d'avoir mal pris l'habit, usurpé le nom & voulu mendier faussement le sexe d'homme » (L50). [...]
[...] D'où l'importance que revêtent les termes « habits de fille », répétés maintes fois dans le texte (« pour avoir par ladite le Marcis changé son habit de fille, qu'elle avait porté l'espace de vingt ans, en habit d'homme » [L45]). Ainsi, ce compte rendu du procès permet de mieux appréhender le système judiciaire ainsi que l'opinion publique vis-à-vis des divergences de genre. Dans une société où les dogmes catholiques dictent une vie intime aux Français, la justice réprime les comportements jugés anormaux, au service des préceptes catholiques. Le dysmorphisme n'est pas sanctionné, mais bien l'indétermination de genre. Genre et sexe se doivent d'être combinés, déterminant l'individu à un rôle social prédéfini. [...]
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