Ce document est un commentaire d'extraits du texte de Mikhaïl Bakounine, Etat et liberté, 1867-1871.
Bakounine défend d'abord l'idée que la "société", constituée par la collectivité d'hommes et de femmes, ne trouve pas son fondement dans un quelconque "contrat" social primitif conclu entre les hommes. L'on voit ici l'antagonisme avec la thèse de Rousseau, selon laquelle la société aurait existé sur le fondement d'un "premier contrat social" auquel il faudrait substituer un "nouveau pacte social". Toujours selon Rousseau, la société serait née de la nécessité de conclure un pacte entre les hommes (le contrat social) qui aurait eu pour effet de sortir ces derniers de l'état de nature.
[...] Loin de permettre l'épanouissement de l'individu, l'État s'analyse selon Bakounine comme « La somme des négations des libertés individuelles de tous ses membres ». Il illustre une forme de concession réciproque impliquant que chacun renonce à une part de ses libertés individuelles, au nom « du salut public ou de l'intérêt commun de tous ». Or, cette renonciation est critiquée comme funeste par l'auteur, en ce que la liberté est un concept indivisible : elle exclut par définition tout morcellement, sans quoi elle n'existe plus. [...]
[...] On peut le considérer comme le vrai créateur de la moderne réaction. En apparence l'écrivain le plus démocratique du XVIIIe siècle, il couve en lui le despotisme impitoyable de l'homme d'État. Il fut le prophète de l'État doctrinaire, comme Robespierre, son digne et fidèle disciple, essaya d'en devenir le grand-prêtre (œuvres, III 71). PROPOSITION MOTIVÉE au Comité Central de la Ligue de la Paix et de la Liberté (préc.). PROPOSITION MOTIVÉE au Comité Central de la Ligue de la Paix et de la Liberté (préc.). [...]
[...] C'est l'État. Examinons-le de plus près. Que représente-t-il ? La somme des négations des libertés individuelles de tous ses membres ; ou bien celle des sacrifices, que tous ses membres font, en renonçant à une portion de leur liberté au profit du bien commun . Donc là où commence l'État, la liberté individuelle cesse et « vice versa ». On répondra que l'État, représentant du salut public ou de l'intérêt commun de tous, ne retranche une partie de la liberté de chacun que pour lui en assurer tout le reste. [...]
[...] Mais ce reste c'est la sécurité, si vous voulez, ce n'est jamais la liberté. La liberté est indivisible : on ne peut en retrancher une partie sans la tuer tout entière. Cette petite partie que vous retranchez, c'est l'essence même de ma liberté, c'est le tout. Par un mouvement naturel, nécessaire et irrésistible, toute ma liberté se concentre précisément dans la partie, si petite qu'elle soit, que vous en retranchez. C'est l'histoire de la femme de Barbe-Bleue, qui eut un palais à sa disposition avec la liberté pleine et entière de pénétrer partout, de voir et de toucher tout, excepté une mauvaise petite chambre, que la volonté souveraine de son terrible mari lui avait défendu d'ouvrir sous peine de mort. [...]
[...] La religion n'est pas sans reste et s'avère selon l'auteur, également, être un obstacle à la liberté qui doit être reconnue de manière absolue aux individus : à l'instar de l'État, la religion correspond à une période de la société, « un temps de l'évolution humaine » du cours) qui a conduit à assujettir les hommes au respect de règles étrangères à la nature de leur organisation en société, et de fait les a privées de leur liberté en partie, et donc de manière absolue, ne pouvant être morcelée dans sa consistance même (v. supra). L'opposition de l'auteur à la religion est donc totale : « L'homme ne doit reconnaître aucune autorité, aucune subordination. ( ) La révérence pour Dieu et sa simple existence sont incompatibles avec la liberté humaine » (p. 99/100 du cours). Extrait Mikhaïl Bakounine, État et liberté, 1867-1871, textes choisis par B. De Loynes, document (textes), p Donc, selon ce système, la société humaine ne commence qu'avec la conclusion du contrat. [...]
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