Second Traité du Gouvernement, John Locke, séparation des pouvoirs, principe de séparation, loi constitutionnelle du 3 juin 1958, Montesquieu, pouvoir législatif, pouvoir exécutif, pouvoir fédératif, modération du pouvoir, pouvoir du gouvernement
Dans ses deux Traités du gouvernement civil publiés en 1690, John Locke fait l'apologie de la monarchie modérée instaurée en Angleterre par la glorieuse Révolution. Cet écrit, et plus particulièrement le Premier Traité, constitue une critique vigoureuse de la monarchie absolue et des théories qui la soutiennent : Locke entend répondre au fameux Patriarcha de Robert Filmer (1680) qui soutient l'origine divine du pouvoir absolu de la monarchie excluant ainsi toute théorie du contrat social fondée sur la liberté consubstantielle aux hommes. Réfutant cette thèse dans son Premier Traité du gouvernement civil, Locke propose dans le Second Traité d'établir le pouvoir, et ses limites : partant d'une thèse jusnaturaliste selon laquelle les hommes sont à l'origine libres et égaux, il en déduit l'institution et l'organisation du gouvernement. Dans cet extrait, le chapitre 12 du Second Traité, John Locke propose de résoudre la question de la modération du pouvoir.
[...] Cela étant, c'est par une séparation horizontale des pouvoirs, que Locke présente une solution opérationnelle à la modération du pouvoir. La distribution des pouvoirs du gouvernement Locke développe dans ce chapitre 12 l'idée de séparer les pouvoirs : en partageant la souveraineté entre plusieurs institutions (qui continuent à collaborer, il ne s'agit pas d'une séparation stricte), chacune sera limitée dans son exercice par le pouvoir des autres. C'est l'idée des freins et des équilibres (« checks and balances »), héritée de l'historien grec Polybe (200 av. [...]
[...] À travers ces deux considérations, Locke dégage l'institution de deux organes nécessairement distincts : l'un sera une assemblée qui se réunira en session et se séparera après avoir fixé des principes généraux régissant la société ; l'autre sera un organe permanent en charge de l'exécution matérielle et juridique de ces grands principes. Un Parlement et un gouvernement. Dans cette configuration, la dérive soit d'un pouvoir législatif s'ingérant dans les affaires courantes, soit d'un pouvoir exécutif établissant des principes généraux relevant du domaine de la loi semble exclue, du moins réduite. Surtout, l'argumentation de Locke portant sur les conditions pratiques temporelles et de juste puissance d'exercice de chacune des deux fonctions, l'institution de tels organes, séparés, constitue une solution pratique imparable. [...]
[...] De ce fait, si la délimitation des différents pouvoirs à séparer pour garantir une modération du pouvoir a évolué depuis Locke, la démarche pragmatique qu'il propose s'est perpétuée. La séparation des pouvoirs découlant de considérations pratiques La force de l'idée de séparation des pouvoirs pour modérer le gouvernement tient dans l'approche très pratique qu'en propose Locke lorsqu'il décrit ses modalités. La séparation du législatif et de l'exécutif se justifie pour Locke s'articule autour de deux considérations : une considération de puissance de la fonction ; et une considération de temps nécessaire à la fonction. [...]
[...] Les trois pouvoirs qu'il dégage sont encore aujourd'hui la classification la plus fréquemment appliquée. Cet immense travail de précision et de généralisation s'inscrit naturellement dans la lignée de Locke. De plus est apparue la notion de quatrième pouvoir pour désigner la presse et les médias, ayant une influence forte sur l'opinion publique. Le rôle des partis politiques ou encore celui des juges constitutionnels vient aussi redéfinir le paysage décrit par Locke. Néanmoins, ces nouveaux pouvoirs s'inscrivent dans un modèle de modération des autres pouvoirs en présence dans le système de gouvernement. [...]
[...] Pourtant, plusieurs mécanismes, et les nouveaux pouvoirs susmentionnés continuent à garantir une séparation, qui juridiquement n'est qu'atténuée (le principe de séparation a été prévu dans la Constitution conformément à la loi constitutionnelle du 3 juin 1958). Par exemple des garanties nouvelles existent : l'opposition a un pouvoir de contrôle ; également le Conseil constitutionnel. Le raisonnement de Locke reste donc toujours d'actualité, car les systèmes institutionnels, certes, se sont adaptés, mais ont perpétué l'idée de fonder l'attribution d'un pouvoir à un mode de fonctionnement pratique spécifique à l'organe, ce qui permettra de le contrebalancer par la nature différente des autres pouvoirs et organes. [...]
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