Jean Bodin, commentaire de texte, souveraineté, Machiavel, Rousseau, philosophie, pouvoir législatif, puissance absolue
Ce passage est consacré à la question de la souveraineté, concept dont Bodin se dit le premier théoricien : "il est ici besoin de former la définition de souveraineté, parce qu'il n'y a ni jurisconsulte, ni philosophe politique, qui l'ait définie". Le chapitre s'ouvre sur une première formulation de cette définition : "La souveraineté est la puissance absolue et perpétuelle d'une République". Autrement dit, comme Bodin le reformule plus loin, "la souveraineté n'est limitée ni en puissance, ni en charge, ni à certain temps". Il s'agit donc d'une puissance absolue dans son exercice comme dans sa durée.
[...] Bodin ajoute, raisonnant par l'absurde, que si la puissance absolue, octroyée au Lieutenant du Prince, s'appelait souveraineté, il pourrait en user envers son Prince, qui ne serait plus qu'un chiffre, et le sujet commanderait au seigneur, le serviteur au maître . Qualifier de souveraineté le pouvoir qui est alloué à un Lieutenant du Prince reviendrait donc à renverser l'ordre naturel, le sujet en venant à commander au seigneur, et le serviteur au maître. Bodin se place ici à l'échelle domestique pour illustrer, à plus grande échelle, sa conception du pouvoir royal. La relation entre sujet et seigneur correspond à un état de fait inaltérable, de même que la relation entre maître et serviteur, à l'échelle domestique. [...]
[...] Les six livres de la République, Jean Bodin Chapitre VIII : de la souveraineté La République des Athéniens de Xénophon ; La République d'Athènes d'Aristote ; La République de Platon ; La République de Cicéron . La tradition antique est semée d'ouvrages consacrés à la chose publique. Ces traités ne sont pas purement théoriques, mais ils visent également à orienter les hommes au pouvoir dans leur exercice de la souveraineté. Au XVIe siècle, l'ouvrage de Jean Bodin, qui porte également le nom de République, s'inscrit dans cette tradition. [...]
[...] Dès lors, il n'y aurait souveraineté qu'en l'état aristocratique et populaire, qui ne meurt point . Bodin soulève une objection de taille : si la souveraineté est nécessairement perpétuelle, alors elle ne peut pas être exercée par le Roi. Il y répond de façon un peu légère, en se contentant d'affirmer qu' il faut donc entendre ce mot perpétuel, pour la vie de celui qui a la puissance . On peut trouver une résolution plus satisfaisante chez Ernst Kantorowicz avec la théorie des deux corps du roi . [...]
[...] A cet égard, la justesse et la justice de ses décisions est un principe qu'il faut admettre a priori. La République définie dans ce chapitre ne peut donc être qu'une monarchie, où la souveraineté est détenue par un Prince, en collaboration avec des institutions qui lui sont subordonnés, et dans l'intérêt du peuple. Cette souveraineté du Roi s'inscrit dans un ordre naturel transcendant, faisant du Roi une extension de Dieu. Le chapitre se conclut ainsi sur ces mots : Car si la justice est la fin de la loi, la loi œuvre du Prince, le Prince est image de Dieu, il faut par même suite de raison que la loi du Prince soit faite au modèle de la loi de Dieu . [...]
[...] Je dis néanmoins que ceux-là n'ont pas la souveraineté, attendu qu'ils ne sont rien que dépositaires de la puissance qu'on leur a baillée à certain temps . Cette démonstration suggère que le peuple puisse confier le plein pouvoir à un individu tout en restant souverain. Il se rapproche à cet égard du scénario sur lequel s'appuieront des philosophes du contrat comme Hobbes, Locke ou Rousseau. Dans la mesure où le peuple ou le groupe aristocratique ne meurt jamais, il est susceptible d'exercer la souveraineté, en tant que pouvoir absolu et perpétuel. Ce n'est pas le cas de l'individu, nécessairement mortel. [...]
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