Logos divin, Cicéron, hégémonikon, principe directeur, stoïciens, sophistes, épicuriens, cosmopolis, loi universelle et rationnelle, droit naturel
Ce texte fait partie des écrits politiques de Cicéron, qui, s'inspirant des titres de Platon, a écrit un traité sur La république et un traité sur Les lois. Mais l'inspiration de ces textes, et surtout de ce passage, est nettement stoïcienne. Elle repose en effet sur un principe essentiel de ce courant : l'ordre du monde est rationnel, car il est pénétré du logos divin.
Or, l'homme est le seul être dans la nature à participer directement de cette raison universelle. La partie la plus pure de son âme, l'hégémonikon (ou « principe directeur ») est en effet comme une parcelle de la raison divine en nous. L'un des contresens fréquents sur les stoïciens consiste à croire qu'ils sont avant tout préoccupés d'une maîtrise intérieure, de l'éradication des passions.
[...] La victoire de ce dernier le conduit à une retraite politique qui lui permet de se consacrer à l'écriture de ses grands traités philosophiques et rhétoriques : Les Tusculanes, le traité des Devoirs, le De finibus, l'Orateur, etc II soutient Octave contre Antoine, qu'il attaque violemment dans ses Philippiques. La réconciliation entre les deux ennemis et les proscriptions qui s'ensuivent font de Cicéron une des plus célèbres victimes des guerres civiles, assassiné par les sbires d'Antoine le 7 décembre 43. L'un des titres de gloire de Cicéron est d'avoir acclimaté la langue latine à la philosophie, en exposant des débats fondamentaux sur le bonheur, la connaissance, les dieux . Lui-même est proche du scepticisme modéré de l'Académie, mais il partage certaines idées stoïciennes sur la morale. [...]
[...] Si le droit romain n'a rien à envier au grec, en revanche c'est bien à la philosophie grecque que Cicéron va puiser les fondements théoriques de sa réflexion. On peut d'une part noter la nuance qui est posée entre la loi et le droit {jus) : le droit procède de la loi comme son application diverse selon les cités. En effet, l'idée essentielle est de définir la loi comme source universelle de tout droit particulier. Cette loi universelle est une des expressions de la raison, dont nous avons dit qu'elle est elle-même l'expression privilégiée de la rationalité divine elle-même présente dans la nature. [...]
[...] C'est d'ailleurs sur ce point que la pensée de Cicéron reste proprement romaine : s'il fonde bien son idée du droit sur l'universalisme stoïcien, son traité se concentre finalement sur un modèle bien réel, la république romaine. Mais c'est une Rome dont le droit n'aurait pas subi les atteintes dues aux troubles politiques du Ier siècle : une Rome idéale, en quelque sorte. Les textes de Cicéron sont un témoignage important du moyen stoïcisme mais on peut trouver dans certaines pensées de Marc Aurèle, l'empereur philosophe, des expressions très riches de cette idée de communauté humaine unie par la justice, entendue notamment comme répartition ordonnée des fonctions : L'intelligence de l'univers est sociable ; de fait, si elle a créé les êtres inférieurs, c'est en vue des supérieurs, et elle a ajusté les êtres supérieurs les uns aux autres. [...]
[...] Le texte peut apparaître bien évasif sur ce point. Mais il faut d'abord comprendre le sens de la loi : toute cité est bonne qui réussit à créer la meilleure communauté possible entre ses membres. Cela conduit par exemple Cicéron à rejeter la tyrannie, et, de manière générale, tout système politique dominé par l'utilité personnelle, selon des arguments qui remontent cette fois à la République de Platon : [ . ] Si, comme le disent ceux qui le soutiennent, l'utilité est la mesure de toutes choses, il méprisera et enfreindra les lois, celui qui croira y voir son avantage Plus précisément encore, Cicéron reprend aussi au stoïcisme le lien essentiel entre loi politique et moralité : une cité harmonieusement organisée, est une cité dont le droit répartit justement les places et les honneurs, punit et récompense de manière rigoureuse et raisonnable, mais aussi une cité dont les citoyens respectent le plus possible les vertus. [...]
[...] COMMENTAIRE- Cicéron, Des lois, Livre I ♦L'homme et le monde Ce texte fait partie des écrits politiques de Cicéron, qui, s'inspirant des titres de Platon, a écrit un traité sur La république et un traité sur Les lois. Mais l'inspiration de ces textes, et surtout de ce passage, est nettement stoïcienne. Elle repose en effet sur un principe essentiel de ce courant : l'ordre du monde est rationnel, car il est pénétré du logos divin. Or, l'homme est le seul être dans la nature à participer directement de cette raison universelle. La partie la plus pure de son âme, l'hégémonikon (ou principe directeur est en effet comme une parcelle de la raison divine en nous. [...]
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